DRORE est un tout nouveau groupe originaire d’Oxford au Royaume-Uni. Ils ont sorti une cassette (vous avez bien entendu). Enfin, ils avaient sorti une cassette : elles sont parties comme des petits pains, car cette vase sonore aussi crasseuse que corrosive plait grandement aux masos comme vous et moi. Heureusement, l’album est aussi téléchargeable. Drore compte dans ses rangs Taz et Olly d’Undersmile, ainsi que des membres de Crippled Black Phoenix et Girl Power. Sont-ils donc les jumeaux maléfiques d’Undersmile ? Réponse.
Drore ne sont pas contents. Sereins, dynamiques, sûrs d’eux, oui, mais aussi foutument en colère. Après avoir démarré les hostilités sur un bruit de chasse d’eau, le larsen de la gratte vous pénètre instantanément, et vous agrippe par la colonne vertébrale avant même que vous ayez eu le temps de réagir. La grandiloquence tordue et troublante du très hardcore et noisy « Skinjob » donne le ton pour ce quatre titres compact et musclé, comme un condensé des plus bas instincts de Monarch!, Oathbreaker, L7, Torpor et Sonic Youth, que l’on aurait laissé vieillir dans un tonneau, puis descendu cul sec. Les influences vont et viennent, changeant constamment de direction à mesure que l’EP progresse. Des refrains noisy de « Fukbags » aux délires psychotiques du très fuzz punk « Hippy Crack », Drore demeurent déterminés, puissants et complètement déments tout du long.
Taz est une chanteuse saisissante, passant en un instant de murmures ambigus aux hurlements dignes d’une sirène enragée, comme sur le titre « Fukbags ». Cette façon qu’elle a d’atteindre certaines gammes vocales, cela ajoute une touche de calme presque dérangeante dans tout ce chaos sonore qui prend forme devant elle et ses estimés collègues. Un example encore plus criant : le très sludgy et psyché « Greys », qui s’ouvre sur un champ désolé de fureur dangereusement blackisante. Avec les va-et-vient de Taz entre gémissements suffocants qui donneraient presque le tournis et riffs hardcore aussi tendus qu’assourdissants, vous ne savez jamais quand vous reviendrez de ce trauma sans fin.
Donc, en résumé ? Est-ce que je dois acheter cet album ? Pour commencer, ce mélange étrange de rage grunge et de doom fuzz punk est dispo pour seulement 2€ et des brouettes sur leur Bandcamp. Pas cher. Donc pour répondre à ma question par une autre question : que peut-il se passer dans le pire des cas ? Réponse simple : vous serez aspiré dans un univers fait de mille miroirs brisés, tranché au flanc par leur riffs douloureux, battu par vingt minutes de démence, de rythmiques complètement détraquées, sonné par le chant hypnotique de Taz jusqu’à ce que vous ne sachiez plus vraiment de quel côté de la barrière se trouve votre esprit.
Ça vous plaît, hein ? Je m’en doutais.
ARTISTE : Drore
ALBUM : « Tapeone »
DATE DE SORTIE : 19 Août 2016
LABEL : Rad Nauseam Records / Lonely Linda Records
GENRE : Grungy noisy heavy doom
PLUS D’INFOS : Facebook / Bandcamp
Last modified: 12 octobre 2016