DESERTFEST BELGIUM 10ème édition : le report.

Written by Live

Dix ans que le Desertfest Belgium est devenu une institution au sein de la communauté stoner en Europe. En guise de gâteau d’anniversaire, l’orga avait misé sur quelques belles têtes d’affiches avec Russian Circles, Fu Manchu et surtout Monster Magnet. En effet, les piliers du genre avaient eux aussi un anniversaire à fêter avec leurs 35 ans de carrière, et une tournée européenne passant bien sûr par Anvers. La suite vous la connaissez : les ennuis de santé de Dave Wyndorf ont contraint les Américains à écourter leur trip. La veille du festival a donc vu son lot de spéculations plus ou moins crédibles, à défaut d’annonce sérieuse, et on aura entamé ce week-end sans savoir qui aura la lourde tâche de remplacer les Spacelords. Heureusement que la programmation est des plus éclectique, proposant pas moins de 45 groupes sur 3 jours, balayant tout le spectre des musiques lourdes et psychédéliques. (TEXTE : Yannick K. / Lord Pierro / Sylvain Golvet – PHOTOS : Sylvain Golvet)

Aux confins des ténèbres et du doom

Et dans le rayon lourdeur, lenteur et plantage de piquets, le Desertfest a tout de quoi nous régaler. Tête de gondole attirant le chaland, Monolord devait ravager l’auditoire comme jamais, grâce notamment à l’apport d’un second guitariste (Per Wiberg). Perdu. Ce dernier est cantonné aux abords de la scène et sa guitare ne se fait pas vraiment entendre. « Empress Rising » fait toujours le taf mais pour le reste, on reste de marbre. Non, il fallait se faufiler et maîtriser le running order pour dénicher les pépites jalonnant le festival. Pour autant, faire jouer des groupes au bout du bar, c’est rigolo, mais quand on ne voit rien, on profite moins : c’est ce qui nous est arrivé pour Divided sur une Vulture Stage bien trop petite, il faut le dire. Mais heureusement la violence sonore perpétrée par les locaux fut une révélation : la Belgique est une terre de talents trop sous-estimée en matière de post HxC !

Divided – Desertfest Belgium (Photo : Sylvain Golvet)

Un doomeux averti en vaut deux, c’est donc aux premiers rangs de la Vulture Stage que nous avons accueilli les Polonais de Spaceslug, bien trop rares en dehors de leurs contrées ou en live tout court. Leur set tout en puissance et en interludes atmosphériques dont seul l’escargot de l’espace en a le secret fût le véhicule parfait pour accompagner la rage de Bartosz.

Nous en ferons tout autant pour Daevar pour se voir confirmer que le trio allemand n’est pas seulement un ersatz réussi de Windhand. C’est en effet avec « Amber Eyes » que le groupe se détache nettement de ses influences. Affichant son soutien aux Iraniennes, Pardis Latifi nous hypnotise de sa voix. En réponse, les solis planants de Caspar Orfgen font mouche à chaque fois. Autre sensation attendue, Norna aurait dû être la raclée de cette édition. L’absence du chant en façade en décidera autrement, et malgré une puissance instrumentale rare, c’est une vive déception que de n’avoir pu apprécier la musique du groupe dans son entièreté.

Conan – Desertfest Belgium (Photo : Sylvain Golvet)

Pour se rattraper et se rappeler la définition de la lourdeur, on répond présents pour Conan. Les Anglais délivrent toujours et encore un doom chaotique et pachydermique, et ce set n’a pas fait exception. Immergés par les projections en arrière-plan, Jon Davis oeuvre en shaman maléfique. On est arraché à la réalité et projeté dans un univers parallèle où tout est ralenti et écrasant. Une messe noire pour les masses, toutes aux pieds du barbare. Mais la palme de l’apocalypse sonore revient aux Américains de Morne. Mêlant un post-metal brutal et acéré à des atmosphères toutes en noirceur, leur son prend aux tripes. La violence cathartique hurlée en plein visage nous envahit jusqu’à nous épuiser physiquement, tant l’intensité de leur musique ressemble à un paysage dévasté. On en sort autant hagard qu’heureux, sensation étrange et bouleversante. Une des découvertes du week-end au rayon joie de vivre.

