Je ne me rappelle pas exactement quand ni comment j’ai découvert le rock brûlant et le concept B.D hors-norme de STEAK. Tout ce dont je me rappelle en fait, c’est d’avoir été aspirée dans un tourbillon d’énergie et de fuzz. Quand j’ai appris qu’ils allaient jouer au Desertfest 2013, j’ai sauté sur l’occaz de pouvoir choper l’info à la source et donc d’en apprendre plus sur ce groupe de stoner londonien plein d’énergie et de bonnes vibes. Et parce qu’ils n’ont pas l’air de trop se prendre au sérieux, je me suis dit que j’allais les chatouiller un peu. Les mecs s’appellent STEAK, alors pourquoi ne pas leur faire le coup de l’interview culinaire ? Mais ma conscience m’a rappelée à l’ordre, j’ai donc cuisiné le groupe à la sauce classique, chose super enrichissante en fin de compte. Tout juste remis de leur show/cuite de la veille au Black Heart, Kipp, Sammy et Reece m’ont emmenée au Brewdog Bar à Camden pour répondre à mes questions, me parlant ainsi (entre deux fous rires) de leur tout nouvel EP enregistré par Truckfighters, et de ce qui les fait vibrer en général… Oubliez les boissons énergisantes et les drogues, c’est du STEAK qu’il vous faut. (PHOTOS : Gaël Mathieu)
Alors les gars, la forme ?
Kipp (chanteur) : Bien ! Hier on a joué au Black Heart, c’était un bon concert plein de sueur et d’énergie… Mais là on a la gueule de bois !
Sérieux, pourquoi avoir appelé votre groupe « Steak » ?
Kipp : On cherchait un nom, et… J’ai juste crié « STEAK » et tout le monde s’est retourné.
Reece (guitariste) : Je crois qu’on était en train de parler de steak ou un truc comme ça, et on s’est dit que ça ferait un joli nom pour un groupe. Mais notre bassiste Cam n’aimait pas, alors on a du faire du forcing pendant quelques semaines. « On VA appeler notre groupe Steak, en plus tu n’es que le bassiste ». (rires) Notre bassiste se contente de jouer de la basse, il ne donne pas d’interviews.
Kipp : Ça lui a pris peut-être six mois avant de s’y faire, il détestait ce nom. Mais les gens étaient là « c’est un nom vraiment cool », du coup quand il a entendu ça, il a dit « ok bon, peut-être… ».
Reece : Le truc positif, c’est que tout le monde s’en souvient, parce que ça sort du lot. Donc même si on fait de la merde, je sais qu’ils s’en rappelleront. « Oh Steak, ce groupe vraiment merdique de Londres ! ». (rires)
Au moins, vous n’avez pas choisi un nom de groupe stoner « typique », à base de « desert machin » ou de « sun truc »…
Sammy (batteur) : Steak Wizard ! (rires)
Reece : C’est juteux ! Comme nous hier soir, d’ailleurs…
Donc j’ai entendu qu’il y a eu des changements de lineup dans le groupe, récemment. Vous pouvez m’en dire un peu plus ?
S : En fait, hier soir c’était mon quatrième concert avec le groupe. Les trois premiers, c’était en France. On est allés à Paris, à Tignes dans les Alpes pour les X-Games, c’était super. Les mecs n’avaient pas vraiment de batteur, et comme je jouais dans plusieurs groupes, on se connaissait déjà depuis un moment. On avait déjà joué ensemble avant et ils cherchaient quelqu’un, donc je leur ai proposé un coup de main. On a enregistré en Suède et ça s’est super bien passé. Puis on a fait les concerts, donc on peut dire que je fais partie du groupe maintenant ! Je suis le nouveau, et j’adore ça !
K : Il a été dans le bain direct, parce que nous sommes partis en Suède en février pour enregistrer l’EP. On a eu le souci de batteur juste après Noël, puis Sammy est arrivé et il a eu en gros 6 semaines pour enquiller tous les morceaux du nouvel EP. C’était cool parce que ça a été très rapide, et aussi très intense !
« On a enregistré notre nouvel EP « Corned Beef Colossus » dans les studios de Truckfighters en Suède. »
Justement, parlons du nouvel EP. La sortie est prévue pour quand ?
