Et vous ? Quel est votre disque favori de 2023 ? On pourrait citer autant de critères que d’auditeurs. Selon nous, c’est celui qui passera à la postérité, qu’on emportera sur la proverbiale île déserte ou celui qui, même imparfait, aura essayé de faire bouger les lignes de la musique amplifiée. Dix albums retenus. Tous n’auront pas le même destin quand on se relira dans 3, 5 ou 10 ans. Mais aujourd’hui, ils représentent la plus belle des photos de classe, millésime 2023.
Les winners incontestés de la rédac
Dozer – Drifting in the Endless Void (Blues Funeral Recordings)
Domkraft – Sonic Moons (Magnetic Eye Records)
Mutoid Man – Mutants (Sargent House)
Le top 10 de Beeho
C’est donc bel et bien dans une explosion de rock et de décibels que se clotûre 2023. Jamais le besoin de communier dans cette grand messe du Riff libératrice n’avait semblé aussi vital — non pas pour expier nos pêchés mais pour célébrer la vie dans tout ce qu’elle a de plus fou. Nos super-héros Mutoid Man sont arrivés comme le messie avec leur alien heavy débridé, prouvant au monde entier qu’on peut jouer un metal technique ET fun. Débridés aussi, King Gizzgizz et leur nouvelle incartade hommage aux dieux du thrash, ainsi que la tornade garage-psyché-disco-punk Frankie & the Witch Fingers, bien trop dansante pour être évitée. Nous avons succombé au doom psychédélique infaillible de Domkraft et bavé d’admiration devant le heavy prog stratosphérique de Howling Giant. Sans parler des riffs NWOBHM badass de Deathchant, et d’une des plus belles prods stoner metal de l’année par les trop discrets High Priest. Mais la fin du monde ne vaudrait pas la peine d’être vécue sans un peu de noirceur : le frisson ultime prodigué par le tonitruant split de Full Of Hell et Nothing, la leçon d’élégance avec Spotlights, la rédemption par la beauté avec Jaye Jayle. Avec tout ça, comment ne pas déjà avoir hâte de voir ce que nous réserve 2024 ?
- Mutoid Man – Mutants
- High Priest – Invocation
- Deathchant – Throne
- Howling Giant – Glass Future
- Domkraft – Sonic Moons
- King Gizzard – PetroDragonic Apocalypse; or, Dawn of Eternal Night: An Annihilation of Planet Earth and the Beginning of Merciless Damnation
- Full Of Hell and Nothing – When No Birds Sang
- Frankie & the Witch Fingers – Data Doom
- Jaye Jayle – Don’t Let Your Love Life Get Your Down
- Spotlights – Alchemy For The Dead
Mention spéciale pour Psychedelic Porn Crumpets (« Fronzoli »), It It Anita (« Mouche »), Somnuri (« Desiderium »), Fange (« Privation ») et Khanate (« To Be Cruel »).
Le top 10 de Lord Pierro
Que retenir de cette année au rayon pure fucking sound ? Que nous avons eu du sublime comme rarement on en avait eu ! Du rock sombre et soyeux de Hail The Void au stoner psychédélique de Black Rainbows, en passant par le surprenant et addictif Mutoid Man ou le doom wizardien de Witchthroat Serpent et celui plus occulte de Dopelord : tout est bon, comme dans les sept petits cochons de Newcastle ! J’ai fait quelques incursions noise rock (mon péché mignon) avec les grecs de Last Rizla et leur meilleur album à ce jour, les Belges déjantés de It It Anita qui confirment leur montée en puissance, le toujours adoucissant KEN Mode qui bouclent leur diptyque entamé l’an passé. Comment qualifier Thunder Horse et Spotlights pour qui les étiquettes sont impossibles à coller ? D’ovnis musicaux, tant les texans font du heavy bourré de références aux plus grands, tout comme les planants New-Yorkais que l’on ne peut comparer à rien ni personne. Et que dire des masterclass ès riff de Domkraft et Dozer ? Deux des albums les plus monstrueusement heavy et addictifs sur lesquels j’ai posé mes oreilles cette année et qui feront date, à n’en pas douter. Au final, peu importe l’ordre tant ce classement peut changer en fonction de l’humeur, seul compte le plaisir déclenché lorsque ils dégoulinent dans le cornet, le volume à 11.
- Hail The Void – Memento Mori
- Dozer – Drifting in the Endless Void
- Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs – Land of Sleeper
- Mutoid Man – Mutants
- Domkraft – Sonic Moons
- Witchthroat Serpent – Trove of Oddities at the Devil’s Driveway
- Dopelord – Songs for Satan
- Thunder Horse – After The Fall
- Last Rizla – Noise Without Decay
- It It Anita – Mouche
Mention spéciale pour KEN Mode (« Void »), Spotlights (« Alchemy For The Dead ») et Black Rainbows ( » « Superskull ») !
