DESERTFEST LONDON 2015 Report – Vendredi 24 Avril

Written by Live

Retour en détails sur la quatrième édition (déjà !) du DESERTFEST LONDON ! Avec un lineup aussi épais que varié et une ambiance toujours autant à la cool, la team THC a eu de quoi découvrir, se régaler, et même être parfois surprise lors de ces trois jours de doom psychédélie et rock’n’roll au coeur de Camden. Entre la moiteur de l’Underworld et la grandeur du Ballroom : une première journée qui démarre sur les chapeaux de roue avec Orange Goblin, The Atomic Bitchwax, Floor, Dopethrone and many more… (TEXTE : Thib – PHOTOS : Gaël Mathieu)

JEUDI 23 AVRIL : WARM UP TIME !

L’arrivée à Camden Town, ce fameux quartier londonien réputé pour être une Mecque des cultures alternatives, est en soi un petit choc qui contribue à dépayser le visiteur : Camden est un musée, dans le mauvais sens du terme, c’est à dire un truc rempli de touristes qui lèchent des glaces en se baladant mollement d’une boutique de souvenirs remplie de t-shirts « Keep calm and… » à un salon de tatouage ultra cheapos. Tout y pue l’attrape-pigeon, la misère crasse et la junk food. Un contexte étrange, en décalage complet avec la passion sincère et la communauté qui animent la conduite du DESERTFEST LONDON. Un décalage qu’on pardonnera rapidement étant donné la profusion de clubs très cools dans ces rues, une configuration très pratique et originale qui nous fera passer de salle en salle pour profiter de shows indoor qui s’enchaînent dans des conditions idéales. Le Roadburn sans le côté « on-t’a-enfermé-pour-que-tu-claques-tout-ton-blé », la Valley du Hellfest sans le côté « salut-il-est-dix-heures-les-chiottes-débordent-et-on-te-réveille-avec-du-brutal-death », m’voyez.

Premier réflexe : bière ! On pousse nos valises de Ryanairiens jusqu’au QG du fest, le Black Heart, rade au rez-de-chaussée, petite salle de concert à l’étage, et temple des afters du Desertfest. Moyennant une somme obscène, on se cale une pinte à la main devant le set des Anglais STUBB pour un warm-up assez cool, mêlant sans prise de tête tout un panel d’influences « fuzz » dans des titres sans prétention. Le trio verse dans le rock lourd et chaud un peu bâtard, entre la force martiale d’un Kyuss et les digressions de grattes psyché et chevaleresques propres au revival blacksabbathien qui domine aujourd’hui tout un pan des musiques que nous chérissons. Un pari artistique pas vraiment risqué pour STUBB, qui s’en tire bien mais sans nous laisser de souvenir impérissable. Le taf est fait, le ton des prochains jours est posé, et la fête commence dans l’atmosphère moite et vibrante du Black Heart !

VENDREDI 24 AVRIL 2015 : LET THE GAME BEGIN !

WALK THROUGH FIRE @ ELECTRIC BALLROOM

Premier concert officiel du festival et premier écart stylistique : c’est en terres post-métal et sludge que les Suédois de WALK THROUGH FIRE nous entraînent le temps d’un set… somme toute assez chiant. Le concert, pas super attendu par les festivaliers, aura le mérite de nous faire découvrir l’Underworld sans trop de monde pour nous barrer la route. Au bout d’un méandre de bars et couloirs, l’Underworld dévoile au plus profond de ses entrailles un club très cool d’une capacité de 500 dudes environs. Claustrophobes s’abstenir.

Dirge et Amenra sont les noms qui nous viennent en premier à l’écoute de WALK THROUGH FIRE, comme une version primitive des premiers et dépourvue de la vision des seconds. Lourd comme l’enfer, dépouillé et glauque, leur metal se contente trop souvent d’aligner les riffs en coups de boutoir dans chercher à développer une seconde une quelconque tension ou variation d’atmosphère. Le groupe bûche tout droit en se planquant paresseusement derrière un son massif, ce qui ne manque pas d’ennuyer la fosse, qui se dégraisse à vue d’œil. L’espace d’un instant, des dissonances nauséeuses montent dans un bain de basses fréquences sales qui frottent douloureusement à l’oreille, on se dit que ça y’est, le set va décoller et nous plonger dans des visions horrifiques et morbides, mais non : tout retombe, c’était un accident.

