Si vous avez déjà eu la chance de voir RADIO MOSCOW en live, alors vous savez que le trio de San Diego est la relève incontestée des icônes du blues psychédélique des 60’s, avec un twist résolument heavy qui fait headbanguer les masses de stoneheads du monde entier. Les voir en live, c’est vivre l’expérience de quelque chose que l’on croyait difficile à raviver. À l’origine de cette formule « heavydelic », Parker Griggs, jeune multi-instrumentiste surdoué et plus particulièrement réputé pour son feeling hendrixien à la gratte. Autour de lui, pas moins de huit musiciens se sont succédés à la section rythmique, mais la formule reste incroyablement divine, car portée par le groove et les qualités de jammers de ses protagonistes. Signés sur Alive Naturalsound Records, le label de Dan Auerbach (qui a entièrement produit le premier album éponyme du groupe), RADIO MOSCOW sont en train de préparer leur quatrième album et une tournée pour le printemps. J’ai pu m’entretenir avec Parker Griggs, Paul Marrone ainsi que le tout nouveau bassiste Anthony Meier, peu de temps avant leur grisante performance au Up In Smoke Festival en Suisse. L’heure tardive de l’interview combinée à une journée intense de concert m’ayant quelque peu fait perdre le fil de mes idées (égarement qui les a au final pas mal fait marrer), c’est à un question-réponse des plus élémentaires que le groupe s’est prêté… avec le sourire, donc.
Est-ce que vous pourriez nous éclairer un peu sur vos parcours individuels en tant que musiciens ?
Parker (guitare & chant): J’ai commencé la musique dans une fanfare à l’école quand j’avais 10 ans, puis la guitare à peu près au même moment. Mon premier amour, c’est le grunge. J’ai joué dans un groupe au collège, puis j’ai été batteur dans un groupe de punk hardcore, mais ça m’a vite saoûlé parce que c’est pas le genre de musique qui te motive en tant que musicien. De là, je suis rentré dans les musiques psychédéliques, le blues, tout ça… J’ai démarré Radio Moscow comme un projet solo à l’âge de 18 ans.
Paul (batterie): J’ai grandi en jouant de la musique avec mes frères, pour le reste c’est un peu la même chose que pour Parker. J’ai testé différents styles comme le punk et le ska, puis je suis tombé dans le rock psyché, plus le heavy psyché par contre… Et maintenant, me voilà. (rires)
Anthony (basse): J’ai commencé la guitare quand j’étais ado, ce qui m’a amené à pas mal jammer avec des potes. Et puis j’ai réalisé que je voulais plus me concentrer sur la basse, mais ouais, j’ai beaucoup pratiqué avant de monter un groupe. On m’a proposé de rejoindre Radio Moscow juste avant cette tournée.
Cette question est pour toi, Parker. Tu m’as dit que tu étais à fond dans le grunge quand tu étais plus jeune, et que d’un coup, tu t’es mis au rock psyché. Comment s’est produit ce revirement soudain ?
Parker: Je me suis mis à vouloir découvrir de nouveaux genres de musique. J’étais à fond dans le punk, et lorsque j’ai découvert le punk 60’s et le krautrock, je suis devenue obsédé par ça et tout ce qui est psychédélique. Mon père m’a fait découvrir des artistes blues britanniques comme Peter Green, Fleetwood Mack, Jeff Beck… J’ai adoré cette musique, et c’est ce qui influence ce qu’on fait aujourd’hui.
Entendons-nous bien, Radio Moscow n’est pas vraiment ce qu’on peut appeler un groupe de stoner rock. Pourtant, vous êtes souvent assimilés à cette scène, vous jouez également à pas mal de festivals du genre, comme ce soir. Est-ce que vous vous en sentez un minimum proches malgré tout ?
Parker: Je ne crois pas qu’on rentre vraiment dans le cadre, on a plus de choses en commun avec une scène plus à l’ancienne. Et même si on ne rentre pas vraiment non plus là-dedans, on en fait notre propre interprétation. On est trop heavy pour la nouvelle scène psyché, mais on n’est pas stoner pour autant.
Paul: J’ai souvent entendu les gens dire qu’on était stoner rock… Mais on ne l’est pas du tout. On fume de l’herbe (rires), mais on joue trop vite. J’aime bien l’appellation « heavy blues psychédélique », ouais j’aime bien ça.
Il y a un pan de la scène rock suédoise qui est pas mal tourné vers le coté vraiment rétro du rock, comme vous l’êtes. Ça vous parle ?
Paul: Je crois qu’on est même différents de ces groupes là. À la limite, on se rapproche plus de la scène folk suédoise.
Parker, on t’as beaucoup comparé à Jimi Hendrix, parce que tu joues de la guitare comme personne. J’avoue que j’ai moi-même du mal à trouver un musicien de ta génération qui soit aussi doué… Ça y’est, j’ai perdu ma question ! Bon, dis moi juste ce que ça te fait.
Parker: (rires) Je ne sais pas, on fait ce qu’on aime. C’est cool d’être comparés à des personnes qu’on admire et qui nous inspirent.
En parlant de ça, quels sont justement les musiciens ou groupes qui vous inspirent ?
Parker: Peter Green m’a changé en tant que guitariste. Quand j’ai entendu ce mec jouer, j’ai décidé que je voulais devenir aussi bon que possible, je voulais sonner comme lui… Bon, peut-être pas exactement comme lui. Mais bon. (rires)
Anthony: …Jouer avec plus de feeling, se laisser totalement porter par la musique. Voilà ce qu’on essaye de faire.
C’est exactement ce que je ressens quand j’écoute votre musique. Ça prend aux tripes. C’est pas une histoire d’être les meilleurs techniciens du monde, mais vraiment de ressentir le truc à fond.
Paul: Oui, on aime bien jouer sur les passe-passe, on garde toujours un oeil les uns sur les autres, on essaie de prendre du plaisir. On n’est pas des machines.
Parker: Chaque soir est différent, un petit détail et ça change tout.
Paul: On adore jammer en live. Et même lorsqu’on n’est pas sur scène, si on est à la maison, on jamme de plus belle. Je pense que ça a aussi à voir avec ce qu’on écoute… Mais je ne te dirai pas ce que c’est ! (rires) Beaucoup trop d’influences !
Et à quoi ressemble le processus d’enregistrement en studio ?
Parker: La plupart du temps, tout est déjà structuré, prêt à être enregistré.
En tant que musiciens américains qui êtes souvent en tournée ici, quel serait votre vision globale de la scène rock européenne à l’heure actuelle ?
Paul: L’Europe est juste plus rock’n’roll que les États-Unis, les gens se mélangent plus et écoutent plus de styles de rock différents, alors qu’en Amérique, les scènes sont beaucoup plus divisées.
Vous devez vous sentir plus à votre aise, donc…
Paul: Oui, on se plaît toujours à faire des concerts ici. Les gens sont hyper enthousiastes !
Parker: Surtout en France et au Portugal où on a joué six fois, c’est là que les gens nous attendent le plus généralement. On est encore nouveaux par ici.
Pour finir, un peu d’auto-promo. Dites-nous tout ce qu’on a besoin de savoir sur les projets en cours.
Parker: On prévoit de rentrer pour enregistrer le nouvel album, et avec un peu de chances, il sera prêt quand on reviendra ici… Au printemps prochain, si tout va bien.
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Last modified: 2 décembre 2013