Le quatuor au palmarès bruitiste le plus légendaire est de retour en Europe. Avec dans ses poches un sublime album paru l’an dernier, Gone Dark, et dont la qualité n’a d’égal que l’indifférence du grand public. En parlant de public, on se demande comment un tel évènement noise rock peut rassembler aussi peu de monde à Paris. Petit Bain sonne bien creux ce soir et les absents ont eu (comme toujours) tort de ne pas honorer la première date de la tournée européenne de Human Impact. (PHOTOS : Sylvain Golvet)
En guise de mise en bouche, un groupe à l’ambiance diamétralement opposé aux new-yorkais. C’est Maquina qui a l’honneur de faire la première partie, et ils nous ont bien surpris ! Avec leur techno-rock enjoué, le trio portugais au look de hippies allemands arrive, passé l’effet de surprise, à nous faire dodeliner puis remuer des épaules, et tout à coup c’est tout notre corps qui est pris d’une envie irrépressible de s’agiter et de se laisser aller, tel un after plus festif que jamais. Respect.

Après une petite pause sur la terrasse de Petit Bain, à échanger sur cet ovni inattendu et positif, il est temps de redescendre dans la câle pour le set tant attendu de Human Impact, et découvrir comment sonne les morceaux de Gone Dark mêlés à ceux du premier album. Ouvrir sur « Collapse » et son brouillard électro, auquel succèdent les riffs barbelés, sur fond de projections d’images d’oppression policière, de régimes totalitaire, d’effondrement des civilisations, de guérilla urbaines, ça donne le ton de ce qui va succéder.
Brut. Apocalyptique. Abrasif. La musique de Human Impact est féroce et insistante, leur son est une force de la nature, un ouragan qui déferle sans le moindre répit, tel un monde qui s’écroule, où les institutions et les gouvernements de plus en plus totalitaires n’ont plus que la violence et la peur pour contrôler les populations et exploiter les ressources jusqu’à épuisement.

Sur de nombreux morceaux, c’est la magie electro-indus de Coleman qui débute comme un chatoiement, avant d’être rejoint par des riffs menaçants et une batterie qui est le cœur battant de la tempête, de laquelle émerge le chant écorché de Chris Spencer. On est à la fois captivé par la beauté des arrangements et emporté dans un torrent sonore qui nous entraîne inexorablement, sans qu’on éprouve l’envie d’en sortir.
Malgré la noirceur des paroles et des thèmes et une sensation de claustrophobie, on se sent bien et ce set incroyable fait un bien fou. Destroy to rebuild ? L’obscurité n’est pas une fatalité si nous avons envie de construire quelque chose de meilleur. Il faut juste se débarrasser de ce monde actuel avant…
Last modified: 24 avril 2025