Arriver à blinder le Saint Ex un lundi soir froid et humide : c’est le pari qu’à réussi Slice Event & Pizza en organisant la venue du duo en vogue TWEAK BIRD à Bordeaux. Autant je savais qu’on allait prendre du riff et du delay dans les oreilles avec les légendes locales MARS RED SKY, autant je ne m’attendais pas une telle déferlante de décibels avec TWEAK BIRD ! La cave bordelaise a vu ses murs trembler, et son public devenir hystérique devant la prestation des deux groupes. Un 1er round des « Holy Monday Mirror Parties » mené avec brio, avec un report qui sent la sueur…
MARS RED SKY (site web)
Il y a du monde dans la cave du Cours de la Marne, et il semblerait que ce ne soient pas uniquement les américains de Tweak Bird qui aient rameuté le Bordelais. Eh oui, les local heroes MARS RED SKY nous honorent ce soir de leur présence, avant de (re)partir sur la route, pour deux festivals (dont le Desertfest Londres où je serais présente) et une grosse tournée promo européenne. Les voir jouer à domicile relève donc de plus en plus de l’exploit, mais comme ils sont sympas et reconnaissants, ils ont décidé de nous jouer en exclu leurs nouveaux morceaux (dispo sur leur prochain EP qui sortira le 8 avril). Le groupe a donc tout le soutien du peuple, avant même d’avoir commencé son set. Avec une moitié de la salle composée de potes du groupe, c’est ambiance familiale, et private jokes à gogo. BOYS ARE BACK IN TOWN !
MARS RED SKY nous livre donc comme promis un set 50% oldies, 50% new stuff. Le set démarre sur un instrumental grandiose, le genre de boucle dans laquelle on aimerait rester prisonniers pour le restant de nos stupides vies. Puis les morceaux du premier EP se posent en véritables points de repère pour les amateurs, avec leur groove puissant et leur torpeur enivrante, emportée par les effusions vocales d’un Julien Pras qui sait clairement ce qu’il fait. Chaque morceau est acclamé, mais aussi entrecoupé par les « Strong Reflection ! » pressants de quelques habitués (qui finiront par obtenir satisfaction à la fin du set). Viennent alors les nouveaux sons : pas de changement fondamental dans le style MRS, toujours autant de psychédélisme et de volutes épaisses de fumées… Cependant, le groupe semble avoir intégré quelques délires un peu plus pop 60’s (c’est le feeling que j’ai eu sur le coup, mais je me trompe peut-être) : plus de légèreté donc, et on accélère la cadence s’il vous plaît ! Et c’est avec autant de mojo que le trio nous fait découvrir un morceau qu’ils ont « fini d’écrire hier », où Julien laisse une partie du chant à son compère bassiste Jimmy. Bien que ce dernier prétende « chanter faux », les harmonies vocales des deux dudes sur le refrain sont tout simplement parfaites. La recette marche à mort, chaque riff nous surprend au tournant, et en même temps, nos pieds ne cessent de battre le rythme. Cette presque heure de set se termine en acclamation du Saint Ex, plein à craquer !
TWEAK BIRD (site web – Soundcloud)
TWEAK BIRD viennent de l’Illinois. Ils nous l’ont dit. On m’aurait donc menti ? Quoiqu’il en soit, ils peuvent venir du Kentucky, ils n’en reste pas moins qu’ils ont la touche hipster typique des Californiens. Entre le style ado goofy du batteur, et les superpositions de couches façon clodo hippie du gratteux, je suis en admiration devant la panoplie vestimentaire du groupe (on s’en fout du style, me direz vous, mais oui !). L’heure du Saint Décibel a sonné. Sans mentir, je crois que j’ai jamais pris autant de décibels dans la face de ma vie, ces mecs sont des bouchers, des tueurs, murderers ! D’abord assourdissante, la musique garage punk/psyché des frérots en devient vite fascinante. Sans parler de l’énergie de psychopathe du batteur, qui va rendre dingue les trois quarts de l’assistance grâce à son « toucher subtil » (hum) et son air sympathique. Petit détail qui a son importance : l’osmose entre les deux frères, en permanence en eye contact. Le chanteur filera même à son frangin en sueur son t-shirt tie&dye… en guise de serviette (mais ne vous inquiétez pas, il a encore une djellaba et trois t-shirts en réserve).
Certains abusent du terme garage pour en faire un genre musical, je vous dirais que le garage (et c’est aussi valable pour le grunge) s’apparente plus à style de vie, à une énergie. Et là pour le coup, on y est dans le garage, en plein dedans. Et en superposant des voix éthérées à leur riffs noisy-graisseux et leur beats punk, le groupe crée la surprise. Plus le set avance, plus le Saint Ex pogote : filles, garçons, vieux loups de mer, cafards, tout le monde. Les sourires sur les visages d’Ashton et Caleb en disent long sur l’atmosphère de la salle et les bonnes vibes envoyées par le public, aux anges. Même moi qui était au départ plus contemplative que conquise, je finis par headbanguer malgré la migraine, et les acclame comme tout le monde après l’ultime morceau. Pas de rappel, malgré des cris d’amour insistants, mais on sait désormais que le Bordelais ne se déplace pas pour rien un lundi soir. Et ce soir, c’était clairement QUELQUE CHOSE.
Rendez-vous lundi 18 février au Saint Ex pour SUNGRAZER ET THE MACHINE
Last modified: 19 avril 2014