On ne pourrait pas clôturer ce catalogue de la noirceur sans évoquer la prestation de Wolvennest et Messa, refermant la page doom de ce festival à leur façon. Le premier, en bon voisin bruxellois, attire nombre d’initiés pour son rituel occulte à l’heure du thé. Bougies, chandeliers, poignards et autres artefacts du kit du parfait sataniste soignent leur scénographie ésotérique. Et ça fonctionne : voir les six membres apparaître dans un nuage de fumée rougeâtre avec leur dégaine de croquemorts fait son petit effet. La musique n’est pas en reste puisque leurs riffs lourds mais hypnotiques ainsi que leurs sonorités lugubres collent parfaitement à cette ambiance de cérémonie noire grand public. Autre culte du dimanche, c’est celui de Messa dont la mélancolie et la délicatesse vient adoucir les moeurs. Lorsque la prêtresse Sara entonne les premiers vers de « Babalon », le silence dans la salle se fait d’or. Jamais on aura eu un tel calme sur la Canyon Stage, complètement absorbée par l’imposante voix de la chanteuse. Respect. Les Italiens ont désormais gagné en confiance et emportent l’auditoire dans des montagnes russes émotionnelles entre solos virtuoses et chant envoutant. Réel moment suspendu du festival, entre beauté obscure et chatoiement doom.

Messa – Desertfest Belgium (Photo : Sylvain Golvet)

Un nouveau royaume sonore nous ouvre ses portes

Il y a ceux qui voulaient s’enterrer sous six pieds de lourdeur, d’autres ont à l’inverse pu s’élever par les airs ou se liquéfier sous l’action de l’acide sonique. Et la Vulture Stage nous aura encore joué des tours puisque nous sommes arrivés trop tard pour apprécier la sensation japonaise Green Milk From The Planet Orange, d’autant plus que le trio à la bonne idée de jouer son rock prog et psyché expérimental… assis.

Même si Elder ne s’est jamais interdit aucune évolution vers une musique plus complexe et variée, Nick DiSalvo avait besoin de Delving pour y assouvir ses penchants plus prog et kraut. Au plaisir d’un public nombreux qui est venu remplir la Canyon Stage pour y entendre Elder avec une autre section rythmique. Malgré nos réticences sur ce projet (rapports à la prod du dernier album), la prestation offre une belle progression vers des moments épiques où l’on sent le plaisir de jouer chez ces musiciens de talent. À privilégier en live donc.

Peu avare en topographie variée de sons, Russian Circles avait tous les atouts pour nous faire voyager en territoire tumultueux et déchirant. « Harper Lewis » fait tourner la machine à mouvement perpétuel et les boucles de synthé flottent au-dessus. Leur son particulier aussi clair que puissant met toute la salle en résonance — à se demander si nous n’étions pas en face d’un set de musique électro. la construction des morceaux n’a pas son pareil pour nous faire vibrer mais le rendu ce soir est malheureusement vide de tout aspérité organique. Dommage.

Russian Circles – Desertfest Belgium (Photo : Sylvain Golvet)

Autrement plus chaud et émouvant, Child nous régalent avec leurs jams heavy blues. La Canyon Stage se prête parfaitement à la communion et leur set est une efficace machine à remonter le temps, compteur de Delorean bloqué en 1970 lorsque Blue Cheer, Cactus et Jimi pacifiaient l’Amérique de leur extase électrique. D’autres Australiens ont eu à coeur de nous envoyer dans l’espace avec leur son venu d’un autre âge. Seedy Jeezus ressuscite l’esprit du Band of Gypsys, entre blues et funk : c’est Jimi Hendrix qui ferraillerait avec Eddie Hazell pour ériger des brasiers d’électricité et les éteindre à coups de riffs liquides. On aura vraiment kiffé l’Australie cette année.