DOPETHRONE @ THE UNDERWORLD

L’inverse exact se produit du show jouissif de DOPETHRONE, pour le coup très attendus. La salle est blindée dès le soundcheck, et la température monte de plusieurs crans pour accueillir nos chouchous québécois, notamment grâce à un premier rang constitué en bonne partie du fanclub français du groupe. Lourd headbang et moshpit agité donc, sur le riff conquérant de « Tap Runner » qui met d’entrée de jeu la fosse dans la poche du groupe. YEAHAAAH !

Avec un album de la trempe de Hochelaga sous le bras (une des bombasses de l’année), DOPETHRONE assurent un show au poil avec un Vince (chant/gratte) pas au top de sa forme – le groupe débarque tout juste de Strasbourg et doit partir immédiatement après le show pour Berlin – mais qui rend honneur à la réputation du trio. Mimiques hallucinées, les yeux fous plantés dans le regard du public, le chanteur sautille et vocifère de sa voix de goule sur des titres au groove poisseux à l’extrême. Le riffing est des plus simples, la formule relève du déjà-vu, mais l’alchimie, elle, est unique, et s’exprime parfaitement sur des « tubes » tels que « Riff Dealer » au feeling bluesy du bayou. Le set balance d’ailleurs entre ces instants de lourdeur sale et des morceaux au tempo plus enlevé, pour déchaîner les happy doomsters que nous sommes. Aucune longueur malgré la répétitivité des morceaux, c’est là tout le talent de DOPETHRONE et la clef de la réussite de ce concert chargé en kiffance et en sueur.

FLOOR @ ELECTRIC BALLROOM

Equation : (Torche – le fun – l’inspiration) = FLOOR. Ressuscité une énième fois pour récolter les supposés lauriers de son succès d’estime post-mortem, FLOOR lancent les hostilités à l’Electric Ballroom, belle salle de 1200 personnes à la sonorisation aléatoire dans sa qualité. La bande à Steve Brooks (Torche) entame son set devant un parterre fourni mais un peu dubitatif face à ce proto-Torche sans basse et dépareillé. Steve Brooks porte le show à côté d’un Anthony Vialon invisible, statique et anti-charismatique au possible. Derrière eux, le batteur Henry Wilson, dernier sosie vivant de Pierpoljak, donne décemment la réplique à Steve avec un jeu massif et très expressif dans la gestuelle. Difficile d’apprécier ce show mid-tempo et mid-motivation, duquel la lourdeur torchienne affleure de temps en temps pour sauver les meubles. Force est d’admettre que sans leur accordage à six pieds sous terre et le chant caractéristique de Steve, il ne resterait pas grand chose de cet empilement de riffs dépassionnés dont l’intérêt, autre qu’historique dans la genèse de Torche, nous échappe complètement.

THE ATOMIC BITCHWAX @ ELECTRIC BALLROOM

Après le set pâlichon de Floor, THE ATOMIC BITCHWAX cassent la baraque avec un show à l’opposé de celui des Floridiens : fun, virtuose, varié… WOW ! On retrouve chez les Américains la même pulsation électrisante qu’Earthless, cet espèce de flot continu qui s’empare de votre esprit et votre corps et vous scotche un sourire bête aux lèvres. THE ATOMIC BITCHWAX est grand, et torche un set magistral avec le smile du début à la fin et un son d’enfer mettant à l’honneur le riffing luxuriant de ce trio venu tout droit de l’Amérique fantasmée des stoneheads : sable chaud, cadillac et LSD.

Je n’attendais pas grand chose de ce groupe ultra classique dans la forme, et qui fait partie des passages obligés du style quand on s’intéresse au rock qui fume trop. C’est donc de toute sa force que la claque s’abat sur ma face ignare, et le kif est GRAND !

