Les récents mois passés enfermé auraient pu tourner au cauchemar, la privation de socialisation, sorties en plein air, concerts et beuveries se transformant en enfer du quotidien où télétravail, école à la maison et tâches ménagères se télescopaient avec tous ces foutus trucs en visio, des apéros aux réunions, en passant par les concerts-sur-canapés à distance… Un putain de cauchemar duquel il aurait été impossible de se remettre sans tomber sur de pures pépites au milieu du flot d’immondices qui se déversait sur mes écrans à longueur de journée.
C’est un de ces pépites qui m’a redonné espoir, comme la lumière au bout du tunnel des égouts, nommée IN THE COMPANY OF SERPENTS. La lourdeur écrasante de leur musique m’a sorti de la déprime rampante et une fois plongé dans les ambiances de « Lux », c’est un bonheur auditif qui s’ouvre. Construit comme une pièce en trois actes, cet album crée des ambiances propices à l’introspection, pour vous porter vers une sensation de calme et de plénitude que vous n’auriez pas soupçonné avec une telle furie sonique.
Le premier acte est celui de la prise de conscience, alors que vous êtes enfermés dans l’obscurité, entouré de toute la noirceur de l’humanité. Les riffs cataclysmiques de « The Fool’s Journey » martèlent une fin du monde inexorable, et lorsque l’accélération finale vous propulse dans le vide, rien ne semble pouvoir changer votre sort. A ce stade de résilience, vous être prêts pour la suite. L’acte deux, le plus long, le plus rude aussi, tel un combat de chaque instant, vous amènera vers la lumière et vous n’aurez plus qu’une obsession : survivre. Réveillé au milieu d’une plaine aride au son d’un western post-apocalypse, vous côtoyez le chaos, la prima matera, devenant lumière incandescente et porteuse des aspirations enfouies qui ne demandent qu’à jaillir tel un volcan en furie dévastatrice déchirant l’écorce terrestre pour vous débarrasser d’une enveloppe, d’une image qui ne sert plus à rien.
Ainsi transformé, le dernier acte peut alors vous dévoiler son vrai visage : le combat n’était pas contre des ennemis physiques mais vos propres démons, qu’il vous aura fallu avouer, affronter et terrasser. Transcendé et inspiré par la réflexion que « Lux » aura provoquée, suivant les incantations quasi-chamaniques de Grant Netzorg, lui-même envouté par les frappes assourdissantes d’un batteur pillonant ses fûts au rythme des riffs cherchant à toucher le ciel, vous ne pouvez qu’être emporté et changé après l’écoute de cet album.
Oserez-vous suivre les serpents et vous aventurer au milieu du chaos en vous et laisser la lumière vous envahir ? Telle la nature, serez-vous régénéré par le feu pour devenir plus fort ?
ALBUM : « Lux »
LABEL : S/R
SORTIE : 15 mai 2020
GENRE : Sludge rock occulte
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Last modified: 12 août 2020