Si le monde partait complètement en couille (déconnez pas, c’est fort probable), quels disques de 2024 feraient partie de l’essentielle collection à emmener sur l’île déserte, piles rechargeables comprises ? C’est la question que la rédac’ de The Heavy Chronicles se pose chaque fin d’année.
Les winners incontestés de la rédac
Slift – Ilion (SubPop Records)
Slomosa – Tundra Rock (Stickman Records)
Elephant Tree & Lowrider – The Long Forever (Blues Funeral Recordings)
Le top 10 de Beeho
En 2023, je terminais mon top par « comment ne pas déjà avoir hâte de voir ce que nous réserve 2024 ? ». J’étais loin d’imaginer que cette année ne serait non pas une déferlante, mais un putain de raz-de-marée de sorties : entre vétérans, valeurs sûres et nouveaux venus, absolument TOUT LE MONDE a presenté un nouvel album en 2024. Et bien que l’éthique m’empêche de mettre l’album de Lowrider et Elephant Tree en top de liste, il est indéniable qu’il aura retourné un paquet de cerveaux. La palme du trip heavy ultime revient quant à elle à REZN, façon grande classe et envolées post/psych d’un autre espace-temps. Dans la catégorie GOATs, les rois de l’aérospatiale intergalactique SLIFT nous ont mis à genoux, tandis que les Norvégiens de Slomosa ont livré leur masterpiece stoner rock en toute simplicité. Mais un top THC ne serait rien sans un peu de bagarre, et c’est du côté de Black Tusk et Knocked Loose qu’il fallait se pencher pour la dérouillée. Dérouiller l’establishment et les dB, eux aussi savent faire façon noise abrasif apocalyptique (Human Impact), sludge indus outrancier (Chat Pile) ou post-hardcore lyrique (Coilguns). Qui a dit « frisson » ? Sergeant Thunderhoof ont débarqué avec une somptueuse pièce doom trad dans la lignée de Green Lung, tandis que leurs voisins irlandais Fontaines D.C. ont posé THE album rock de l’année. 2025, on est chauds.
- REZN – Burden (Sargent House Records)
- Slomosa – Tundra Rock (Stickman Records)
- Sergeant Thunderhoof – The Ghost Of Badon Hill (Pale Wizard Records)
- Chat Pile – Cool World (The Flenser)
- Slift – Ilion (SubPop Records)
- Fontaines D.C. – Romance (XL Records)
- Knocked Loose – You Won’t Go Before You’re Supposed To (Pure Noise Records)
- Black Tusk – The Way Forward (Season of Mist)
- Human Impact – gone Dark (Ipecac Recordings)
- Coilguns – Odd Love (Hummus Records)
Collab de l’année / hors catégorie : Lowrider & Elephant Tree « The Long Forever » (Blues Funeral Recordings)
Mentions spéciales : Grava, Chelsea Wolfe, Psychlona, Abrams, Hippotraktor, Generation of Vipers, Drug Church, Greenleaf, Better Lovers, Doodseskader
Le top 10 de Gaël Mathieu
Dans un univers où 11 837 albums débarquent chaque trimestre, où les plateformes de streaming rivalisent pour nous les balancer tous en même temps (sans oublier Beeho, algorithme humain par excellence), dresser un top devient une épreuve à la fois angoissante mais nécessaire. 2024 fut un cru exceptionnel, et il est possible d’en extraire certaines pépites bien au-delà des sphères stoner, doom et psyché. Le Quinté dans l’ordre : Pallbearer s’émancipe enfin de « Sorrow and Extinction » pour livrer un album aérien et lourd de spleen tout en gardant ses ancrages doom. Instant Classic/10. Delving et Weite (que je classe ex-aequo pour cacher mon fanatisme quasi religieux pour la triplette Elder/Delving/Weite) enrichissent la scène de deux joyaux complémentaires, à écouter d’une traite. Les nouveaux chouchous Slomosa réchauffent les cœurs avec une énergie festive et fédératrice, tandis que Coilguns explosent encore avec « Odd World », parfait pour décharger l’énergie négative accumulée cette année. Enfin, la surprise Ihsahn livre un chef-d’œuvre, même pour ceux qui comme moi écoutent autant de Black Metal qu’ils n’écrivent pour THC (c’est à dire jamais). Le reste ? Ils auraient tous pu figurer dans ce top. Pour citer Lord Pierro en 2023 : « Peu importe l’ordre, seul compte le plaisir lorsqu’ils dégoulinent dans le cornet. »