Le set présente bien sûr quelques titres du dernier LP Gravitron tout juste sorti chez Tee Pee, mais c’est surtout le premier album du groupe qui se voit représenté dans la setlist avec un tiers de celle-ci qui lui est consacré. Au rayon des gourmandises, une reprise des Pink Floyd : « One Of These Days » (que le batteur Bob Pantella interprète avec un masque de cochon sur la tronche), seul et unique répit de cette heure survitaminée en forme de ce toboggan aux mille loopings dont vous rêviez quand vous étiez gosse. THE ATOMIC BITCHWAX est une furieuse machine à tubes ultra speed, et pourtant jouée tout en décontraction par un trio qui affiche un plaisir manifeste d’être là.

Gravitron se défend plutôt pas mal avec notamment un « It’s Alright » énorme, et un « Coming In Hot » dont le final hystérique est à classer dans votre album Panini des plans les plus classes du stoner à côté de « Giant » du même groupe. Tu veux du riff ? Il y en a plus dans un titre de TAB que dans tout le sets de Floor. Plus de quinze ans au compteur pour TAB, et quelle fraîcheur ! Trois dudes simples qui n’ont pas besoin d’en faire beaucoup pour claquer un set d’enfer, un peu à l’image de la prestation dévastatrice de Karma To Burn deux jours plus tard au Koko… LIKE. A. BOSS.

ORANGE GOBLIN @ ELECTRIC BALLROOM

Triomphe suivant, s’il vous plaît ! Le Ballroom est plein à craquer et conquis d’avance pour la bande à Ben Ward, qui joue à domicile. ORANGE GOBLIN bénéficient d’un public chaud bouillant et d’un son clair et puissant pour célébrer leurs vingt ans de carrière avec au programme The Big Black, leur troisième album joué ce soir dans son intégralité. Assez insensible au heavy un peu trop burné des Anglais, je ne pourrais pas vous en dire énormément, juste que le colossal Ben Ward domine ce show de manière impériale ; il lui suffit d’ouvrir les bras pour couvrir la moitié de la grande scène de l’Electric Ballroom de son envergure musculeuse. Son charisme fait 80% du truc, c’est assez fou. Le set est sans surprise : un enchaînement de morceaux bien fat, au groove à la fois viril et lascif, un peu comme une couverture de Têtu. Pour pallier l’absence du second guitariste Pete O’Malley, avec qui le groupe avait composé le disque emblématique qu’il joue ce soir, ORANGE GOBLIN a invité sur scène son tourman et guitar tech de longue date Neil Kingsbury, juste pour l’occasion. Autant dire que les Anglais font les choses bien.

Et c’est pas fini ! Une fois The Big Black achevé, le show ne s’arrête pas là, OG enchaînent avec une poignée de titres dont « Beginner’s Guide To Suicide », jamais joué en live auparavant. Un gros-fat-big-gras blues dégoulinant de graisse avec deux autres guests : Jonny Halifax de Jonny Halifax & the Howling Truth à l’harmonica et Harry Armstrong (The Earls Of Mars) à l’orgue hammond. C’est la teuf sur scène, une grosse ambiance de jam enfumée très bien résumée par le slogan du t-shirt vendu au merch : « 20 years of Booze, Bongs, Birds, Bikes, Boobs ». Le show s’achève sur « Red Tide Rising », après lequel Ben Ward donne rendez-vous au public en décembre pour une tournée complète « 20th anniversary ». Bien noté Ben !

GONGA @ THE BLACK HEART

Avec GONGA, on achève cette première journée dans le cadre plus serré et festif du Black Heart et en revenant aux fondamentaux du genre qui nous lie tous : la disto, la weed, la lourdance extrême. Les Londoniens creusent leur voie entre le Wizard et Kyuss, du très classique à priori, en formation trio instrumental visiblement un peu défoncé en arrivant sur scène. L’originalité du truc tient dans les rôles au sein du groupe : à la batterie, le soin de varier les plaisirs avec un drumkit minimaliste mais une créativité qui force le respect; à la basse, la tâche de faire baigner ce gigantesque jam dans un bain d’effets psyché; et une guitare qui, elle, reste en arrière alors qu’elle tient habituellement le rôle d’instrument lead. Bien vu ! Bon, sur la longueur, le côté jam est un brin saoûlant, surtout après une journée à 110 db comme celle-là, mais le trip de GONGA mériterait qu’on s’y intéresse… Plus tard… Genre après une bonne nuit de sommeil…

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Last modified: 11 juillet 2015