TRUE WIDOW + KING WOMAN @ Le Ferrailleur (Nantes, 25.04.17)

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Blue Wave Production, organisateur de qualité (qui, la veille nous avait furieusement comblé avec Havok, Warbringer, Gorod et Exmortus), nous convie ce mardi 25 avril à une soirée doom/slow core dont il a le secret en notre bonne Ferraille nantaise, avec les signatures Relapse Records TRUE WIDOW et KING WOMAN. (PHOTOS : La Faute à Rélie)

KING WOMAN débute les hostilités, le rideau s’ouvre dans le silence, ambiance bizarre… Les groupes de doom/sludge sont connus pour ne pas forcément prendre contact avec le public ou respirer la bonne humeur, ce qui n’est pas dérangeant si la musique nous emporte, mais là j’ai rarement vu une telle approche… La chanteuse, Kristina Esfandiari (ex. Whirr), semble s’ennuyer tout au long du concert, les musiciens gênés nous donnent la sensation de venir pointer… La voix est noyée dans les effets et on a donc du mal à entendre les lignes de champ sous-mixées. Le son est beaucoup moins puissant que sur album, voire maigre, les riffs sont peu inventifs. Je ne savais pas que la boulangerie était une spécialité de San Francisco – ont-ils voulu se mettre à l’heure française ? – tant certaines mises en place sont approximatives. Etonnant pour un groupe signé chez Relapse Records. En témoignent le peu d’applaudissements que reçoivent les fins de morceaux, suivis de périodes de silence qui semblent s’éterniser avant le début du titre suivant : on ose ni parler ni même tousser. On aurait pu entendre une mouche voler… Leur dernier album s’intitule Created In The Image Of Suffering, le groupe a bien retranscrit cette image de la souffrance… et du vide. Mauvaise digestion ? Fatigue de fin de tournée ? Le Roi Femme avait des airs de Roi Flemme, et ne m’a pas du tout convaincu… ou bien je suis totalement passé à côté du concept.

Après une courte pause (ne négligeons jamais une bonne hydratation), c’est au tour de TRUE WIDOW de monter sur scène. Le groupe communique peu lui aussi, quelques « thank you » et un « bonsouwar » ponctuent les morceaux. La Veuve s’efface humblement, voir timidement, derrière sa musique qui sait toucher. Là, minimalisme ne rime pas avec pauvreté, les riffs simples, bien sentis tournent à l’envie, hypnotisent. On voyage dans une douce dépression qui fascine, tantôt lunaire avec le morceau « FWTS : LTM » ou « Four Teeth », tantôt solaire avec « Theurgist ». Pour moi, on est plus dans le post-rock influences 90’s que dans le sludge/doom pur et dur : guitare épaisse typée shoegaze, soutenue par une basse presque new wave, le tout cadencé par une batterie qui se veut épurée et mécanique.

En alternance ou en complémentarité, les chants éthérés et planants du guitariste Dan Phillips et de la bassiste Nicole Estill subliment cet ensemble sensuel. On perçoit au loin les nobles influences des groupes du label 4AD (Cocteau Twins, Sonic Youth, Dinosaur Jr) ou My Bloody valentine, sans plagier mais en renouvelant, réinventant, rendant un puissant hommage en clair obscur. Le groupe de Dallas nous démontre qu’un univers impitoyable peut être lumineux et psychédélique, un voyage sombre où l’on survole les abîmes plutôt que d’y plonger, avec toujours une pointe de tendresse mélancolique…

Last modified: 21 septembre 2017