Le froid de novembre nous pousse à nous réfugier dans la salle du Petit Bain, comme de nombreux spectateurs puisque le concert affiche complet. Et personne ne s’est trompé en venant ce soir se tenir chaud en se faisant remuer par un MONOLORD au top de son jeu. (PHOTOS : Sylvain Golvet)
Malgré une carrière de trois albums déjà sortis, il s’agit ce soir de la première date parisienne de Blackwater Holylight. J’espère personnellement que le groupe sera bien accueilli par un public venu surtout se casser la tête sur les coups de boutoir de Monolord. Car il doit être difficile de fédérer un public heureux de retrouver les salles autour d’une musique aussi sinueuse que teintée de mélancolie, et particulièrement avec ce dernier album Silence/Motion qui ne brosse pas les auditeurs dans le sens du fun. Pourtant, les cinq musiciennes s’avèrent aussi à l’aise dans des plages indie rock que doom, avec même des incursions black metal ou cette cavalcade heavy boogie sur le dernier morceau Every Corner, toujours portés par ce contraste entre un son de groupe profondément lesté et une voix éthérée qui tente de tenir à la surface. Malheureusement, sur scène cette voix peine parfois à s’imposer dans le maelström des instruments et laisse une certaine frustration.
Mais pour peu qu’on se laisse porter par les compositions fluides du quintet, on partage toute la mélancolie rageuse qui émane de cette setlist de 7 longs morceaux. Et l’applaudimètre semble confirmer que c’est bien le cas ce soir.
Et maintenant le plat de résistance, finie la finesse. Monolord semble là pour une chose : prouver s’il en était encore besoin qu’il est cette intraitable machine à riffs. Le trio est déterminé, assume complètement ses rip-offs sabbatiens, comme sur le tout récent The Weary joué ici en introduction, mais le fait avec une conviction qui défie toutes les réticences qu’on pouvait avoir avec la version studio. Tout comme les frappes d’Esben Willems derrière les fûts, le set est joué de façon hyper tendue et acharnée, comme tout bon groupe de metal devrait le faire à vrai dire.
En déroulant une une setlist pot-pourri qui se concentre sur la crème de leur discographie, comme le trop sous-estimé Rust qui fait parti pour moi de leur tous meilleurs morceaux (qu’ils se permettent même de jouer APRÈS Empress Rising !), le trio déchaîne assez vite la folie du public qui se démène comme un diable pour bien repousser les limites physiques de la salle et de ses spectateurs.
Empress Rising, lui, n’a d’ailleurs toujours pas perdu de son statut de tube doom 2010’s et fait évidemment vriller un pit déjà bien chauffé. Rien qui ne perturbera l’indéniable présence du trio sur scène, comme Mika Häkki à la basse, toujours excellent, qui fait encore remuer sa basse dans tous les sens, pendant que Thomas Jäger montre qu’il est aussi à l’aise dans le riffs quand dans les trop rares soli.
On sort sous la pluie mais dans les faits, on était déjà trempés.
Last modified: 29 novembre 2021