DESERTFEST LONDON 2019 Le Report – Jour 2

Written by Live

Deuxième jour de DESERTFEST LONDON. Levée avec les poules, et comme le reste de la horde est toujours en train d’agoniser sous la couette en regrettant les derniers litres d’IPA, je vogue vers la Galerie Proud Central, temple de la photo rock’n roll vintage. Là, salivant à la vue de Mick dans le plus simple appareil, pleurnichant devant Patti et Robert dégoulinants de charisme, j’envisage sérieusement de dégainer ma CB. Heureusement, un pressentiment me sauve de la prison pour dettes et me jette dans la Northern Line direction Camden. (PHOTOS : Miguel de Melo)

Il n’est pas 14 heures et le Ballroom est archi plein. C’est bon signe. Je ne sais  rien d’ELEPHANT TREE mais ma course folle depuis le Strand est  largement récompensée. Tout n’est que vagues voluptueuses de stoner groovy, riffs rêches et bluesy, très belles harmonies vocales. Nos Mars Red Sky nationaux ont du souci à se faire, il y a là concurrence de taille… Peu farouche et très communicatif, le groupe voit sa gentillesse payée en retour par une foule chantant Happy Birthday au bassiste Peter Holland que nous avions déjà eu l’occasion de voir au Desertfest, notamment avec Stubb ou Trippy Wicked.

Un phô, un verre de vin et je me plante devant WORSHIPPER avec suffisamment d’avance pour ne pas passer la moitié du set avec les cheveux du type devant moi dans la bouche. Encore un chant haut de gamme pour ce heavy doom 70’s made in Massachussetts aux riffs de road trip et aux mélodies empoignant l’estomac. En fait, on dirait une sorte de Pentagram sorti d’un univers alternatif dans lequel Bobby n’aurait jamais touché aux vilains petits cailloux… Du très bon donc, mais puisque je ne me téléporte pas, je sacrifie le dernier morceau afin de ne pas rater une miette de nos chouchous : ENOS.

Impossible de me rappeler comment j’ai rencontré ces cinq là mais je me souviens d’une joyeuse époque ponctuée de virées à Brighton (pour moi), de concerts à Paris (pour eux), le tout sur fond de Glad Stone Fest et de mésaventures de fourrière. Aujourd’hui au Dev, je prends la mesure de l’évolution de ce groupe qui nous bottait déjà violemment le cul au Klub en 2012 et qui passe aujourd’hui un cap supplémentaire dans la maîtrise du space rock, discipline délicate impliquant un savant mélange de puissance psychédélique façon Floyd époque Syd Barett et de vocaux rugueux à la MC5.

Quelques hugs, quelques verres et retour au Ballroom pour une courte confrontation avec le personnel de sécurité (« Sans vouloir être malpolie, je ne pense pas que ce mini sachet d’amandes représente un risque quelconque pour la sécurité » ) suivie de la magie STONED JESUS. Et je dis bien magie, car je n’ai jamais compris comment ce truc, leadé par un chanteur flirtant voire copulant carrément avec les limites de la justesse, parvenait à tourner aussi bien. Mais la formule prend, patchwork dépouillé mêlant jam parts, headbang parts et placement vocal atypique. Exactement le genre de groupe qui a l’air louche sur le papier mais qui fait chaud au cœur lorsque tu es devant.

Underworld, 19 heures. Je suis abasourdie par la faible proportion de festivaliers venus rendre hommage à ce vétéran de la deuxième vague doom. Les autres préfèrent-ils le rétro au old school? Sont-ils tous au Ballroom, fascinés par le matériel vintage de Kadavar ainsi que par leurs jeans pattes d’éléphant moulant impeccablement leurs petits… oups ! je m’égare. Avec THE SKULL, pas de cinoche du genre roadies réglant les instruments pendant que les stars préparent en coulisses une entrée minutieusement chorégraphiée. Ici, les gars s’accordent eux-mêmes, serrant çà et là les mains du public. Les pédaliers ne ressemblent pas à des machines de Turing et la batterie est minimale, tout juste agrémentée d’une crash verticale bien dodue. Seule concession de mise en scène, une intro émouvante rassemble les cinq en arc de cercle et c’est parti pour une heure de heavy doom spirituel et profond à peine pimpé par de beaux duos de guitares harmonisées et autres riffs légèrement orientalisants. Du haut de ses soixante hivers, Eric Wagner tient la route, s’accordant quand même quelques pauses donnant matière à de longues parties jammées.

Sur les conseils de la big boss, je redonne une chance à BLACK TUSK mais rien n’y fait : leur sludge crust m’est à peu près aussi agréable aux nerfs que des mouflets qui hurlent à moins de deux mètres de ma place et ce quelque soit le moyen de transport. Et comme Amenra n’est vraiment pas ma came, je tente un repli stratégique vers le sauna de Greenland Place où WE HUNT BUFFALO finit de liquéfier la foule.

Peu de temps après au Dev, CHVE prend le contrôle des platines. Nous attendions du heavy old school, nous aurons du hip-hop, de la dance et du bounce… Un peu après 2 heures, une bande de hardos en t-shirts Angel Witch se met à twerker. Je m’enfuis lâchement, convaincue que dans moins d’un verre, les crusts se mettront à pôler, et il y a des choses que l’on ne devrait jamais voir…

Last modified: 8 juillet 2019