Au programme de cette sélection spéciale, que des (bonnes) nouveautés ! Un paquet de groupes se sont visiblement passé le mot pour sortir leur album ou EP ce printemps, mon objectif est donc de vous aider à y voir plus clair dans cette pléthooooooore de galettes. Des outsiders qui nous surprennent avec de très jolis efforts, des vieux de la vieille qui font leur grand retour, des challengers qui n’ont pas dit leur dernier mot… Ouais je sais : « des noms ? ». Prenez donc quelques minutes pour vous mettre à la page, et découvrez les sorties d’albums stoner/doom/rock qui font que cette année 2013 démarre vraiment sous de très bons auspices !
DÉJÀ DANS LES BACS
7 WEEKS « Carnivora » (Klonosphere – dispo) 7 Weeks a frappé fort avec « Carnivora ». D’abord parce que cet album a une prod fabuleuse. Le son est rond, à la fois musclé et lumineux, et chaque morceau est un hit en puissance. Ceux qui ont proclamé que la voix était trop mise en avant n’ont rien compris : pourquoi ne pas mettre la voix de Julien en avant, alors qu’elle véhicule tant de choses que la musique seule ne peut catalyser ? Avec cet album, 7 Weeks s’émancipent de cette étiquette stoner qui leur collait au front (à tort), grâce à un ensemble qui lorgne toujours plus vers un rock lourd mais poignant, et pourquoi pas même des sonorités proches de l’esthétique grunge. Intense et mélancolique, « Carnivora » est comme une synthèse des moments les plus durs d’une existence : tu peux choisir de la porter comme un fardeau, ou elle peut devenir ta motivation pour aller plus loin et t’en sortir. Clairement, on s’en sort, et avec les oreilles crépitant de bonheur. Cet album est l’accomplissement d’un beau mouvement démarré en 2006, celui d’un groupe qui a clairement de grands jours devant lui…
THE MACHINE & SUNGRAZER « Split EP » (Elektrohasch – dispo) Il paraîtrait qu’il n’y a que deux groupes de stoner en Hollande, et que vous les avez juste sous les yeux en ce moment. Ce n’est pas moi qui le dit, ce sont eux. Copains depuis leurs débuts, Sungrazer et The Machine avaient l’idée d’enregistrer ce split depuis un moment, mais les occasions de le faire manquaient sérieusement. Le méfait enfin commis, les deux groupes nous délivrent trois titres chacun, démontrant alors tout leur talent et leur complémentarité. D’abord The Machine et son approche franc du collier, un rock typé Sons Of Kyuss qui se vit à 200 à l’heure, bardé de solos heavy bien épiques. Et puis Sungrazer, fils du désert et de l’océan qui ont le don pour créer les moments de grace, même au coeur de morceaux lourds et fuzzy comme c’est pas permis. Deux entités à l’approche différente, deux façons de se régaler en écoutant du gros son. Les fans ne seront pas déçus car les groupes se sont donné la peine de créer des morceaux vraiment frais par rapport à leur précédents opus.
PIG DESTROYER « Mass & Volume » (Relapse Records – dispo) Le groupe de grindcore américain se convertit au doom le temps d’un EP, dont les bénéfices sont destinés à soutenir la famille du regretté Pat Egan de Relapse Records. On salue donc l’effort. Pig Destroyer n’en est pas à son premier coup d’essai dans le doom, puisque le groupe avait enregistré divers splits EP avec notamment Orchid ou Isis. Écouter « Mass & Volume » procure cette sensation inédite d’avoir malencontreusement foutu les pieds dans une crypte, et d’assister à un rite satanique, toujours sans y avoir été invité. Et quand Satan (ici Jr Hayes) s’en rend compte, il est pas content. 30 minutes de pesanteur et de bruits inquiétants, ambiance HP garantie.