Le saxophone était décidément l’instrument à l’honneur de cette édition. Entre les space indians de Red Scalp, les avant-gardistes de Five The Hierophant, nous avons eu droit à quelques solos furieux de sax, dont ceux de REZN étaient certainement les plus déchirants. La sensation doom-psyché n’a pas failli à sa réputation, tant ces contorsionnistes flamboient de leurs subtilités inspirées du Moyen-Orient avant de nous emporter dans les profondeurs d’un sombre trou noir.

REZN – Desertfest Belgium (Photo : Sylvain Golvet)

On se demande ce qui a bien pu se passer dans la ville rose pour qu’elle devienne l’épicentre d’un rock cosmique. Toulouse, capitale de l’aérospatiale et du space-rock ? Ce n’est ni Slift, ni Karkara qui vous diront le contraire. Même si le destin du second reste étroitement lié au premier jusque dans certains choix artistiques, Karkara avait à coeur de prouver que leurs folles échappées suivent pourtant une trajectoire différente, enrichie par des motifs qui ont eux aussi quelque chose de presque oriental. Nous sommes donc téléportés sur Arrakis en compagnie des Fremen, où le trio en serait le Muad’Dib supersonique. Le moment d’apothéose psychédélique intervient avec « Anthropia » et son refrain si entêtant. Le public, comme envouté et ensorcelé, récitant la rengaine bien après la fin du set endiablé des Toulousains.

Et en ce samedi après-midi, nous n’étions qu’au début de notre journée placée sous le signe du psych rock astral. En effet, Causa Sui nous a transporté dans son univers kaléidoscopique. Pour ceux qui se demandent à quoi pourrait bien ressembler une synesthésie de sons, il suffit d’assister à un de leurs concerts. Les notes deviennent palette chromatique, les riffs des pinceaux esquissant des arcs en ciel sonores. À l’image du morceau « El Fuego », Causa Sui se fera à la fois pesant et paisible, puissant mais vulnérable, extatique mais réfléchi. On ressort de là avec la sensation d’avoir côtoyé la perfection.

Et le fuzz règnera en maître

Au rayon stoner et amicale de la fuzz, de bien belles promesses nous attendaient (même si LA tête d’affiche du week-end a dû déclarer forfait). Avant cela, les représentants de la scène polonaise Red Scalp nous ont prouvé qu’on pouvait parler de cosmos et pow wow à grands coups de Sabbath worship et autre rasade de saxophone (si, si). Autre dépositaire d’un stoner canal historique, Valley Of the Sun avait la (trop ?) lourde tâche d’ouvrir le samedi sur la Desert Stage. Pourtant percutants et groovy sur galette, ils sont malheureusement peu convaincants sur cette grande scène. Le mutisme et le statisme des Américains auront raison de leur prestation.

L’annulation de Monster Magnet chamboule tout, jusque dans le running order. C’est donc à une version augmentée de Stoned Jesus à laquelle nous avons droit, jouant sur le slot des headliners. Ce n’est pas la bamboche espérée par moults spacelord motherfuckers mais les Ukrainiens font le job. Commencer et cloturer leur set par deux chansons de « Seven Thunders Roar » prouve à quel point cet album est la pierre angulaire d’une carrière dont cette tournée vient célébrer les quinze ans. L’actualité s’invite forcément au concert du groupe ukrainien : la scène est noyée dans le bleu et le jaune et vous pouvez même faire des dons à leurs amis dans le besoin. Malgré ces circonstances peu réjouissantes, le groupe a la frite (belge) et nous offre un bon moment en leur compagnie.