Le top 10 de Matt
2023 s’annonçait comme un grand cru, la majorité de mes groupes de coeurs sortant des nouveaux albums. Il n’est donc pas surprenant de retrouver mes chouchous de Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs avec l’excellent « Land of Sleepers », synthèse de tout ce qui fait le charme du groupe en haut de ce top. Et ainsi, Baroness, Kvelertak, Domkraft, Mondo Generator ou Mutoid Man sont forcément présents, eux dont j’ai tant loué le talent ces dernières années. Quelques surprises tout de même comme les Frenchies de Witchthroat Serpent qui nous offrent une masterclass de doom horrifique et organique. Je pense aussi à ma découverte de l’année, les britanniques de Morass of Molasses pour un mélange des genres en mode frénésie créatrice ou encore au noise rock sludge particulièrement inspiré de These Beasts. Reste le groupe qui nous prouve encore une fois que tout est possible en Scandinavie avec le retour rageur et ô combien réussi des tauliers de Dozer.
- Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs – Land of Sleeper
- Mutoid Man – Mutants
- Domkraft – Sonic Moons
- Witchthroat Serpent – Oddities at the Devil’s Driveway
- Baroness – Stone
- Kvelertak – Endling
- Morass of Molasses – End All We Know
- Dozer – Drifting in the Endless Void
- These Beasts – Cares, Wills, Wants
- Mondo Generator – We Stand Against You
Le top 10 de Sylvain Golvet
En 2023, le rock n’est pas mort, mais le monde, lui, semble se diriger tout droit vers sa perte. Et certains artistes ont voulu accompagner cette ambiance délétère dans le plus grand des fracas. Car c’est bien du bruit dont on a besoin pour supporter cette époque. Et chacun y est allé de son style et de sa thématique : l’apocalypse thrash metal de King Gizzard, le doom cosmique chez Domkraft, le cauchemar noisy des Psychotic Monks, l’énergie contre-technologique de Frankie and The Witch Fingers, le hardcore doloriste d’Incendiary, etc. Plus encore, cette année a consacré le talent d’artistes confirmés et de chouchous persos, certains revenant garnir notre top annuel une nouvelle fois, comme The Machine, Kvelertak ou Graveyard. Une année riche et éclectique donc, avec à l’opposé du spectre, Rezn qui nous aura cueilli avec ses voyages intérieures, ou Mutoid Man qui nous prouve encore une fois qu’ils sont bien des mutants formés par tous les bouts de metal existant, se mouvant sans donner l’impression du moindre effort. Et cette éclectisme éclate encore plus si l’on pense aux recalés de justesse de ce top 10 (je vous les donne en DM).
- King Gizzard – PetroDragonic Apocalypse; or, Dawn of Eternal Night: An Annihilation of Planet Earth and the Beginning of Merciless Damnation
- The Machine – Wave Cannon
- Domkraft – Sonic Moons
- REZN – Solace
- Frankie and The Witch Fingers – Data Doom
- Psychotic Monks – Pink Colour Surgery
- Incendiary – Change the Way You Think About Pain
- Mutoid Man – Mutants
- Graveyard – 6
- Kvelertak – Endling
Le top 10 de Yannick K.
Tout d’abord, les Suédois de Dozer et Domkraft attirent le regard. Les premiers en revendiquant la paternité d’un Stoner suédois de haute classe. Pour les seconds, je vais paraphraser Caza : « C’est un terrible magma de forces chthoniennes déchaînées, s’unissant aux feux du ciel hurlant dans l’apothéose incandescente d’une copulation cosmique ! ». Pas mieux. Autre bon élève, félicitons le soldat Brodsky, stakhanoviste metöl, sur toutes les scènes cette année avec pas moins de trois formations dont Mutoid Man, avec laquelle il signe le disque le plus grandiloquent et irrévérencieux de 2023. Niveau bamboche, vous remarquerez, ceux au fond à gauche, DRAIN, branleurs magnifiques, qui s’évertuent à perpétuer en 2023 une certaine idée du crossover… Venice Style. Toujours au fond près du radiateur, Håndgemeng délivre un disque Doom’n roll dans le fracas, la fureur et la sueur. Heureusement qu’il y a aussi les romantiques Hail The Void et leur Doom à la beauté macabre, nous rappelant notre condition de simple mortel. L’assagi Graveyard apparaît également sur cet instantané, un peu en retrait, occupé à faire son introspection avec un blues des plus cathartique. Et il y a celui qu’on ne voit pas grandir, l’élève Baroness, bien plus mûr, conscient de ses qualités (et de ses faiblesses) qui n’a plus peur de tout oser. Et la confiance lui sied bien. Enfin il y a les rêveurs à chemises bariolées, en lévitation à tout moment de la journée. Citons Verstärker, qui carbure au Motorik pour vous montrer ce qu’il se passe après l’horizon et leurs copains Kanaan, toujours prêts à côtoyer les étoiles. Poussés par un esprit free, leur disque est une supernova psychédélique en puissance.
- Dozer – Drifting In The Endless Void
- Domkraft – Sonic Moons
- Mutoid Man – Mutants
- Verstärker – Jenseits
- Hail The Void – Memento Mori
- Kanaan – Downpour
- Baroness – Stone
- Drain – Living Proof
- Graveyard – 6
- Håndgemeng – Ultraritual
Et puis il y a celui qu’on ne voit jamais. TOI. Oui, toi, fidèle lecteur à la nuque brisée, tu es notre raison d’être. Merci. À l’année prochaine.
Last modified: 19 juin 2024