- Pallbearer – Mind Burns Alive (Nuclear Blast)
- Delving – All Paths Diverge // Weite – Oase (Stickman Records)
- Slomosa – Tundra Rock (Stickman Records)
- Coilguns – Odd Love (Hummus Records)
- Ihsahn – Ihsahn (Candlelight Records)
- Lowrider & Elephant Tree – The Long Forever (Blues Funeral Recordings)
- Drug Church – Prude (Pure Noise Records)
- High Vis – Guided Tour (Modulor Records)
- Zeal and Ardor – Greif (Redacted Gmbh Records)
- Whores – WAR (The Ghost Is Clear)
Le top 10 de Lord Pierro
La musique de 2024 est à l’image de l’année : complexe, riche en rencontres, remplie de sentiments contradictoires qui m’ont fait passer par des états très différents avec au final une multitudes d’excellents albums qu’il m’a été difficile de mettre en avant plus que d’autres. De l’humour punk décalé de Pissed Jeans à la révolte noise désabusée de Human Impact, la nostalgie grunge de Disastroid ou la violence écrasante de Norna et Bongripper, sans omettre les problèmes de santé mentale soulevés innocemment par le stoner de Greenleaf, mais également l’envie d’en découdre et de ne rien lâcher du hardcore de Brain Cave, le fun total de Young Acid, la beauté mélodique d’Abrams et la plénitude de Lowrider/Elephant Tree, c’est un véritable rollercoaster émotionnel, touchant (presque) tous les recoins possibles du spectre musical que les artistes nous ont offert. Mis à part le Half Divorced de Pissed Jeans, qui a été mon album le plus écouté, pas de réel classement dans cette liste, qui évolue au grès de l’humeur. Je peux l’affirmer haut et fort : en 2024, music saved my life.
- Pissed Jeans – Half Divorced (SubPop Records)
- Human Impact – Gone Dark (Ipecac Recordings)
- Disastroid – Garden Creatures (Heavy Psych Sounds)
- Greenleaf – The Head and The Habit (Magnetic Eye Records)
- Brain Cave – Foot Off The Gas (The Ghost Is Clear Records)
- Young Acid – Murder at Maple Mountains (Majestic Mountain Records)
- Elephant Tree & Lowrider – The Long Forever (Blues Funeral Recordings)
- Abrams – Blue City (Blues Funeral Recordings)
- Norna – Norna (Pelagic Records)
- Bongripper – Empty (The Great Barrier Records)
Mentions « sans ces albums, ma santé mentale ne serait pas la même » : Drug Church, Whores., Black Tusk, Ils, Sons of Alpha Centauri, DÖ, The Jesus Lizard, ODA (Meilleur Album Doom de l’année), Earth Ship, Luna Sol, Vitskar Süden, Daevar, Blue Heron, We Hate You Please Die (coup de coeur de fin d’année!)
Le top 10 de Matt
2024 a commencé sur les chapeaux de roues, dès Janvier sortait mon album de l’année, l’immense “Ilion” de Slift, successeur plus noir, plus fou et plus féroce d’”Ummon”. Mes groupes de cœur ont également su répondre présents tout au long de l’année. Je pense particulièrement au retour aux affaires d’High On Fire avec son rouleau compresseur à la sauce orientale mais également au nouveau Melvins, qui par ses détours post-indus à su nous régaler les ouïes. Retour gagnant également pour Acid Mammoth qui n’en finissent plus de s’affirmer comme les tauliers du classic doom européen. Et que dire des nouveaux albums de Gnome, Coilguns ou Sunnata, confirmant tout le bien que je pense de ces formations. Heureusement, il y a encore de la place pour des entrées moins attendues dans mon top comme l’album de cette fin d’année : le surpuissant “You, The King” des Frenchies de Wormsand. Un bon défouloir party doom avec “Satan etc.” de Gurt, et enfin le plus improbable et réussi des retours : le supergroupe ultime Sun & Sail Club qui nous a offert le jubilatoire “Shipwrecked”.
