Paris vaut bien une (dernière de) METZ ! Faisant partie des (rares) amateurs de leur dernier opus Up On Gravity Hill, je me réjouissais déjà de cette soirée. Mais précédé d’un message annonçant la fin prochaine du groupe canadien pour une durée indéterminée, cette tournée revêt un caractère encore plus exceptionnel et l’on ne se voyait pas la rater.
Mais avant ça : basées à Brighton mais originaires de Malte, les filles de Ġenn ont probablement hérité de cet esprit insulaire porté sur l’exploration. Leur post-punk anguleux aime explorer du rock le plus occidental jusqu’aux sonorités orientales. Volutes de basse omniprésentes, guitare parcimonieuse et pertinente, et surtout un chant puissant et habité par la charismatique Leona Farrugia, autant d’ingrédients formant un groupe à la présence scénique notable. L’osmose des quatre musiciennes, dont on ressent à chaque instant le plaisir de jouer ensemble, fait le reste et nous laisse dans les meilleures dispositions pour le reste de la soirée.
On attend donc le show des Canadiens avec une certaine appréhension et des questions sur la setlist. Sera-t-il un baroud d’honneur ? Ou la preuve d’une séparation adulte et réfléchie ? En tout état de cause, et sans sombrer dans la nostalgie, METZ est bien décidé à honorer son nouvel opus de 2024, Up on Gravity Hill, et parsème la setlist des titres de ce dernier comme « Entwined (Street Light Buzz) », « 99 » ou « Superior Mirage ». Des titres oeuvrant plus ouvertement vers le shoegaze ou le grunge, mais qui convainquent même les sceptiques par une exécution habitée. Et qui permettent l’alternance avec les plus furibards tirés de leur impeccable discographie, tels « Get Off » ou « Mess of Wires » qui provoquent de belles poussées dans la fosse. Un oeil en arrière (“this one is dedicated to Steve Albini”), un autre vers l’avant (je paraphrase : “faites vivre votre scène musicale locale”), METZ est donc là, bien présent avec nous, dans l’entièreté de son art.
J’ai lu il y a peu l’opinion d’un chroniqueur live qui regrettait que le noise rock n’ait plus de pouvoir subversif, que tout ce bruit serait finalement vain. Sauf qu’il est probable que le genre n’ait jamais eu ce pouvoir. Par contre, le noise rock, quand il est exécuté avec la manière, par ce trio-ci, révèle toutes ses qualités cathartiques. Un son sorti avec une telle énergie frappe les oreilles, le corps et le cœur avec une force, qu’elle ne demande qu’à être absorbée et rendue. Le son de basse nous enveloppe, les guitares nous secouent, la batterie nous soulève. Le coda étiré du fabuleux « A Boat to Drown In » nous transporte loin tout en nous recentrant sur nous-même. Les regards et les cris de joie vus dans la fosse ce soir prouvent bien toute la pertinence de la musique de Metz. Et elle nous manquera.
Last modified: 7 novembre 2024