QOTSA. Josh Homme. Mark « Uptown Funk » Ronson. Tout était dit. Haters gonna hate. Avant même les premières notes du trailer du single, les aficionados du rouquin période Songs For The Deaf maudissaient ce mariage contre-nature, tandis que les médias respectés et respectables criaient déjà au génie. Depuis, vous avez très certainement tout lu à ce sujet et avez été sommés lors de vos dîners mondains de choisir votre camp au sujet de Villains : celui des conservateurs stoner (au risque de passer pour un pisse-froid) ou des néo-avant-gardistes branchouilles (au risque de passer pour un vendu). Alors quoi ?
Tout d’abord permettez-moi de me faire l’avocat du diable. Les fans « de la première heure » qui reprochent à Josh Homme son incursion dans la Pop (bouh, quel mot affreux !) n’ont rien compris au personnage. Il ne s’est jamais caché de vouloir faire de la musique dansante et, depuis Songs For The Deaf, il saupoudre régulièrement ses titres de gimmicks pop. Ses récentes collaborations avec des artistes comme UNKLE, Primal Scream, Peaches, son épouse Brody Dalle ou … Lady Gaga (produite par Mark Ronson, tiens donc !) sont encore là pour le prouver. Lui attribuer la couronne d’un mouvement musical qu’il a certes contribué à populariser, serait la meilleure façon de l’accabler.
D’une autre collaboration par contre, avec Iggy Pop cette fois, Josh Homme a donné naissance à l’un des plus beaux disques de rock de 2016 et accessoirement le meilleur testament de la prolifique carrière de l’Iguane. L’ombre bienfaisante de son pygmalion, David Bowie, autre génie et transformiste musical hantait ce disque. À la manière d’un Iggy répudiant sa mue de Godfather of Punk pour poser les bases de la Cold Wave avec le Thin White Duke lors de leur « Berlin Era », Josh Homme délaisse peu à peu le désert pour laisser place aux arrangements alambiqués, aux nappes de clavier froides et aux guitares trompeuses.
Ainsi, cette expérience aurait nourri la créativité des QOTSA et poussé à tout oser. Alors ça donne quoi ? Sur des rocks robotiques, façon « Robot Rock » de Daft Punk, le Ginger Elvis, de sa voix suave, roucoule mieux que jamais, colle des gimmicks pop à tout va, emprunte à Bowie (justement de sa Berlin Trilogy) tout en piochant dans sa fougue d’antan avec ses riffs tranchants et frénétiques. Le binôme Homme/Ronson fonctionne à plein tube. On frôle la réécriture d’un hit de l’été avec « The Way You used Do » et ses Handclaps à outrance. En cela le choix de Mark Ronson, pourrait s’avérer judicieux pour éviter que l’ensemble sonne kitch voire carrément indigeste.
Mais tout le disque n’est pas aussi révolutionnaire que l’on souhaite vous le vendre. Dans sa structure, Villains reste avant tout un album de QOTSA pur jus. Certains titres auraient toute leur place dans Era Vulgaris voire Lullabies to Paralyze (« Domesticated Animals », « The Evil Has Landed »). Ce n’est que dans sa forme qu’il varie, avec l’utilisation massive de synthé (« Un-Reborn Again »), d’un entremêlement de guitares à la fois aiguisées et épileptiques ou encore de multiples chœurs. Tout changer pour que rien ne change…
Malheureusement, l’édifice ressemble plus à un étalement de compétences multi-instrumentales qu’à un disque exaltant. La faute au traitement inhérent à la participation d’un producteur de ce type. C’est trop lisse : l’organique est mis de côté au profit d’un conditionnement synthétique aseptisant toute émotion. On ne s’ennuie pas réellement, ce n’est pas un mauvais disque en soi, et ce sont paradoxalement les turbines robotiques qui portent le disque, mais le feu n’y est pas.
Pari risqué diront certains. Aux yeux de la fanbase coincée en 2002, certainement. Pour l’audace et l’originalité, on reviendra. Mais de grâce, laissez l’homme s’exprimer. Avec un tel passionné de musique, nous aurons encore droit à quelques pépites intemporelles et on pourra, à nouveau, crier au renouveau du Rock.
ARTISTE : Queens Of The Stone Age
ALBUM : « Villains »
DATE DE SORTIE : 25 août 2017
LABEL : Matador Records
GENRE : Rock / Pop hommesque
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Last modified: 10 septembre 2017