Pneu + Judgitzu + Bâton XXL @ Petit Bain (Paris, 05.03.25)

Written by Live

Après 9 ans d’absence discographique et différentes aventures annexes, le duo Pneu vient rouler de nouveau sur Paris. Pour cette release party de leur nouvel opus Get Old Or Die Tryin’ (Head Records), les tourangeaux ont concocté un plateau underground, éclectique et surprenant, à leur image.

Sous ses airs de clown maladroit, brindille voûtée dans un short en jean du plus bel effet, Bâton XXL (le projet solo de Romain Simon, artiste d’Amiens) dissimule une maîtrise de son art plutôt convaincante. Avec une config unique, armé d’un micro casque, d’une caisse claire et d’un tom, aidé de quelques machines reliées à des pédales, le gus développe des compositions electro-noise parfois tordues, parfois entraînantes, toujours travaillées. Et surtout, il parvient à dépasser les limites souvent pénibles d’un one man band percussif (rien de pire qu’un solo de batterie, n’est-ce pas). Déroutant et intrigant.

Headliner modeste, c’est au tour de Pneu de s’installer, car leur set sera suivi en clôture par celui de Judgitzu. Modeste aussi est la configuration scénique de Pneu, et c’est au milieu de la fosse que les techniciens et le groupe posent les amplis et la batterie. La proximité et le partage avec le public est essentiel pour le duo tourangeau, depuis ses débuts il y a presque 20 ans. Pendant un set de Pneu, on communie et on partage le bruit et la sueur. Visuellement, on pense à une sorte de trou noir d’un genre inédit, qui attire irrépressiblement la salle en son centre. On pousse, on tend la tête, on est comme aspirés vers ce monolithe sonore. La disposition pas forcément adaptée à la salle laisse forcément les plus éloignés un peu sur le carreau (d’autant que la sécu interdit de monter sur la scène pour profiter du surplomb). Heureusement, contrairement à un trou noir, le centre produit ici autant d’énergie qu’il en aspire. Les ruades math-noise instrumentales électrisent en cercle concentriques. Le constat est sans appel : malgré les années ou les projets annexes, le duo guitare-batterie, armé d’un nouvel album bien rentre-dedans, ne s’est pas assagi et laisse peu de place au répit. Les crissements de Pneu résonnent encore sur les quais de Seine à l’heure où j’écris ce texte.

Place à Judgitzu, sur la scène cette fois et aux platines. Judgitzu est, sur le papier, un artiste “world”, avec tous les guillemets et les réticences que l’on peut avoir pour le terme. Mais pour un artiste hébergé sur le label ougandais Nyege Nyege Tapes, les influences africaines de Julien Hairon peuvent sembler assez discrètes. Cet autoproclamé “ethnomusicologue punk” préfère inviter le public à danser sur des sons axés techno, mais les restes de rythmiques tribales ou afrobeats remontent régulièrement à la surface. Et c’est tant mieux, on peut continuer sereinement cette soirée placée sous le signe de la bousculade rythmique.

Thx Vedettes et Petit Bain pour l’accréditation !

Last modified: 17 mars 2025