Stoned Jesus – Desertfest Belgium (Photo : Sylvain Golvet)

Le trio Black Rainbows n’est pas en reste pour déballer un set à la bonne humeur communicative. Quelques problèmes techniques viendront retarder l’allumage de la mécanique italienne mais le groupe tourne vraiment à plein régime lorsqu’il injecte le high octane du Motor City Five « Black To Comm ». La suite sera une belle dérouillée fuzz grâce aux titres de « Superskull ». Seule faute de goût de ce set : on ne porte pas le T-shirt de son groupe (ni de son label), bordel ! À défaut des piliers du stoner de la côte Est, les tenants californiens du titre se devaient donc de nous en mettre plein la tronche. Même si Fu Manchu ont toujours un son parfait et une attitude irréprochable, les voir sur scène aujourd’hui c’est comme se mater la redif d’un match pour la 458ème fois : on connait le résultat et il n’y a pas la moindre surprise ni variation. Ce ne sont pas les trois nouveaux titres qui viennent perturber une setlist désormais rigoureusement identique jusque dans l’ordre des morceaux, rappel convenu inclus.

Heureusement, Your Highness vont démontrer que défendre un nouvel album (de qualité !) avec un set intense n’est pas réservé qu’aux initiés. Du stoner metal burné également capable de plonger l’auditoire dans des ambiances marécageuses où le brouillard isole les pensées, les esprits vagabondant librement. Un finish endiablé donnera l’occasion au public de se lâcher et de célébrer comme il se doit les héros locaux. Mais la palme du concert le plus Rock’n Roll du week-end revient haut la main à Tangled Horns. Leur stoner grunge de très bonne facture donnait envie de les voir sur scène et les absents auront eu tort. Menés par un frontman — que dis-je, un showman en la personne de Tim Van de Plas qui n’aura de cesse de gesticuler, faire le pitre, sauter sur la foule, bref de s’éclater — la musique n’en est pas pour autant éclipsée. C’est gras et juteux mais aussi bien écrit et maîtrisé, ce qui donne toutes les cartes au groupe d’Anvers pour aller plus loin.

Fu Manchu – Desertfest Belgium (Photo : Sylvain Golvet)

Vous reprendrez bien un parpaing dans la tête ?

Et quand il s’agit de suer, il fallait se retrouver devant les explosifs et furibards Raging Speedhorn. 25 ans se sont passés depuis notre rencontre dans un rade londonien. Même si le line-up a bien changé, l’intensité et l’énergie déployée sont plus que jamais hors limites. Faisant office d’ovni (Objet Violent Non Identifié) dans cette prog, ce double chant ne laisse pas une seconde de répit, au rythme d’une setlist sans la moindre pause. Démarrer par « Motorhead » était le signe que ça allait chier, et nous n’avons pas été déçus. Le déchaînement a été total et ils ont mis à sac une Canyon en ébullition qui n’attendait que ça pour exploser. Un régal absolu de voir les Anglais sur le vieux continent, en espérant qu’ils reviennent pour la tournée de leur prochain album à sortir début 2025.

Lorsque la programmation est aussi variée et de qualité, il est difficile de dire qui est la vraie tête d’affiche. Peu importe, le groupe qui aura dominé le rayon « pains dans la gueule » est sans conteste Black Tusk. La rareté de leurs venues en Europe en faisait un évènement, le quatuor de Savannah n’a pas déçu. Le nouveau line-up a redonné un coup d’accélérateur au groupe sludge le plus punk hardcore qui n’ait jamais existé et les morceaux de la dernière cargaison dévastent comme prévu un public survolté. Aucun temps mort, pas de blabla : le quatuor se donne à fond, offrant un show maîtrisé de bout en bout. La setlist tape dans toutes les périodes, démontrant l’immense qualité de leurs compos qui ne souffre d’aucune fausse note. Black Tusk sont venus, nous ont défoncés et on en redemande !

Black Tusk – Desertfest Belgium (Photo : Sylvain Golvet)

Desertfest et prise de risque : it’s a match !

Depuis quelques années, le Desertfest Anvers s’ouvre vers d’autres sonorités, à la frontière des genres, que ce soit tout ce qui commence par post- voire death ou black. Une ouverture salutaire qui permet de plus en plus des découvertes inattendues et des sets un peu moins convenus.

