Quelle n’a pas été ma surprise lorsque j’ai découvert le clip du premier single de « Audio Secrecy » : STONE SOUR en mode rockeux-lovers-beaux gosses (prêts à être présentés aux parents, quoi). Un morceau rock FM, pourquoi pas ? Je me suis pourtant dit « ça y’est ils plongent dans la facilité, fini la rage des 2 premiers albums ». Qui dit absence de rage ne veut pas forcément dire absence de passion, voyons donc le contenu de ce 3ème album…
Tout d’abord il faut savoir que Audio Secrecy ne contient « que » 14 titres. Quoi, comment ça ?! Bah oui si vous voulez 18 titres comme pour les autres LP du groupe, il faudra acheter l’édition spéciale via leur site, et toc ! Voilà pour l’aparté « réclamations ». Le disque se lance sur une intro minimale au piano, une intro qui sème le doute et qui fait lentement monter l’impatience d’en venir aux choses sérieuses. TADADAAA, voilà que débute fort Mission Statement qu’on avait pu écouter en exclu sur leur site il y a quelques semaines. On fait pas plus « Stone Sour » comme son : le beat est rapide, Corey Taylor alterne entre couplets parlés et refrains chantés, riffs simples et efficaces, basse volumineuse, bref on s’est pas trompé de groupe, tout va bien (j’aime les recettes qui marchent).
On enchaîne sur Digital (Did You Tell) qui pourrait s’avérer pas mal dans l’idée, même recette que le premier, cependant à l’écoute on a l’impression d’entendre la même boucle de chant pendant 4 minutes, à se demander si le skeud a pas un problème. Le morceau dépote bien malgré tout (pour l’avoir entendu en live à Zurich !). Pour rester dans la même énergie, le fameux single Say You’ll Haunt Me, qui malgré mes critiques est un excellent morceau FM, avec une jolie trâme, du punch, et un solo « Jamesrootien » qui enrobe tout ça en volupté. Pour me l’être passé en boucle pendant un moment, j’estime que ce morceau est très bon, même si c’est pas ce à quoi on s’attendrait comme premier extrait, venant d’un groupe comme STONE SOUR.
Evidemment on a toujours été habitués à des ballades dans leurs albums (Bother, Through Glass, la superbe cover de Chris Isaac Wicked Game) mais elles se posaient là en toute beauté et intensité, alors qu’ici avec Dying on se fait royalement chier, oui. N’importe quel groupe de pop-rock commercial pourrait pondre un morceau comme celui-ci, je ne vois vraiment pas l’intérêt. Passons… Les deux morceaux qui suivent restent assez basiques, ni percutants au point de les avoir gravés en mémoire, ni foncièrement mauvais (des musiciens de qualité restent des musiciens de qualité !). C’étaient donc Let’s Be Honest et Unfinished qui s’inscrivent dans les morceaux bien métal de l’album, une fois n’est pas coutume.
Et merde, j’hésitais en me disant « bon ce morceau, là, Dying, c’était un spasme de mièvrerie, ça se reproduira plus? ». Raté : voici Hesitate !!! Inconsistant au point d’être carrément le plus mauvais morceau de l’album. Exactement le genre de soupe que je fuis, quoiqu’il arrive. Pour l’instant, STONE SOUR me fout un léger doute : je comprends totalement qu’ils n’aient plus forcément autant envie de se décrocher les cervicales qu’avant, mais quitte à pondre des slows, autant qu’ils soient bons ! C’était pourtant quelque chose qu’ils géraient à merveille auparavant, du gros son véner entremêlé de balades pleines d’émotion. Mais là l’émotion je la ressens surtout dans le chèque qu’ils vont toucher après être passés sur MTV.
Bien heureusement, Nylon 6/6, morceau riche en tension et en émotion, vient se poser en charnière entre deux low-tempos (faudrait pas que tout ça se décompose, non plus !); s’en suivent Miracles et Pieces qui sont deux très bonnes chansons « non-métal », l’une par son atmosphère posée et aérienne et l’autre parce que c’est un mid-tempo rock tout ce qu’il y a de plus efficace, tout simplement. On retrouve ici l’espoir qu’on avait abandonné un peu plus bas sur la route…
Attendre le 12ème titre de l’album pour avoir LE meilleur morceau de tout Audio Secrecy, je bondis de mon siège et hurle de bonheur en entendant The Bitter End : « I’m ready to surrender ! Surrender !!! Remember !!! Forever is over now ! », bon sang on le tient le morceau de psychopathe qu’on attendait tous ! Il est juste parfait. Pour achever ce 3ème disque ma foi quelque peu déstabilisant, encore deux slooooowwwwws, dont Threadbare, envoutant et émouvant final de 5min45, coucher de soleil sur une planète qui n’en finit pas de s’assombrir…
Malgré la qualité indéniable des productions, l’auditeur oscille assez incertainement durant l’écoute de cet album. Album plus mature selon Roy Mayorga [NDLR : le batteur du groupe], album qui marque encore plus la dualité de STONE SOUR entre rock rentre-dedans et sensibilité, avec des solos de guitare beaucoup moins typés SLIPKNOT en ce qui concerne James Root. Bref, ils sont passés à un autre stade : les deux tendances du groupe s’équilibrent maintenant de manière totalement assumée. Après avoir regardé le live au Webster Hall de New-York ce 30 août, on constate que Corey souhaite beaucoup plus se poser au chant plutôt que de tout bousculer sur son passage et finir à bout de souffle. Quelques questions taraudent toutefois mon esprit tordu : le groupe aurait-il atteint ses limites physiques ? Peut-être y’a-t-il saturation, et à 40 balais préfèrent-ils arrêter d’être rageux (et se mettre à la country ?) pour aller vers une musique plus alternative ? La seule chose qui démarquerait alors STONE SOUR des autres groupes du style serait la voix unique de Taylor, mais est-ce vraiment suffisant ? Vite, un live et une bonne dose d’anciens morceaux, pour prendre une bouffée de ce que je considère comme le STONE SOUR originel…
ARTISTE : STONE SOUR
ALBUM : « Audio Secrecy »
DATE DE SORTIE : Septembre 2010
LABEL : Roadrunner Records
GENRE : Metal / rock
NOTE : ✭✭✭
Last modified: 19 octobre 2013