Si on m’avait dit qu’un jour, je trouverais un groupe aussi malsain mais ô combien addictif qu’Electric Wizard, j’aurais ri. Aujourd’hui, je ne rigole plus, car l’occulte mais aussi le Riff Tout Puissant sont bel et bien à l’honneur chez SALEM’S POT, obscur combo suédois récemment signé sur le label californien Easyrider Records. Si vous kiffez votre doom trempé à l’acide, les 70’s et les sacrifices de vierges (pas si) effarouchées, alors vous allez dévorer cet EP au nom imprononçable, et même en redemander…
ARTISTE : Salem’s Pot
ALBUM : « …lurar ut dig på prärien »
DATE DE SORTIE : 1er avril 2014
LABEL : EasyRider Records
GENRE : Doom hautement psychédélique
MORE : Facebook – Bandcamp
« …lurar ut dig på prärien » n’est pas un disque que l’on écoute en speed juste avant d’aller au travail, ni même au casque dans les transports. Impossible. Pour savourer cet EP trois titres de près de 35 minutes, il faut se PLONGER dedans à fond : bonne sono, éclairage minimaliste et éventuellement, si telle est votre envie, l’aide d’un produit stupéfiant. Lentement mais très sûrement, le groupe nous attire dans son univers de vice, de ténèbres et de luxure sonore : avec ses quinze minutes, le morceau « Creep Purple » laisse s’infiltrer dans nos oreilles un riff rampant soutenu par un fuzz monstreux… lequel, en plein coeur de sa montée doom, explose en une messe de psychédélisme, à grand coups de reverb, de synthés et de solos galvanisants. Trois minutes purement explosives. Puis la lente procession reprend son cour. Il se passe des choses dans cette cave, et ce ne sont que les présentations.
« Dr. Death » mérite largement sa position de pilier de l’EP, car c’est de loin son morceau le plus intéressant… et enivrant. Si l’on est d’abord transportés par une intro aux allures de raga indien, le doom lascif et les plaintes Obornesques de Mentor Mike nous rappellent très vite à l’ordre… des suppôts de Salem. Le truc qui est fabuleux chez ce groupe, c’est qu’ils ont cette capacité à vous anesthésier le cerveau avec un doom über groovy qui vous berce, vous beeerrrrce (plus façon goutte de whiskey dans le biberon que conte pour enfants), pour vous offrir ensuite un pur moment de génie, comme ça, sans crier gare. Ça peut être un solo, une accélération, un riff de basse… Après la shruti-box, qui aurait franchement pensé à intégrer un passage d’accordéon dans un morceau doom ? Là où on aurait l’occasion faire des raccourcis et simplement dire qu’avec leur esthétique sonore hyper vintage et leurs ambiances d’orgies sacrificielles, ces mecs font du sous-Wizard, Salem’s Pot ramène toujours LE détail qui tue. Fin architectes que ces Suédois. La galette termine sur le HIT « Nothing Hill » (voir ci-dessous), un morceau stoner avec une montée en énergie redoutable, un groove radical tout du long, et une redescente doomesque qui ferait devenir satanique tout catho intégriste foulant le sol de cette planète. Vidéo à l’appui, c’en est que plus jouissif. VOILÀ. « …lurar ut dig på prärien » en deux mots : affreusement jouissif.
Salem’s Pot:
Mentor Mike – Orgue, Chef de Culte
Nateonomicon – Guitare, Accordéon, Hurlements
Pre-historic Pete – Basse, Hurlements
The Eagle – Batterie, Percussions, Shruti-box
Last modified: 8 mars 2014