Groupe le plus à la marge sur ce festival, Kara Delik mélange son post-punk tordu avec des sonorités anatoliennes et une énergie raw punk. Les compositions de ces Berlinois sont imprévisibles et ce n’est pas leur moindre intérêt, avec également le petit déhanché craquant du joueur de saz, faisant de ce concert LE moment parfait du festival pour exercer ses mouvements de bassin entre deux fessées punk délivrées par la section rythmique.

Coilguns – Desertfest Belgium (Photo : Sylvain Golvet)

La musique live, c’est un dialogue entre le public et les musiciens, et ça, Coilguns l’a bien compris. Louis Jucker est bien décidé à le démontrer en entrant au contact de spectateurs, mis plus ou moins volontairement à contribution. Un échange d’énergie qui se fait avec bienveillance et galvanise l’attention pour un set de post-hardcore livré avec conviction par les Suisses, au risque d’être parfois un peu chaotique, en tout cas plus fouillis que sur album. Cette deuxième journée a également été marquée, quelques heures plus tôt, par la présence poignante de Birds In Row sur la grande scène. Car derrière l’urgence de leur musique se cache une émotion non feinte, entre désespoir et espoir, colère et catharsis. Faisant la part belle à « Gris Klein », le trio radical et sans concession, joue fort, très fort. Les parenthèses aériennes, souvent piégeuses dans le genre, sont quant à elle fragiles mais jamais surfaites. Leur sincérité s’appréciait aussi dans leur prise de parole, entre fraternité et pessimisme ambiant, signe d’une certaine candeur. L’enchainement « Noah », « Cathedrals » et « Nympheas » en a laissé plus d’un dans le public (à commencer par le batteur de Daevar) complètement remué par l’émotion.

Inter fuckin Arma – Desertfest Belgium (Photo : Sylvain Golvet)

Enfin, et il n’y a désormais plus de doutes, l’orga du fest avait forcément programmé Inter Arma pour pilonner les derniers résistants encore présents sur le site en clôture du dernier jour. Résultat : un set d’une intensité folle où le quintet de death psychédélique (si, si) navigue à vue (et au whisky), enchainant les tapis de bombes du dernier album avec des reprises punitives de Neil Young, provoquant les derniers sursauts d’énergie dans nos corps meurtris qui n’en demandaient pas tant. Éreintant et transcendant, on finit le set avec un sourire du rescapé.

Comme chaque année, on ressort de ces trois jours heureux d’avoir des acouphènes plein les oreilles et les guiboles qui vous disent merde. Des jetons marqués du logo du Trix égarés au fond de vos poches et une playlist de 72 heures pleine de trucs à réécouter qui se construit sur le retour : le rituel classique pour se dire que ça y est, c’est bien terminé.

Mais au fait, qui a bien pu remplacer Monster Magnet au final ? Stoned Jesus ? Pas vraiment, ils n’ont que changé de slot. Mais alors qui pour prendre le créneau des Ukrainiens ? Gnome ? Même pas : c’est cette fameuse Crystal Pils qui a pris le relais à titre gracieux pendant une trentaine de minutes… Eh oui, quand le remplaçant du remplaçant déclare forfait à la dernière minute, il faut bien trouver un lot de consolation. On ne t’en veut pas Desertfest, mais attention : tu viens de cramer ton dernier joker  « chapeaux pointus ».  Allez, bisous. À l’année prochaine.

TOP DESERTFEST BELGIUM 2024 by la team THC

Mama Doom :
1. Black Tusk 
2. REZN
3. Birds In Row
4. Mondo Drag
5. Raging Speedhorn

Lord Pierro:
1. Black Tusk
2. Raging Speedhorn
3. Morne
4. Tangled Horns
5. Daevar

Sylvain:
1. Black Tusk
2. Inter Arma
3. Birds In Row
4. Russian Circles
5. Kara Delik

Yannick K. :
1. Black Tusk 
2. Causa Sui 
3. Messa
4. Birds In Row
5. Wolvennest

VENDREDI 18 OCTOBRE 2024

SAMEDI 19 OCTOBRE 2024

DIMANCHE 20 OCTOBRE 2024

Last modified: 20 novembre 2024