Ce que je trouve le plus curieux avec le troisième et nouvel album de SUPERJOINT (ou Superjoint Ritual), c’est son titre. “Il peut avoir différents sens, comme aucun, même si les nouvelles technologies font partie des thèmes récurrents » nous révèle Philip H. Anselmo. Dans un sens, il n’a pas tort, surtout quand on voit à quel point l’informatisation et l’automatisation de la société tirent notre espèce vers le bas, plutôt que de lui permettre d’évoluer. On pourrait étendre la métaphore à l’album, qui au lieu d’évoquer le hardcore aux grooves toxiques de A Lethal Dose of American Hatred ou l’agressivité sludge punk de Use Once and Destroy, prend une tournure déroutante à base de mélange de genres (certes tous liés au metal extrême) qui ne se marient clairement plus aussi bien que sur les précédents albums…
Et ce récent changement de direction a bien sûr à voir avec « l’Anselmofication » de la section rythmique. Le batteur Jose Manuel Gonzales (Warbeast) et bassiste Stephen Taylor (Wovenhand, 16 Horsepower) forment à eux seuls une machine redoutable de vélocité aussi tendue que les slims spandex de Steel Panther, mais qui impose aussi des breaks rendant l’écoute presque douloureuse par moments. Ils font d’ailleurs partie d’un des nombreux autres side-projects de Phil Anselmo, The Illegals, combo somme toute extrême et survolté, qui n’a rien à voir avec cette bande de bras cassés sudistes autrefois connus sous le nom de SUPERJOINT RITUAL. Cette aura de je-m’en-foutisme aigu ne nous quitte pas alors qu’on traverse à toute berzingue des morceaux comme le pogoesque « Ruin You », le très punk « Rigging the Fight » ou encore le tourbillon à l’empreinte EHG Burning the Blanket ».
Mais parlons de Phil Anselmo. Alors oui, le leader de Down et ex-Pantera sonne plus agressif et menaçant que jamais, mais il ne faudra pas attendre une quelconque nuance ou once de chant dans sa voix rauque usée (on pense aux « Mouth for War » et autres « Stone the Crow »). Et si des paroles comme “Shit the bed!”, “Shit comes out of it!” ou encore “Yesterday’s fuck off, is tomorrow’s fuck you!” ne soient pas parmi les plus mémorables qu’il ait écrit, on ne doit pas oublier qu’on parle d’un album 100% hardcore, et non d’hymnes metal pour stades.
Au final, SUPERJOINT demeurent plus efficaces lorsqu’ils calment un peu le jeu, côté destruction sonore pure : « Sociopathic Herd Delusion » et son sludge sudiste vous prendront aux tripes avec son refrain de tueur, « Circling the Drain » est aussi gras qu’un morceau de Down enveloppé dans un grosse tranche de bacon labellisée EHG, et « Asshole » montre la symbiose qui peut exister entre ces cinq zikos de choix, lorsque leur potentiel est pleinement exploité. But it’s closer « Receiving No Answer to the Knock »s intermingling of riff-soaked, chugging metal with a bleak lyrical hopelessness that steals away with the album’s shining moment of glory.
Au-delà des apparences, Caught Up in the Gears of Application est un putain de bon album, mais il y a encore trop d’éléments qui s’entrechoquent pour en faire un tout cohérent, et nous permettre de rentrer dedans. Ce swing nonchalant que l’on trouvait sur les précédents opus de SUPERJOINT (Ritual) n’est plus, et a été remplacé par une grandiloquence hardcore qui au final, même si elle sonne authentique de par le passif de ses musiciens, en touche une sans vraiment faire bouger l’autre.
ARTISTE : Superjoint
ALBUM : « Caught Up in the Gears of Application »
SORTI LE : November 11th, 2016
LABEL : Housecore Records
GENRE : Hardcore metal / Powerviolence
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Last modified: 23 novembre 2016