C’est la réponse à la grande question sur le sens de la vie, de l’univers et de tout ce qui est mais c’est aussi la température extérieure en ce Jeudi de canicule. 42 degrés au compteur et la crainte d’un public trop clairsemé pour ce qui est pourtant un événement, la première venue des patrons de Cave In en terres toulousaines. Fort heureusement, Noiser a assuré niveau com et on voit petit à petit la salle se remplir tandis que notre vision, embrumée par la sueur collective, se perd déjà peu à peu. Tonnerres sous les tropiques, retour sur cette inoubliable soirée!
Je suis particulièrement enthousiaste quand Jack and the Bearded Fishermen attaque son set, et pour cause, je n’ai découvert le combo de Bezançon que quelques jours plus tôt mais leur dernier album, “Playful Winds”, m’a scotché. Et très vite, je comprends que sur scène, le tout est encore sublimé!
On navigue entre noise rock, post hardcore mélodique et éléments de émo des débuts. Un peu comme si on croisait les Melvins, Glassjaw et Fugazi pour créer ce mélange hargneux mais sophistiqué, toujours sur le fil.
Scéniquement, le groupe n’est pas le plus mobile mais parce qu’ils ont clairement pensé leur implantation scénique, tout fait sens. Il se passe toujours quelque chose et nous sommes happés dans ce set d’une grande intensité. Moins de trois quarts d’heure plus tard, j’émerge de cette plongée en apnée, et je file directement au merch. Point non négligeable, 16€ pour un vinyle collector, moins de 15€ pour les tee-shirts, ce sont des prix du monde d’avant et avec l’inflation qui court, ça fait du bien au porte monnaie. En espérant que cela ne mette pas trop le groupe dans le rouge cela dit.
À peine le temps de me réhydrater au houblon que Cave In monte sur scène. Le Connexion est maintenant bien rempli et Brodsky et sa bande attaquent pied au plancher.
Quand un groupe US, avec plus de 25 ans de carrière derrière lui et ayant ouvert dans des stades pour les Foo Fighters, débarque sur une si petite scène, autant dire qu’il ne leur faut pas plus d’un dixième de riff pour mettre tout le monde d’accord. Le show est d’une qualité rare. Scéniquement, c’est la claque. Les mecs, tout sourire, multiplient les effets de manche et les hits et franchement, ça tabasse.
Entre les solos de guitare et la présence presque guitar heroesque de Stephen, les voix criées et la nonchalance d’une infinie coolitude de Nate à la basse (Converge, excusez du peu), le côté grunge shoegaze d’Adam Mcgrath et John Robert qui défonce les fûts, le spectacle est au rendez-vous.
Le public ne s’y trompe pas, vas-y que ça slamme, que ça chante sur des refrains pourtant pas si connus que ça, ça danse et pogote comme il faut, ça vient baver devant la scène quand Brodsky s’agenouille pour de la jouer rock star… Bref, la communion est totale.
Même si le début de carrière du groupe est un peu éclipsé, notamment l’injustement méprisé “Antenna”, la setlist est tout de même de grande qualité et très variée. “Heavy Pendulum”, dernier album de Cave In est forcément à l’honneur avec “New Reality”, “Blood Spiller”, “Pendulambient”, “Heavy Pendulum” et “Careless Offering” , avant de conclure le set par “Blinded By a Blaze”. Parmi les vieilleries et tubes d’antan, on retrouve évidemment “Jupiter”, “Innuendo”, “Sonnata McGrath”, “Road to Ruin”. Enfin, en rappel, “Big Riff” et “Sing My Loves” pour terminer en beauté.
Mais comment parler de ce concert sans parler de ce moment surréaliste où tout aurait pu basculer. Alors que le groupe sort de scène avant son rappel, un joyeux luron que nous appellerons Mr Fanboy 2000, grimpe sur scène, s’empare du micro et lance son appel “S’il vous plait, réalisez mon rêve de chanter avec vous le refrain de Joy Opposites”. Le garçon insiste, tant et si bien que le groupe revient sur scène et Brodsky accepte de jouer l’arpège du refrain. Notre fanboy, se lance dans la chansonnette et franchement, ces 15 secondes de rêve éveillé ne sonnent pas si mal. Alors oui, on aura ressenti une certaine gêne en le voyant insister pour que le groupe joue tout le morceau, ce que le groupe a refusé, ou en voulant rester sur scène quand le groupe commençait à s’agacer et voulait poursuivre son show. Et lorsque dans le public quelqu’un demande des baguettes au batteur, et bien c’est notre ami qui se sert directement en baguettes neuves dans le fourreau de John sous ses yeux ébahis. Entendons-nous bien, c’était un fan absolu du groupe avec un tee shirt de Cave In, qui voulait vivre son rêve et la bande à Kevin, pour en avoir parlé avec eux après coup, était finalement content d’avoir pu rendre un fan heureux.
Malgré le côté ubuesque de la situation, le groupe et le public se souviendront de ce fan attachiant. Et si tu lis ces lignes mon ami, sans rancune, sache que je raconte simplement cette anecdote ici parce qu’en bientôt 20 piges de concerts, je n’avais jamais vu cela. La prochaine fois, sois un poil plus subtil tout de même.
Une fois cette parenthèse fermée, le groupe nous a offert un rappel d’anthologie, tout le monde était éreinté après 1h20 de set dans la jungle équatoriale qu’était devenu le Connexion et franchement, Cave In a mis tout le monde d’accord tant l’exécution était sans faille. On a bouffé du riff, on a pris des refrains anthémiques dans la gueule, on a mangé des solo d’anthologie et, en plus, tout le monde a pu venir discuter ou faire son petit selfie, avec le groupe après le show. Définitivement des bons gars, qui mériteraient d’avoir un succès bien plus large tant ils ont les épaules taillées pour ça. Les patrons ont plus que fait le taff. Je donne rdv à Brodsky le mois prochain pour la venue de Mutoid Man à Bordeaux, et je file m’en jeter un dernier au bar du coin avec les copains, impatient de débriefer cette superbe prestations des deux groupes à l’affiche!
Last modified: 29 août 2023