Écouter SUNGRAZER, c’est un peu comme réussir à toucher le paradis du bout des doigts, sentir la chaleur du soleil après un hiver sans fin, fermer les yeux et respirer un grand coup l’air marin. Jamais vous n’aurez ressenti autant de choses en écoutant un morceau de rock. La musique de Sungrazer est aussi heavy qu’elle est ensorcelante, aussi complexe qu’elle est accrocheuse, et pourtant, ils ne se voient pas comme un groupe stoner.
Formé à Maastricht en 2009, Sungrazer n’a pas 10 ans de carrière que l’osmose entre les trois musicians est palpable. Comme s’ils étaient faits pour se rencontrer, et créer ce truc incroyable ensemble. Deux superbes albums « Sungrazer » et « Mirador » (sur Elektrohasch Records) plus tard, le trio hollandais a gagné le respect de la communauté heavy rock, grâce à des performances rares mais toujours marquantes. La sortie récente de leur split EP avec leur compatriotes de The Machine a enfin fait revenir le groupe sur nos terres pour une poignée de concerts, ce qui m’a donné l’occasion de creuser un peu ce sujet fascinant qu’est Sungrazer. Ne vous attendez pas à de grandes théories ou à des discours promo rôdés, mais plutôt à trois mecs nature partageant leur ressenti sur divers sujets musicaux. (Photos : DR)
Il y a quelques jours vous avez démarré une tournée en Europe pour promouvoir la sortie de votre split EP avec The Machine. Comment ça se passe ?
Hans (batterie) : Très bien. Hier à Paris c’était juste dingue, le public était en délire, y’avait des moshpits et tout.
Rutger (guitare et chant) : Tu te souviens de Paris l’année dernière ? Hier c’était encore mieux, du genre « wow, il se passe quoi là ? ». Y’avait un mec qui scotchait devant le ventilo, pendant que tout le monde crowdsurfait autour. J’ai jamais vu ce genre de truc à aucun de nos concerts ! Seulement à Paris !
Sander (basse et chant) : Tous les shows ont été nickel, mais ouais, Paris c’était vraiment mortel. C’est un vrai challenge de faire un moshpit sur notre musique, il faut être créatif. Et hier, il y avait beaucoup de gens créatifs dans la salle… (rires)
Oui, il y a une belle communauté stoner à Paris, connue pour être un excellent public. Alors quels sont les shows que vous attendez le plus sur la tournée ? Des villes en particulier ?
H : Tous les shows, parce que chaque soir est différent. Mais sinon, l’Espagne et le Portugal pour le climat.
S : C’est très différent quand on joue en Espagne ou au Portugal. On revient toujours de ces pays avec plein d’histoires, tu vois… (rires) C’est l’aventure là-bas ! Tu ne sais jamais sur quoi tu vas tomber dans le Sud, que ce soit la salle ou les personnes qui organisent.
H : On a rencontré des gens très cool là-bas, mais aussi des mecs avec des flingues au Portugal…
Quoi ?!!
H : On a cru qu’on quitterait pas le Portugal vivants, mais bon… (rires) « Strikes and gutters » ! On a juste pas eu de chance.
Parlons un peu de l’EP avec The Machine. Comment est venue l’idée de la collaboration ?
H : Quand on commençait avec Sungrazer, on a joué dans une petite salle à Maastricht et on les a invités pour la soirée. Ça a collé direct. L’idée de faire un split était en sommeil depuis, et là on a estimé que c’était le bon moment pour le faire.
S : On est de très bons amis, mais aussi musicalement. On n’a pas le même son, pourtant je ne vois pas un autre groupe avec qui on aurait pu faire ça. Ils sont un peu comme nous, on est un peu comme eux, on est sur le même label Elektrohasch (NDLR : fondé par le leader de Colour Haze, Stefan Koglek), on a les même racines…
H : …On aime le bowling, et on a le même humour.
Comment avez-vous procédé pour les enregistrements avec David Eering (guitariste et ingé son de The Machine) ? Est-ce qu’à un moment donné, vous vous êtes mutuellement influencés dans le processus créatif ?
