Cet article sera clairement le premier de tout le blog à ne pas faire l’éloge de DOWN. Car à trop grande attente, il peut y avoir grande déception, et DOWN nous ont fait clairement poireauter depuis l’annonce d’un nouveau « projet » il y a… des lustres de cela. Alors ça y’est, il est sorti, « le précieux ». DOWN avaient prévenu : le « Purple EP » sera un putain de retour aux sources doom. Ok. Mais à trop baigner dans la marmite old school et à s’éloigner de sa vibe sudiste, le groupe a perdu en créativité et nous a pondu un EP manquant cruellement de charisme et de chaleur. Le comble pour les rois du swamp.
L’attente fût longue, donc. Plusieurs années à attendre l’extrait, même de 20 secondes, qui allait nous confirmer que le génie de DOWN n’aurait pas duré que 3 albums. Premier extrait live lâché par le groupe en début d’année : « Misfortune Teller ». Première déception. Cet oiseau de mauvaise augure a sûrement des accointances avec « Temptation Wings » pour l’esprit et le tempo, pourtant il a plus la saveur d’une démo tombée du camion que d’un hit en puissance. L’épaisseur sonore est là, mais y’a pas cette vibe qui fait trembler mon palpitant. Et c’est sans parler du solo complètement plat qui sévit à la moitié du morceau… Premier facepalm.
Le morceau d’intro « Levitation » sonne comme une reprise naturelle après le fade-out de « Bury Me In Smoke » sur l’album « NOLA ». Avec ce frisson qui monte crescendo dans la moelle épinière, on s’attend forcément à un truc archi balèze. Sauf qu’après deux minutes d’une montée en puissance magistrale, se pose un riff principal (punchy, je l’accorde) qui n’a pour unique vocation que de… tourner en boucle. Euh ? Où sont passées les riffs de génie de Keenan et Windstein ? Ceux qui font qu’après la première mesure, on sait de suite à qui on a affaire, avec ce groove et ce swing super accrocheurs… Ceci dit, Philip H. Anselmo assure son boulot de bête de leader, et envoie chier ses poumons avec force et conviction, et Jimmy Bower est également très très en forme. Un bon point pour DOWN, malgré tout.
« Witchtripper », le fameux morceau au nom intraduisible dont le groupe parlait avec tant d’amour, est lui aussi une belle déception. C’est simple : prenez n’importe quel cover band de DOWN, faites leur composer un morceau, et vous obtiendrez « Witchtripper ». À savoir, du réchauffé de DOWN par le groupe lui même. Vocalement et émotionnellement, il ne se passe pas grand chose (sauf qu’on aura bien compris que le morceau s’appelle « Witchtripper »), et musicalement c’est toujours l’encéphalogramme plat…
Au final, ce sont les morceaux qui ont bénéficié d’une promotion moindre de la part du groupe qui s’avèrent être les plus intéressants. « Open Coffins » et « The Curse Is A Lie » redonnent un peu d’espoir à la fan que je suis : je prends pour la première fois du plaisir à écouter cet EP. « Open Coffins » démarre cash et pose une atmosphère horror show bien old school avec pour fil d’Ariane la basse hypra lourde de Pat Bruders (dont le travail est joliment mis en avant au mixage). Ça décolle enfin, et mon cerveau engourdi trouve alors du sens aux hurlements d’Anselmo… Le groupe parlait d’influences à la Witchfinder General pour cet EP : « The Curse » est le morceau le plus sombre (et de loin le plus kiffant) de tout le disque. Comme pour l’exécution d’un rituel vaudou, la batterie de Bower claque sec, et les riffs s’immiscent comme un venin dans le sang… donnant l’impression que le groupe s’est enfin réveillé. « This Work Is Timeless » étant un rescapé des enregistrements de « OTU », on peut donc difficilement le comparer aux autres morceaux. Sans être transcendant, il possède un bon feeling et une authentique dynamique.
Alors en lisant la plupart des chroniques sur Internet qui encensaient littéralement cet EP, je me suis demandé si : 1/ c’était la première fois que les chroniqueurs écoutaient DOWN (et alors je comprendrais leur engouement), 2/ l’attente a créé un tel manque que ces derniers étaient prêts à prendre n’importe quoi pour le combler, comme tout bon toxico qui se respecte, 3/ ils ont été achetés par le chargé promo du label. « Down IV Part I – The Purple EP » n’est pas un projet médiocre en soi, mais lorsqu’on a eu des albums comme « Over The Under » ou « NOLA » entre les mains, qu’on les a écoutés jusqu’à en perdre l’audition, qu’on a headbangué et levé le poing fièrement au son épais et bluesy de « N.O.D » ou « Eyes Of The South », on ne peut qu’attendre d’avoir du suprême de DOWN en guise de suite. La démarche des 4 EP était totalement louable, mais je finis par me demander il n’aurait pas mieux valu qu’ils s’attachent à faire un seul et bel album, plutôt qu’une suite d’EP aux intentions hyper différentes. « Purple » n’est que le premier de la série, de ce fait l’avenir nous dira si je me trompe…
ARTISTE : DOWN (site officiel)
ALBUM : « Down IV Part I – The Purple EP »
Date de sortie : Septembre 2012
Label : Down Records
Genre : heavy métal / doom métal
Note : ✩✩✩
Last modified: 16 octobre 2013