1. Slift – Ilion (SubPop Records)
2. High On Fire – Cometh the Storm (MNRK Heavy)
3. Sun & Sail Club – Shipwrecked (Heavy Psych Sounds)
4. Acid Mammoth – Supersonic Megafauna Collision (Heavy Psych Sounds)
5. Wormsand – You, The King (MRS Red Sound)
6. Gnome – Vestiges of Verumex Visidrome (Polder Records)
7. Gurt – Satan, etc (S/R)
8. Sunnata – Chasing Shadows (S/R)
9. Coilguns – Odd Love (Hummus Records)
10. Melvins – Tarantula Heart (Ipecac Recordings)
Mentions spéciales : Lowrider & Elephant Tree, Witchpit, Ufomammut, Witchorious, Bongripper
Le top 10 de Sylvain Golvet
2024, année de la continuité pour Rezn, qui se place de nouveau dans mon top 10 avec un album jumeau du Solace de 2023, prouvant la bonne forme du quatuor de Chicago. On retrouve aussi les chouchous de Slomosa, qui arrivent dans ce deuxième album à garder toute la fraîcheur de leur son tout en l’affinant. Encore plus frais, les finlandais d’Oranssi Pazuzu font dériver leur production vers un trip hop horrifique aux allures de soundtrack hantée, à savourer la veilleuse allumée. Un vent de fraîcheur inespéré a également soufflé de l’autre côté de l’Atlantique, des doigts de Jack White, qui a judicieusement retrouvé la joie du riff simple et du hook sûr. Une belle année pour la zic US donc, avec Thou, High on Fire, Bongripper, Chat Pile ou Metz (ok, des Canadiens ceux-là). Autant de galettes énervées, déprimées, résignées, voire carrément sinistres, en accord avec la situation politique de ce pays malade (un lien de cause à effet ?). Mais cocorico ! c’est bien la France qui a l’honneur de trôner fièrement en première place. En 2024, Slift est bien le roi du monde, et même des autres, tant son épopée spatiale nous a fait décoller aux confins de la galaxie.
- Slift – Ilion (SubPop Records)
- REZN – Burden (Sargent House)
- Chat Pile – Cool World (The Flenser)
- Metz – Up On Gravity Hill (SubPop Records)
- Bongripper – Empty (The Great Barrier Records)
- Jack White – No Name (Third Man Records)
- Slomosa – Tundra Rock (Stickman Records)
- Oranssi Pazuzu – Muuntautuja (Nuclear Blast)
- Thou – Umbilical (Sacred Bones Records)
- High On Fire – Cometh the Storm (MNRK Heavy)
Mentions spéciales (special qualité française) : Lysistrata, W!zard, Witchorious, Clavicule, Pelegrin, Karkara, Sorcerer, Wormsand, Qilin, Dirty Shades
Le top 10 de Yannick K.
Pour ma part, le début d’année a immanquablement été marqué par le triomphe Slift et une irrépressible envie d’évasion. Avec « Ilion », les Toulousains ont redéfini l’adjectif C-O-L-O-S-S-A-L. C’est simple, on n’aura jamais lu ou entendu autant ce mot dans les diverses chroniques. Et pour compléter votre appétence psychédélique jetez-vous sur « Infinite Peaks » de The Cosmic Dead, un manifeste déjanté et furieux d’une incubation aux dieux du bruit et du chaos. Justement, parmi les très énervés, les gifles sludge de High On Fire et Black Tusk ont fait (très) mal aux joues. Et on tend l’autre parce qu’on aime les branlées de ce niveau. Au rayon noirceur, on valide également le retour de Sunnata qui nous offre la quintessence de leur style, entre transe chamanique et doom. On se penchera également sur le trio Glassing, véritable équilibriste entre chaos et fragilité, nous proposant l’album le plus cathartique de l’année. Saluons également les français de Sorcerer, qui prouve que le HxC peut générer autre chose qu’une compile de mosh parts. L’année ne serait complète sans les tsunamis d’émotions que procurent les disques de Big|Brave et Spirit Mother. Et pour finir, entre émotion, exploration et catharsis (rien que ça !), il serait dommage de passer à côté de LA collab’ de 2024, « The Long Forever » de l’équipe Elephant Tree/Lowrider !
