Ceux qui avaient eu la bonne idée de se trouver à la Mécanique Ondulatoire en mars dernier le savaient déjà. La parution récente de leur « Live in Brussels » avait vendu la mèche à tous les autres : ALL THEM WITCHES est un excellent groupe live. Pas étonnant, quand on connait les dispositions du quatuor de Nashville pour les jams fiévreux, mais aussi les conditions d’enregistrement de leurs albums : du live, très peu d’overdubs. On en a eu confirmation lundi soir dernier, à la Maroquinerie. (PHOTOS : Sylvain Golvet // TEXTE : Sylvain & Katzenjammer)
Bien sûr, quand on vient de Nashville, LA Mecque de la country et un des haut-lieux du rock en général (Jack White y a ses habitudes), pas étonnant qu’on transpire la musique par tous ses pores. C’est l’avantage de naître dans une ville à la culture musicale si riche : pas besoin de se forcer pour mêler folk, blues, country, et du bon vieux rock’n’roll. Encore faut-il parvenir à embarquer dans cet univers un public parisien qui n’a jamais mis les pieds au Tennessee. Il s’agit donc, ce soir, d’un vrai concert test sur la route d’un succès probable et grandissant.
Leurs bons copains de THE GREAT MACHINE en première partie, semblent pour leur part n’avoir rien à prouver à personne. Déjà, en termes de look, ça ne ressemble pas à grand-chose : entre un punk à chien à la guitare et un simili Weird Al Yankovic à la basse, on a vu plus cohérent. Niveau musical, c’est assez foufou aussi. Je découvre en arrivant les deux compères s’échanger des riffs en « stop and start », leurs visages quasiment collés à ceux du public. Vivifiant ! La suite reste dans un registre chaotique, mélangeant les ruades punk évoquant les tarés de McLusky à des high/low façon Pixies sous stéroïdes. Ça se cherche un peu sur le style évidemment, comme sur album, mais la furie scénique nous fait malgré tout passer un moment assez sympathique.
Accueilli chaleureusement par le public, ALL THEM WITCHES semble arriver en terrain conquis. Sans en faire trop, entre décontraction et concentration, les quatre amis démarrent crescendo un concert qui sera à leur image : charismatique et cool. La setlist puise largement dans leurs deux derniers opus, exécutés avec talent, et agrémentés de quelques ornements mélodiques supplémentaires à la guitare ou au clavier. Mais surtout avec un son chaud, puissant et enveloppant, qui transporte la Maroquinerie dans un tripot du Tennessee.
Le style d’ALL THEM WITCHES se déploie peu à peu, dans des morceaux assez proches en terme de tonalité et de rythmiques, à l’image de l’enchainement « Open Passageways » / « Talisman » qui met le public dans le bain. Ce dernier se laisse facilement emporter dans des morceaux travaillés autour de l’ambiance et de la texture, plutôt que sur des constructions classiques. Mais la base blues est toujours là, permettant à chacun de se raccrocher à une référence sonique commune.
L’envoûtement se produit à force d’efforts harmoniques, très appréciables dans une scène stoner qui peut rester très monolithique dans ses riffs. La mélodie est une obsession pour ALL THEM WITCHES, comme elle a pu l’être pour le Miles Davis de Kind of Blue par exemple. Grâce notamment à un clavier omniprésent mais toujours à propos, le groupe peut se faire tendre et mélancolique, puis grave ou agressif. Le groupe s’autorise aussi à aller piocher dans un univers folk, avec des arrangements électriques sur base de guitare acoustique. On défie quiconque de ne pas choper quelques petits frissons sur le pont de « Talisman »… La bonne surprise du soir, c’est la présence d’un nouveau morceau, en éclaireur du nouvel album annoncé pour mars 2017. S’il n’augure pas de radical changement de direction musical, il apporte une confirmation bienvenue : la source d’inspiration d’ALL THEM WITCHES n’est pas tarie. À bientôt, donc – on y sera !
Last modified: 7 mars 2017