R : « Corned Beef Colossus » sortira le 24 mai. C’est celui qu’on a enregistré avec les gars de Truckfighters, dans leur studio d’Orebrö. On a passé une semaine là-bas, c’était très intéressant d’enregistrer avec eux.
K : Sortir de Londres et faire les choses dans un environnement différent, c’était cool ouais. Comme se bourrer la gueule dans une autre ville… (rires)
S : Payer la bière encore plus chère qu’à Londres… (rires)
Mais pourquoi sortir un autre EP plutôt qu’un album ?
R : On a prévu de sortir quatre EPs, tous liés par la ligne directrice de notre bande dessinée. Avec cet EP, on sortira un 12″ qui comprendra le premier EP sur la face A et le deuxième sur la face B. À l’intérieur, il y aura un dépliant avec une BD. Les quatre EP ensemble formeront une seule et même histoire.
K : Et puis, ça permet de garder une constance, on peut sortir un truc tous les huit mois. Normalement, on sortira celui d’après à la fin de l’année, puis le quatrième, l’été d’après… Pour avoir une cadence et donner du neuf aux gens.
« On a prévu de sortir quatre EPs, tous liés par la ligne directrice de notre bande dessinée. »
Et comment vous est venue l’idée de ce concept de bande dessinée ?
R : On était posés et on se demandait pour la pochette. Étant super fans de B.D, on a commencé à évoquer le sujet et ça semblait être une putain de bonne idée. En gros, on s’est transformés en méchants super héros, des gros durs ! (rires)
C’est ça ! Je veux dire, tout le monde croit que vous êtes des gros durs ! Après, à savoir si c’est vrai…
R : On chiale la nuit, mais on est plutôt badass.
K : Personne ne sait réellement à quoi on ressemble.
Je suis tombé sur votre merch guy hier, et je croyais que c’était l’un d’entre vous. Oui parce qu’en fait, j’avais aucune idée des têtes que vous aviez…
R : Donc tu cherchais le plus bourrin ! (rires)
Qui s’est occupé de la pochette ?
R : C’est un artiste brésilien qui bosse chez DC Comics. On l’a contacté, et il a aimé le projet direct. Mais comme il est très demandé, on doit constamment le relancer.
Donc vous allez collaborer avec lui pour la série complète des quatre EPs.
R : À la fin, lorsqu’on aura sorti le dernier disque qui contiendra les deux derniers EP, on veut sortir cette bande-dessinée qui regroupe toute l’histoire.
S : Et le film !
Ça serait trop bien !
R : On aimerait beaucoup faire une vidéo animée pour un des morceaux, mais ça coûte assez cher.
La scène rock londonienne m’intrigue assez, enfin surtout parce que je ne connais pas beaucoup de groupes en dehors d’Orange Goblin. Vous pourriez m’éclairer un peu sur la scène heavy de chez vous ?
R : Je crois qu’il y a un paquet de groupes britanniques de notre niveau. Il y a n’y a jamais eu autant de bons groupes en Angleterre, et je constate que ceux qui tournent le plus ici ont de plus en plus de dates en Europe. Quelque chose est en train de se passer ici, au niveau de la scène stoner rock.
Des noms ?
K : Sedulus, Trippy Wicked. On est potes avec tellement de groupes qu’on pourrait te donner 40 noms…
R : Crystal Head, Wizard Fight.
S : Dusteroid. Un de mes préférés reste The Admiral Sir Cloudesley Shovell. Comme j’aime beaucoup les trucs 70’s et très rétro, je les trouve parfaits.
R : Il y a un noyau dur de groupes avec un niveau très élevé qui sont en train de se faire remarquer en Europe. Il est en train de se passer ici ce qui se passait dans les années 90 avec la toute scène suédoise, les Dozer, Lowrider… Pour moi, d’ici quelques années la scène britannique sera faite par les groupes qui commencent juste à se faire connaître aujourd’hui.
« Il est en train de se passer en Angleterre ce qui se passait dans les années 90 avec Dozer, Lowrider et toute la scène suédoise… »
D’ailleurs, le Desertfest fait vraiment office de tremplin pour toute la scène locale !
R : Ça aide sûrement pas mal, parce que beaucoup d’Européens viennent au festival, donc ils voient beaucoup plus de groupes anglais.
Reece, tu fais partie de l’équipe de Desertscene, qui organise le Deserfest londonien. Quel est ton rôle exact au sein de l’équipe ?