- SLIFT – Ilion (SubPop)
- Sunnata – Chasing Shadows
- Glassing – From The Other Side Of The Mirror (Pelagic Records)
- BIG|BRAVE – A Chaos Of Flowers (Southern Lord Recordings)
- Spirit Mother – Trails (Heavy Psych Sounds)
- The Cosmic Dead – Infinite Peaks (Heavy Psych Sounds)
- Lowrider & Elephant Tree – The Long Forever (Blues Funeral Recordings)
- High On Fire – Cometh The Storm (MNRK Music)
- Black Tusk – The Way Forward (Season Of Mist)
- Sorcerer – Devotion (Frozen Records)
Mentions spéciales : Slomosa, Bügeln, Greenleaf, Lord Buffalo, Qilin, Drug Church, 1000mods
Le top 10 de Pete Green
L’année 2024 a été marquée par des groupes établis au top de leur art. Judas Priest a livré son meilleur album depuis « Painkiller », tandis que les Midlands ont été honorés par le doom rock captivant et raffiné d’Alunah. High On Fire a de nouveau confirmé son statut légendaire avec « Cometh the Storm », un disque époustouflant rempli de riffs magistraux. Slomosa, après un premier album prometteur, a consolidé sa place avec un « Tundra Rock » riche en mélodies accrocheuses. Lowrider et Elephant Tree ont surpassé toutes attentes avec un album collaboratif mêlant mélodies et riffs hypnotiques. Saltpig a émergé avec un premier album nerveux et captivant, tandis que Rickshaw Billie’s Burger Patrol a enrichi son catalogue avec des vibrations toujours plus audacieuses. Mario Lalli and the Rubber Snake Charmers ont impressionné avec leur album live expérimental, vibrant et unique. Enfin, Black Pyramid a fait un retour en force avec « The Paths of Time are Vast », une œuvre envoûtante marquant leur renaissance. 2024 a célébré le rock sous toutes ses formes. Malgré les défis, la scène reste vibrante grâce à ces artistes incroyables. Bonnes fêtes, et rendez-vous en 2025 pour plus de grandeur !
- Judas Priest – Invincible Shield (Sony)
- High On Fire – Cometh The Storm (MNRK Heavy)
- Slomosa – Tundra Rock (Stickman Records)
- Rickshaw Billie’s Burger Patrol – Big Dumb Riffs (Permanent Teeth)
- Black Pyramid – The Paths of Time Are Vast (Totem Cat Records)
- Early Moods – A Sinner’s Past (RidingEasy Records)
- Saltpig – Saltpig (Heavy Psych Sounds)
- Mario Lalli and the Rubber Snake Charmers – Folklore From the Other Desert Cities (Heavy Psych Sounds)
- Lowrider & Elephant Tree – The Long Forever (Blues Funeral Recordings)
- Alunah – Fever Dream (Heavy Psych Sounds)
Oui, 2024 a été une année chargée en grands moments pour les musiques rock. Certaines choses ont changé, d’autres se sont transformées, ont évolué, divergé ou convergé. Parfois, les temps ont pu être durs pour nous tous, mais une chose est sûre, on ne pourra pas arrêter la musique, et c’est grâce à toute cette scène qui continue de faire ce qu’elle fait de mieux. Bonnes vacances à tous, et rendez-vous en 2025 pour encore plus de zik.
Last modified: 21 décembre 2024