LOADING DATA « Double Disco Animal Style » (Deadlight Entertainment – dispo) Les Français de Loading Data n’ont aucun équivalent sur cette terre, impossible donc de vous balancer des références viables pour délimiter le périmètre musical du groupe. Parce qu’il faut dire que le périmètre est putain de vaste. Avec « Double Disco Animal Style », le mot d’ordre est simple : oubliez de réfléchir une seconde et éclatez-vous. Sans limite aucune, Loading Data balance un rock épais (certains diront stoner, mais selon moi ce groupe ne rentre dans aucune case) taillé avec autant de précision qu’un diamant, et explore avec entrain toutes les facettes du Rock’n’Roll. On a l’impression de s’être paumés quelque part entre le désert de l’Arizona et l’univers creepy déjanté de Tim Burton. Des zikos explorateurs, un maître de cérémonie qui fait groover Elvis dans sa tombe, la prod assurée par Alain Johannes et des feats d’Oliveri, Hoss Wright ou Adam Keller : « Double Disco Animal Style » a tout pour lui. Vraiment. Alors succombez. Maintenant.
BIENTÔT DISPO (et à ne surtout pas louper)
KVELERTAK « Meir » (Roadrunner Records – sortie le 26 mars) S’il y a bien Un album attendu comme le retour du messie (et bien que le messie m’importe peu), c’est le deuxième album du groupe de black’n’roll norvégien Kvelertak. Oui, black’n’roll. Comme dans punk, black motherfucking metal et rock’n’roll. Lors de la sortie de leur premier excellentissime album « Kvelertak », j’avais décrit leur musique comme étant approximativement équivalente à « toutes les couilles de taureau du monde mélangées à une putain de dose d’endorphine » (la classe, n’est-ce pas ?). Les six norvégiens se sont forgé une réputation de véritables machines de guerre en live, et au vu du récent single « Bruane Brenn », on va clairement se régaler avec ce nouvel album. Attendez vous une fois de plus à être scotchés au plafond !
ALICE IN CHAINS « The Devil Put Dinosaurs Here » (Velvet Hammer – sortie le 28 mai 2013) En 2009, « Black Gives Way To Blue » sonnait le grand, l’immeeeeeense retour d’Alice In Chains. Sept ans après le décès de leur génie de frontman Layne Staley, personne ne se doutait que le groupe arriverait à renaître de ses cendres, surtout avec ce William DuVall dont personne n’avait entendu parler ! Septembre 2009, « Black Gives Way To Blue » sort dans les bacs, je m’en souviens comme si c’était hier. Dans nos oreilles, une perle de 11 morceaux rock sombres et possédants, un coup d’éclat orchestré par le maître du riff ultime, j’ai nommé Jerry Cantrell. Impossible de comparer ce disque aux autres classiques du groupe, et pourtant c’est du pur AIC : riffs sauvages et addictifs, harmonie vocales hypnotiques, émotion. Vous pouvez donc comprendre que les fans attendent énormément de ce nouvel album, car la barre a été hissée TRÈS HAUT par le groupe il y a quatre ans. Sortiront-ils de leurs schémas habituels ? Ou bien « TDPDH » ne sera que la suite logique de son prédecesseur ? Les paris sont ouverts.
LOS DISIDENTES DEL SUCIO MOTEL « Arcane » (Deadlight Entertainment – sortie le 8 avril) Los Disidentes Del Sucio Motel, des gringos qui cultivent un univers bien à eux depuis leur « Soundtrack from the motion picture » sorti en 2008. Les six desperados adorent tout ce qui touche à l’imagerie redneck et sont des as de la dérision… même si leur stoner de gros barbu viril et tatoué n’a rien d’une partie de rigolade. Pour la comparaison, je dirais qu’ils ont trouvé leurs alter égo outre-Manche avec Steak. Les deux morceaux « Z » (bien plus pour série Z que Zorro) et « Ouija » mis en ligne sur le Bandcamp de Deadlight Ent. sont sans mentir deux tueries qui laissent entrevoir un album assez phénoménal. On retrouve cette épaisseur, cette émotion, ces sonorités southern qui caractérisent LDDSM et qui en font un incontournable du heavy rock à la française. Vivement !
