Après les deux jours de chaleur accablante, la météo sera plus clémente avec nous pour profiter pleinement de ce dernier jour du premier week-end au HELLFEST 2022, où le programme est encore bien chargé. (PHOTOS : Sylvain Golvet – Texte par Lord Pierro et Yannick K.)
Et c’est un réveil en fanfare psychédélique qui nous attend. Ecstatic Vision ou la révolution par le bruit. L’hédonisme et la saleté. Même si l’apport de ces instruments reste secondaire (en live), on y retrouve flûte, sax’ et harmonica pour un résultat des plus détonnants. Il y a tout ce qu’il faut dans cette musique pour partir en vrille dans un big bang supersonique. Vous rêviez d’un supergroupe composé de Klaus Dinger, Lemmy et des Stooges ? Réveillez-vous : vous êtes en 2022 devant Ecstatic Vision.
Surprise ou ovni, la présence de Lysistrata est loin de faire l’unanimité dans la (maigre) assistance à l’heure de l’apéro. Pourtant le noise rock fiévreux et mélodique du trio charentais coche toutes les cases d’un set parfait, mais la mayonnaise a du mal à prendre. Dommage, parce que nous avons sous nos yeux la version modernisée d’At The Drive-in et nul doute que ces jeunes sont promis à un avenir radieux, ici ou ailleurs.
Si on m’avait dit que j’allais assister à un concert de hip-hop dancefloor sur la Warzone, et que j’allais aimer ça, j’aurais rigolé. Trois cagoules, des survêtements de lascars et un PC… Moscow Death Brigade ne se laisse absolument pas démonter et balance un flow ininterrompu de lyrics furieuses et engagées sur du gros beat qui claque ! La version Thunderdome « canal historique » d’Asian Dub Foundation en somme. Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse… Le combat contre toutes les injustices se fait aussi sur les dancefloors. Symbole de la contre-culture moscovite, le message de la Brigade en est encore plus fort. « Brother and sisterhood!!! »
Et franchement on en regrette presque le sourire narquois des trois rappeurs cagoulés quand vient le tour d’Inter Arma. Gloubi-boulga de tout ce qui se veut post-quelque chose, la musique des Américains est d’un ennui à vous plomber une Valley. Incapables de construire une setlist qui permette une quelconque immersion dans leur univers complexe (arty ?), Inter Arma écourte heureusement son apparition fantomale et franchement bien dispensable.
Qu’importe, la Valley a pu se reposer avant le second typhon supersonique du week-end : Red Fuckin’ Fang ! Attendus de pied ferme par tous les stonerheads du festival, le quatuor n’y va pas de main morte et balance tous ses tubes, de « Blood Like Cream » en ouverture, à « Murder The Mountains » ou « Whales & Leeches » et pulvérise le public avec « Prehistoric Dog » en clôture, déclenchant un circle pit dès le deuxième accord et une marée de slammers qui ne cessera qu’à la toute dernière note du concert ! Mention spéciale au type qui a tenté de griffonner le groupe dans un calepin à dessin… et s’est vu embarquer malgré lui dans un vortex humain géant. Une Valley transformée en marée humaine pendant une heure et hurlant les refrains à tue-tête : on avait pas vu ça depuis un paquet d’années ! Red Fang, tu peux pas test.
La descente est violente à l’approche des Main Stages, où sont programmés les japonais de Maximum the Hormone. Ayant un vague souvenir éthylique de leur précédent passage, c’est plutôt un gros WTF qui nous est balancé à la tronche et… ça ne passe pas. Trop décalé, trop bizarroïde, et surtout bien trop éloigné de ce qu’on vient de vivre avec Red Fang, et de ce que l’on attend juste après sur la scène d’à côté.
Après l’épreuve japonaise, lors de laquelle on a profité du public agard pour se glisser à la barrière de la MS2, place aux boss du Bayou : Down. Exit donc l’idiotie et l’annulation malheureuse de 2016, Phil Anselmo (Philippe pour les intimes) et son All Stoner Band sont au top de leur forme et nous régalent en piochant dans les titres les plus appréciés des fans. Anselmo a retrouvé sa voix et les titres n’en sont que meilleurs, la bande de NOLA nous faisant chavirer sur chacun des hymnes que les fans agglutinés ne se privent pas de gueuler de plaisir. Joie et bonheur partagé par le groupe qui s’éclate sur scène, jusqu’au finish que l’on a jamais envie d’entendre s’arrêter : un Bury me in smoke allongé à l’infini par les roadies pour que le public puisse saluer ses héros du Bayou, tout en headbanguant en signe de satisfaction ultime.
Et quoi de mieux pour clotûrer la Valley qu’un groupe culte? C’est la chance que l’on a de voir Killing Joke ce soir, alors qu’ils ont annulé quasiment tout le reste de leur tournée. Mais le Hellfest n’étant pas une date comme les autres, Jaz Coleman et son orchestre sont bel et bien là et vont nous offir un superbe set, attaqué par l’incontournable Wardance. Que c’est bon de voir et revoir ce groupe immortel nous faire secouer la couenne pour clôre ce premier week-end !
Gojira a eu la lourde tâche de clôturer cette première partie de Hellfest 2022 mais en profite pour asséner la plus grosse gifle metal du week-end. Le hasard fait bien les choses puisque c’est l’anniversaire de Mario, dont la puissance de frappe est si dévastatrice qu’elle en ferait presque de l’ombre à son frangin, inépuisable sulfateuse à riffs. La Panzer Division Duplantier n’épargne personne ce soir, que ce soit les plus exigeants en matière de performances techniques, que les néophytes venus se faire un avis sur LE « phénomène metal français ». Le spectacle ne serait rien sans la magnifique scénographie, illustrant tous les combats du groupe et transcendant les émotions de ses titres les plus poignants. Gojira est ce soir ce titan émergeant des profondeurs de l’océan et déchirant le ciel pour embraser la Terre. Monstrueux.
Il n’en fallait pas moins pour enchaîner avec le (désormais traditionnel) feu d’artifice incendiant le ciel de Clisson, ultime au revoir des organisateurs à la foule encore toute émerveillée par ce qu’il vient de se passer.
Merci à l’orga pour cette belle ouverture (et pour les brumisateurs à la Warzone !), on aura bien noté les petites touches de déco ajoutées cette année (fouillez dans les albums photos de Sylvain Golvet), merci à tous les bénévoles et techniciens sans qui rien ne serait possible, merci aux groupes de nous avoir fait vibrer ! Putain, qu’est-ce que c’était bon !
Last modified: 19 juillet 2022