R : Je joue juste dans un super groupe qui s’appelle Steak et qui, étrangement, y joue chaque année… (rires) Mais ouais, je fais partie des tourneurs du festival, d’où le fait qu’on soit à l’affiche chaque année.
K : Comme un groupe résident !
R : Chaque bonne salle a un groupe résident, et chaque bon festival a un groupe résident. L’année prochaine, on sera en tête d’affiche au Ballroom… (rires)
Vous êtes en contact avec le Desertfest Berlin ou ce sont deux organisations très différentes ? Parce que vous avez quand même pas mal d’artistes similaires à l’affiche…
R : On travaille beaucoup avec Sound Of Liberation (un tourneur basé à Berlin qui produit un paquet d’excellents groupe comme Lonely Kamel, Ufomammut, Truckfighters…) parce que lorsqu’on programme des concerts en Angleterre, on fait venir beaucoup de groupes de leur catalogue. Quand j’ai parlé avec eux de notre festival, et comme ils font du booking, je leur ai demandé quels groupes seraient dispo pour le festival en Angleterre. Ils ont dit « c’est une super idée, est-ce qu’on peut faire la même chose ici ? ». Ce sont deux festivals différents, ils font leur truc, mais on se partage les groupes. Et ça fonctionne à merveille, en fait !
Bon, et qu’est ce qu’on peut attendre de Steak pour 2013 ? Plus de concerts ? Plus de disques ?
K : Ouais ! On a commencé à poser des dates en Europe, on jouera en Autriche et en Allemagne dans les mois qui viennent… En Hollande aussi, sûrement. Le nouvel EP sort ce mois-ci, puis on commencera à bosser sur le prochain qui, je l’espère, sera prêt pour la fin de l’année.
Tout ça en auto-production ?
K : Ouais.
Vous avez pas envie de signer quelque part ?
R : À moins que quelqu’un nous offre £100,000, tu sais, on peut tout financer nous-même donc ça ne nous servirait à rien d’être signés. On est nos propres tourneurs. Si quelqu’un se ramenait et nous offrait un truc qu’on ne pourrait pas faire nous-même, on y réfléchirait peut-être, mais bon…
S : Je ne vois pas l’intérêt. Si c’est juste pour dire « oh, on est signés sur ce label… ». On peut subvenir à nos besoins seuls, donc à quoi bon ?
R : Même pour les dépenses de studio, à nous quatre on s’en sort.
On approche de la fin de l’interview. Est-ce que vous auriez des recommandations musicales à faire aux lecteurs ?
R : Dÿse d’Allemagne. Je reviens de leur set à la boutique Vans, c’était vraiment bien. Ils ne sont que deux, et pourtant ils sonnent comme s’ils étaient un groupe complet. Je devrais peut-être parler de groupes anglais…
K : Sedulus ! Ils ont une super réputation, et je les trouve vraiment bons ! Ce sont aussi des potes, c’est pour ça que j’en parle. (rires)
S : Dusteroid bien sûr. Ils ne sont pas très actifs en ce moment, mais ils sont vraiment cool.
Bon, c’est l’heure de la question stupide : où est-ce qu’on peut manger les meilleurs steaks à Londres ?
K : Hahaaa…
S : Au Hawksmoor sur Commercial Street, ou bien mon préféré, un resto brésilien à Portobello Market. L’endroit est super, ils ont des steaks fabuleux…
K : Et qu’est ce que tu recommanderais ? (ricanements)
S : L’assiette de viande pour deux, elle est énorme ! Tu peux pas te tromper !
Pour finir, question bonus. SI un booker vous offrait la chance de pouvoir partager la scène avec d’autres artistes, qui choisiriez-vous pour un jam ?
R : Je vais dire un truc évident, mais jouer avec le Kyuss de l’époque avec Josh… C’était facile, du coup vous allez devoir vous trouver d’autres groupes ! (rires)
S : Ce serait sûrement un vieux groupe anglais comme The Who, j’aime vraiment les grands groupes de classic rock.
K : Pink Floyd, juste parce qu’ils font des shows incroyables. Et puis comme ça, on pourrait profiter de leurs pyros et de leur acide ! (rires)
Sortie du nouvel EP « Corned Beef Colossus » le 24 mai.
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Last modified: 1 février 2022