MARS RED SKY « Be My Guide » (Mars Red Sound – sortie le 8 avril) Mars Red Sky aime bien faire les choses en deux temps. En 2011, on avait eu droit à un appetizer EP avant la sortie de leur premier album, qui avait été largement salué par la presse et les amateurs de stoner et rock psyché. Deux ans plus tard, re-belote : il faudra se contenter d’un échantillon (appétissant) avant d’avoir the deuxième galette entre les mains. Cet EP « Be My Guide » marque une nouvelle étape dans la musique du groupe, déjà unique en son genre. Pour ceux qui les pensaient encore emprisonnés dans les méandres sableux du désert andalou, mettez vous juste dans le crâne que Mars Red Sky est l’un des groupes stoner les plus évolutifs et doués de sa génération. « Be My Guide » s’annonce à nouveau comme une ouverture sur des terrains inexplorés, dont deux morceaux surprenants mais ravissants (je n’en dis pas plus, à vous d’aller écouter). Je ne peux également que vous conseiller de les choper en live, ils sont en tournée non-stop dès à présent (go Facebook pour l’info en temps réel).
KADAVAR « Abra Kadavar » (Nuclear Blast Europe – sortie le 15 avril) Kadavar ou la révélation stoner 2012. Perçus par certains comme des hipsters opportunistes, les Berlinois de Kadavar ne sont pourtant que des gars archi fans de culture 60’s et de bon rock. Le premier album éponyme était une tuerie de rock vintage psyché, le genre de bombe qui te propulse sans détours 50 ans en arrière (déjà…), et dont les standards de prod sont tellement old school que c’en est presque irréel. Pourtant Wolf, Tiger et Mammut sont bien réels, et ils sont désormais à l’affiche du SXSW et du Desertfest, pour ne citer qu’eux ! Effet de mode ou pas, rien à carrer, ces ptits gars sont tellement doués pour nous faire tripper qu’on mise tout sur eux, et sur leur nouvelle galette. Spontanés, ils ne promettent aucune continuité avec le précédent opus. Le nouveau single Doomsday vous aidera peut-être à vous faire une idée…
UNCLE ACID & THE DEADBEATS « Mind Control » (Rise Above Records – sortie le 15 avril) Un 13 février de l’an 2010, un groupe anglais du nom d’Uncle Acid & The Deadbeats décide de sortir son premier album, ni vu ni connu. Qui est cet Oncle Acide ? Personne ne le sait encore. En 2011, deuxième méfait et pas des moindres : le groupe de Cambridgeshire sort son deuxième LP « Bloodlust ». Sang et luxure, voilà qui résume très bien l’atmosphère doom psyché des cousins éloignés d’Electric Wizard. Écouter Uncle Acid, c’est comme faire un bootcamp hippie, où décadence et bizarrerie seraient les principaux mots d’ordre. Ces adeptes du fuzz et des riffs meurtriers m’ont eue par les sentiments, et je ne peux que vous conseiller de vous replonger dans ce dernier EP, en attendant le coup de grâce qui va vous tomber dessus avec « Mind Control », dont vous pouvez déjà écouter un extrait ici. Ave Satanas…
BELZEBONG « Dungeon Vultures » (A/P – sortie le 20 avril – en écoute) Sludge instrumental et weed de qualité made in Poland, voilà ce qu’est Belzebong. Il a suffit à ce groupe d’une démo et d’un EP (« Sonic Scapes & Weedy Grooves » sorti en 2011) pour se faire remarquer et se faire leur place au sein de la scène doom/stoner euro. Alors oui, cet EP n’apportera sûrement rien de bien neuf à l’horizon… mais du « gras » neuf, c’est tout de même toujours mieux que de la vieille friture rance. « Dungeon Vultures » sera donc parfait pour se la coller à 360°C, le volume à fond dans les amplis. Et puis, ils jouent le mois prochain au Desertfest London, alors pourquoi ne pas se mettre en condition de suite, hmm ?
Également à venir :
BLAAK HEAT SHUJAA « The Edge Of An Era » (Tee Pee Records – 09/04/13)
GODSIZED « Time » (A/P – 22/04/13)
HOWL « Bloodlines » (Relapse Records – 28/04/13)
CULTURA TRES « Rezando Al Miedo » (Devouter Records – 15/05/13)
BLACK TUSK « Tend No Wounds » EP (Relapse Records – mai 2013)
KYLESA « Ultraviolet » (Season Of Mist – 24/05/13)
QUEENS OF THE STONE AGE « Like Clockworks » (Matador Records – juin 2013)
Last modified: 13 novembre 2013