S’il y a bien une chose dont ce monde n’aura jamais assez, c’est de pur bon gros rock’n’roll. En 2013, Clutch brandissait haut et fier l’étendard d’un rock viril gorgé de groove et de riffs entêtants avec son fantastique « Earth Rocker ». Il y a fort à parier qu’en 2014, la relève sera prise par MOS GENERATOR et leur tout nouvel album « Electric Mountain Majesty ». L’Amérique Rock en passe de redorer ses lettres de noblesse ? Hell yeah.
ARTISTE : Mos Generator
ALBUM : « Electric Mountain Majesty »
DATE DE SORTIE : 15 avril 2014
LABEL : Listenable Records
GENRE : Heavy rock’n’roll
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Et s’il y a bien une chose dont on ne manquera jamais dans ce monde, c’est de groupes de rock. Ça bourgeonne quotidiennement, ça pullule, même. Mais quand vient l’heure de faire les comptes, peu nombreux sont les candidats qui atteignent l’excellence. Formé il y a 13 ans à Port Orchard dans l’état de Washington par les trois zikos (hyperactifs) Tony Reed, Shawn Johnson et Scooter Haslip MOS GENERATOR est de ces groupes au parcours musical remarquable (cinq albums, des EP et splits en pagailles, du live, du live et encore du live, et trois membres dont on ne compte plus les projets parallèles), mais qui ne bénéficient d’une réelle reconnaissance uniquement dans le milieu underground. Avec une grosse tournée européenne en compagnie de Saint Vitus l’année dernière, et une récente signature sur le très pointu label Listenable Records, il y a fort à espérer que le groupe va enfin pouvoir amorcer un décollage… digne de cette pépite d’album que je tiens entre les mains.
Écouter « Electric Mountain Majesty », c’est un peu comme boire une bonne pinte de trappiste après avoir passé tout l’été à enquiller de la Kro coupée à l’eau dans les festoches : d’abord il y a ce goût authentique et corsé qui vous saisit, et puis il y a cette sensation jouissive de rareté, lorsqu’on prend conscience qu’on fait partie d’un « happy few » qui connaît les vraies bonnes choses de la vie. À peine l’album est-il posé sur votre platine qu’une décharge électrique vous frappe : le galopant « Beyond The Whip » est si rock’n’roll, que la sélection naturelle se fait d’office. Les fake rock’n’rollers se voient éjectés du wagon par une débauche de puissance brute et de riffs déments, de grooves massue et de rugissements enflammés. L’incroyable osmose qui porte ces trois zikos, la solidité à tous niveaux, les solos de guitar hero et le chant brûlant du riffmaster Tony Reed : tout ça crée un effet « secousse sismique » redoutable auquel on adhère en deux-deux, forcément.
Mais puissance et démence ne sont pas tout le temps au menu, la preuve avec « Nothing Left But Night », un mid-tempo aux solos de guitares brillants qui transpire l’ambiance sulfureuse d’un strip-club pour bikers. Entre tempos mammouth assommés de superpositions de guitares à s’en farcir tous les orifices (« Neon Nightmare », « Spectres »), et montées d’adrénaline en série (« Breaker », « Electric Mountain Majesty »), le groupe allie toujours brillamment hard rock mélodique et influences plus lourdes à la Vitus. De la lourdeur, on en prend justement plein la tronche avec l’exquis « Black Magic Mirror », qui ne fait qu’un avec le morceau d’outro « Heavy Ritual » (véritable bombe atomique hard rock). À cela, on ajoute une production de très haut niveau (la puissance et la rondeur du son « made in Tony Reed »), et on obtient un album de rock authentique et intemporel, à ranger direct dans la catégorie « all time favourites » de votre discothèque.
Il y a quelque chose qui fait de MOS GENERATOR un groupe à part dans la grande famille du heavy rock « burné ». Habituellement avec ce genre de musique, on se dit « ouuuaaah, c’est cool, c’est gras, qu’est-ce qu’ils sont forts, qu’est-ce qu’ils savent bien utiliser la Big Muff dis donc ! ». La musique de MOS GENERATOR, elle, dégage naturellement quelque chose d’incroyablement viril et intense. Concrètement, je n’ai pas ressenti une telle chaleur riffique et humaine depuis le « Deliverance » de Corrosion Of Conformity. D’ailleurs, si l’on devait situer le groupe musicalement, ce serait pile à mi-chemin entre l’énergie bluesy de Clutch et le rock plus doomy de COC, dans un pur esprit « we don’t give a fuck, let’s just jam on some good heavy riffs ». Vous palpez mieux le taux de testostérone ambiant, maintenant ? Pas une seconde je me suis lassée d’écouter cet album, plus d’une fois j’ai rappuyé sur « play » à la fin du dernier morceau, on bouge la tête, on prend son pied, bref : « Electric Mountain Majesty » comptera clairement parmi les plus belles sorties rock de cette année 2014.
Last modified: 1 mai 2014