YOUNGBLOOD SUPERCULT « The Great American Death Rattle » (DHU Records 2017)

Written by Chronique

Il faut reconnaître à cette vague de nouveaux groupes se revendiquant du Sabbath, la puissance évocatrice de leur musique, celle-ci faisant référence aux sacro-saintes seventies (bien plus d’ailleurs dans notre imaginaire que nombre de groupes officiant à l’époque). C’est d’autant plus déconcertant que la moyenne d’âge des membres des dits groupes ne dépasse généralement pas la trentaine ! Certainement parce qu’ils font appel à tout ce dont la pop culture nous abreuve en symboles d’une Amérique profonde et rurale : figée dans le temps, rouillée, poisseuse, remplie de gueules usées et que seul le souffle de la désolation vient animer. La carte postale d’une Amérique altérée par le prisme du ciné grindhouse et autres péloches bis et fauchées. Mais que cette représentation soit réelle ou virtuelle, dans le cas présent, YOUNGBLOOD SUPERCULT (YBSC) vous invitent à un authentique road trip midwestien empreint de spleen et dédié à cette Amérique perdue à jamais.

Et qui mieux que quatre gamins venus de Topeka, Kansas (au milieu de nulle part, tout au fond à droite) pour vous servir de guide musical ? Prenez place dans leur pick-up nourri à un Heavy Rock ancré dans les 70’s et bruni par une flamboyante fuzz : les rugissements de guitares intenses, les riffs audacieux et dynamiques vous donneront l’impression sous-jacente d’avaler des miles d’asphalte, sans brides (« Wormwood »). Sous-jacente seulement, car l’atmosphère principale qui se dégage de ce disque est une douce mélancolie, onirique, le quatuor délaissant (un peu) l’occulte de leur second album High Plains.

Pour cela, la voix de David Merill est un atout majeur. Bluesy, presque soul (ou plutôt blue-eyed soul), le chant est éloquent et poignant, puissant tout en restant précautionneux. Noyé dans une reverb aérienne, il en devient presque fantomal, toujours onirique (« Draugr »). Bailey Smith, stellaire, y répond avec brio par des solos psychédéliques, lorsque la section rythmique lui laisse quelques respirations (« Mr Gallows »), accentuant encore le bleu à l’âme de ce disque.

Il est là le coup de maître de YBSC : un brillant mélange d’accents à priori antagonistes, parvenant ainsi à forger leur propre identité musicale. Sur l’ardeur latente de leurs riffs, solos psyché et chant soul pleurent l’évocation d’un temps désormais révolu. Et comment ne pas y voir une charge politique, lorsque l’on s’attarde sur le titre et la sublime pochette de ce disque ? Grandeur d’une Amérique désormais à l’agonie, à l’image de cet étalon gangrené par une bannière étoilée en lambeaux, plantée dans sa chair. Dans le revival 70’s, il faudra désormais compter avec YoungBlood Supercult.

ARTISTE : Youngblood Supercult
ALBUM : « The Great American Death Rattle »
DATE DE SORTIE : 13 juin 2017
LABEL : DHU Records
GENRE : Heavy rock 70’s
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Last modified: 21 août 2017