Il y a comme une aura magique qui entoure TRIPPY WICKED & THE COSMIC CHILDREN OF THE KNIGHT, et pas juste parce qu’ils ont un nom digne d’un roman de fantasy médiévale. Vraiment, il y a quelque chose d’unique dans la musique du trio londonien. Ce nouvel EP simplement intitulé « Underground » est la preuve que l’on peut avoir tout un tas d’influences dans son baluchon, et arriver à imposer un style et des atmosphères vraiment personnelles. Après deux albums résolument blues métal et un EP folk acoustique, « Underground » marque la progression du groupe vers des aventures bien plus métalliques et épiques. Ceci n’est pas un miracle : c’est un accomplissement.
ARTISTE : Trippy Wicked & The Cosmic Children Of The Knight
ALBUM : « Underground »
DATE DE SORTIE : 13 septembre 2013
LABEL : Superhot Records
GENRE : Trippy métal
NOTE : ✩✩✩✩✩
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En tout honnêteté, je ne connaissais pas TRIPPY WICKED avant d’entendre parler d’eux au dernier Desertfest de Londres. Ensuite, en fouillant un peu, je suis tombée sur leurs inimitables reprises acoustiques des classiques de Sleep, Weedeater ou encore Crowbar. Le coup de foudre. Après s’être délecté de leurs ambiances mi-bluegrass mi-folk, il est presque difficile de s’imaginer que ces trois là sont en fait des pourvoyeurs de gros son, voire de très gros son. La preuve…
L’EP démarre lentement mais sûrement avec le morceau-titre « Underground ». Tempo vitusien, riffs lourds et obsédants relevés de moments de grâce surprenants, voix hypnotiques qui se révèlent au fil du morceau : les bases du son sont posées, on est prêts pour la suite. Oui parce que ce morceau, aussi jouissif soit-il, ne reste pas moins qu’une mise en bouche. Surtout quand survient juste après l’incroyablement puissant, subliminal et totalement démentiel « Echoes Return ». Ces harmonies vocales aux allures de chant monacal surréaliste, superposées à la lourdeur de la frappe rythmique et à ces riffs doomesques qui vous pilonnent le cerveau, c’est un peu comme vivre une éruption volcanique au paradis. On aurait à priori toutes les chances d’être engloutis et brûlés vifs dans la seconde, pourtant cette voix venue d’ailleurs nous emporte avec elle. Cette chanson vient de nous sauver de la banalité et de la médiocrité ambiantes, simplement.
Avant d’avoir écouté l’EP, je ne comprenais pas vraiment où le groupe voulait en venir avec cet artwork SF très « ridley-scottien ». On aurait pu se dire que les gars avait simplement cherché à se démarquer de la masse. En fait, il s’agit d’un véritable concept, où univers visuel et atmosphère musicale sont étroitement liés. Il y a quelque chose d’à la fois froid et pourtant agréablement envoutant dans les cinq compos de ce disque, et ce ne sont pas les deux morceaux instrumentaux « Enlightenment » et « Discoveries » qui me feront dire le contraire. Mon premier est résolument prog, et fait acte d’une basse qui résonne comme un grondement volcanique, sur laquelle viennent se poser riffs tantôt écrasants, tantôt hyper aériens. On vient bien de décoller, et le vaisseau se dirige quelque part entre la galaxie Tool et la constellation Pelican. Mon deuxième est la terre promise, cet endroit où vous n’auriez jamais cru mettre les pieds et que vous n’avez plus envie de quitter dès la première seconde. Aux riffs monolithiques s’ajoutent ces guitares cristallines qui semblent être la marque de fabrique du groupe, et cette production d’une finesse rare qui fait que chaque instrument en impose monstrueusement, sans pourtant jamais occulter les autres. L’auditeur peut s’approprier chaque note, chaque frappe : pénétrés par l’Underground, nous sommes… Il a fallu plusieurs semaines pour que je décroche de cet EP, et je pourrais continuer à en parler des heures, tant j’ai l’impression de ne vous avoir révélé qu’une infime partie de ce joyau. La vérité, c’est que les mots sont bien en deçà de la réalité.
« Underground » est lourd, sombre et astral. Il n’est ni doom, ni stoner, ni progressif : il est TRIPPY WICKED. « Underground » est une vision, un nouveau monde dont ces trois génies sont les hôtes, et où il n’y aura ni massacre ni évangélisation. Venez vous perdre, venez faire corps avec le son, venez appartenir à quelque chose. Branchez tout ce que vous avez à brancher et poussez le volume à fond. Big bang imminent.
Last modified: 13 octobre 2013