MONOLORD + SALEM’S POT @ Heretic Club (Bordeaux, 27.02.15)

Written by Live

Agent infiltré depuis la création des soirées Make It Sabbathy à Bordeaux, c’est la colonne vertébrale encore vibrante que je vous offre ce report du show monumental des suédois MONOLORD et SALEM’S POT (aka « nous sommes le mur du Doom, bonsoir »), tous deux signés sur le label Riding Easy Records. La cave de l’Heretic a une fois de plus failli s’écrouler en ce vendredi 27 février, et comme on l’espérait, ce fut une droite-gauche-crochet dans nos faces que cette 15ème MAKE IT SABBATHY… H.E.A.V.Y. (Photos : Sandra Basso)

Infiltrée donc, puisque c’est votre humble serviteuse qui accueillait les deux groupes suédois en ce premier après-midi ensoleillé de l’année. Après une longue mission laverie pour les deux groupes (les Suédois sont des gens propres et bien élevés, sachez-le) et des balances vrombissantes, je retrouve le trio Monolord pour une interview très instructive – à lire ici. À 21h tapantes, les fans de heavy bordelais débarquent en masse à l’Heretic, et la soirée débute avec une découverte Make It Sabbathy : les rouennais GREYFELL, dont je n’ai malheureusement vu que la toute fin de set, car en train de gérer la billetterie avec le staff de la salle. Ce trio a visiblement fait impression, vu les réactions à chaud que j’ai pu choper à droite et à gauche.

Vingt minutes plus tard, au diable l’accoutrement de braqueurs, c’est avec des masques vénitien que les mystérieux SALEM’S POT montent sur la minuscule scène de l’Heretic. Les mecs avaient prévu de créer une ambiance intimiste avec des bougies et tout le tralala, mais quand ils ont vu que le matos occupait déjà 80% de l’espace scènique, ils ont renoncé en rigolant : « we don’t want to burn Bordeaux down already… we want to come back here!« . Oui, nous non plus. Enfin, nous aussi. Bref. Dans la pénombre, l’assistance est électrique, pressée de voir ENFIN ces déglingos du riff sortis de nulle part en 2014 avec un album doom psyché de malade mental (chronique à lire ici). Et il faut le dire, ça commence très fort…

J’ai beau avoir écouté leur album « …lurar ut dig på prärien » en boucle l’année dernière, ce soir j’ai été saisie par la teneur carrément hard rock 70’s de leur musique en live. Deuxième chose qui m’a mis une claque : ce groupe est putain de BOOGIE quand il s’y met. Et ça, mes amis, lorsque vous assistez à une soirée « monument du doom » comme celle-là, eh bien ça met une joie inespérée dans vos coeurs, une allégresse qui vous fait arborer un sourire relativement niais jusqu’au tout dernier riff de la soirée (oui, même pendant Monolord). On se délecte donc de moments doom mystiques sur fond de projections de vidéos vintage, alternés avec des montées en puissance heavy rock qui forcent le déhanché… Les hippies scandinaves n’épargnent personne : les riffs sont saignants mais groovy à souhait, et le public de l’Heretic de rugir de plaisir entre les morceaux, et d’ovationner le groupe à la fin du set. Un rappel n’aurait pas été du luxe, tiens !

Place maintenant aux Lords. Aux seigneurs du doom moderne. Aux mecs qui ont mis à l’amende les fans de fuzz du monde entier avec leur premier album sorti chez Riding Easy Records l’année dernière (et chroniqué ici, comme la vie est bien faite !). C’est dans un Heretic rempli que MONOLORD font donc leur entrée. Perso, ça fait dix minutes que je suis plantée pile devant la scène pour pouvoir capter la tant attendue performance, et j’avoue que peu importe le morceau que le groupe aurait choisi pour lancer les hostilités, l’effet aurait été le même : PUTAIN D’ÉCRASANT. Comme si la Terre s’arrêtait de tourner, et que seuls les fans de Monolord survivaient, célébrant le Fuzz dans une grande fête païenne faite de riffs sauvages et de battements déchainés.

Et même si le groupe possède un mur d’amplis et des pedal boards de la taille de la scène, c’est surtout la maîtrise et la présence des trois musiciens (complètement possédés) qui grise la foule. Quand tu vois les gars de Monolord sur scène, t’as juste envie de dire « RESPECT ». En parlant de respect, l’ambiance est limite religieuse face au mur du son suédois, les sens sont en éveil et les calumets de la paix sont allumés depuis un moment déjà. Et même lorsque leur frontman Thomas Jäger descend dans la fosse pour frapper du riff, le Bordelais est pris de court, comme engourdi par le son. Et scotché par l’énergie explosive et le fingerpicking impeccable de leur imposant bassiste Mika Häkki. Une brillante reprise de « Fairies Wear Boots » plus tard, le groupe clôt son set sur son morceau phare, qui dévaste tout sur son passage : « Empress Rising ». Monolord nous laissent assourdis, assommés, et avec un sentiment d’être privilégiés d’avoir vu un groupe aussi talentueux à l’oeuvre ce soir. Aucun doute : en 2015, le doom se porte à merveille.

SETLIST :
Audhumbla
Icon
Harbinger Of Death
Cursing The One
We Will Burn
Fairies Wear Boots
Empress Rising

Last modified: 13 avril 2015