S : Non, parce qu’on a bossé les morceaux séparément. David nous a enregistrés, donc forcément il nous a soumis ses idées sur la façon d’enregistrer, etc. C’était une collaboration, mais pas sur les compos. Par exemple, on a pas jammé ensemble.
H : Par contre il a fait un truc important, quand nos pédales sont tombées en rade. Il a appuyé sur les boutons à notre place pendant les refrains. Mais là, ça devient un peu trop technique. (rires)
R : On aurait dû le filmer !
Comment vous décririez ces nouveaux morceaux par rapport à tout ce que vous avez fait auparavant ?
S : On joue la première chanson « Dopo » depuis un moment, donc elle est plus raccord avec nos vieux morceaux. Je pense que les deux autres morceaux sont plus influencés, ils sonnent différent de ce qu’on a fait sur nos précédents albums.
R : On a enregistré des jams puis on s’est ré-écoutés. Ensuite, un tas d’idées sont arrivées et c’est là qu’on a commencé à composer. C’est un processus assez logique qui découle de notre travail sur « Mirador », c’est un peu la prochaine étape dans notre travail.
H : Mais ça reste assez difficile de comparer les morceaux entre eux.
Je trouve que votre musique à sa place dans ce que j’aime appeller « le grand royaume du fuzz et du heavy »… (rires) Ceci dit, votre musique a ce côté vachement plus onirique et doux, qui vous rend assez uniques. Je sens comme des influences pop 60’s, surtout dans le chant. Est-ce que je me trompe ?
R : On est tous de très grands fans des Beatles et de Neil Young. On a beaucoup d’influences, mais surtout les Beatles, Nirvana, Kyuss… On aime apporter beaucoup de dynamique dans notre musique, que ce soit dans la puissance ou la douceur. Le fuzz peut apporter beaucoup de dynamique, combiné à la basse et à la batterie.
S : Tu as vu juste. Et si tu nous vois comme un groupe stoner, alors tu peux sentir la différence avec les autres groupes stoner classiques. Oui, on a pas mal d’influences pop, indie, 60’s, 70’s. Ça dépend toujours de quel point de vue on se place, ça dépend de l’étiquette que l’on met sur le groupe. Je crois qu’on a fait du stoner parce qu’on ne voulait plus faire de rock’n’roll classique. Mais la vérité, c’est qu’on aime pas trop être catalogué stoner, ça ne correspond pas tellement.
H : D’un autre côté, faire partie de cette scène est vraiment cool.
Vous prévoyez d’enregistrer un nouvel album ?
S : Non.
Non, genre… Jamais ?
S : On ne fait pas de projets. D’abord on termine la tournée, et ensuite on fera de la compo.
Tiens, une question piège. Selon moi, un paquet de très bons groupes stoner viennent des pays scandinaves. C’est assez paradoxal d’une certaine façon. Alors comment pensez-vous que ces groupes venus du froid arrivent à produire un son si chaud, rond et gorgé de soleil ?
R : Ils sont en manque de soleil, alors ils en créent par le biais de leur musique !
S : Les hollandais et les suédois fument énormément. (rires) Mais t’as pas tort, et j’aurais du mal à donner une explication. C’est dur d’expliquer une scène, elle est juste là c’est tout. En Hollande, on est le seul groupe avec The Machine à jouer ce genre de musique. Mais je suis pas vraiment au courant de ce qui se passe dans le stoner rock, parce que j’écoute autre chose, tu vois…
H : Il faut dire qu’on aime bien aller à la plage, surfer… Mais ça n’a rien à voir avec la Hollande ! (rires)
Question bonus. Si un tourneur vous proposait de créer et participer à l’affiche de vos rêves, quels groupes vous choisiriez ?
(moment d’excitation et de reflexion intense)
R : Les Beatles bien sûr.
S : Et si on mettait tous les groupes qu’on aime ? Ça donnerait une affiche avec 20 groupes…
H : Les Beatles, Motorpsycho, Neil Young jeune, Autolux, Yo La Tengo (approuvé à l’unanimité) et… Sleep.
S : Mais en première partie, bien sûr ! (rires)
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Last modified: 16 février 2014