Embouteillage de dates ce soir à Paris. Wolves in The Throne Room, Porcupine Tree ou même Sonata Arctica à Vauréal pour les plus déviants d’entre-vous. Personnellement on a choisi d’aller écouter les vétérans d’Unsane. Oui, des vieux, enfin surtout Chris Spencer, seul membre originel encore présent, et âme du groupe depuis 1988. Mais c’est une cure de jouvence que le groupe a décidé de s’administrer sur cette tournée, en rééditant le premier album et en le jouant en intégralité, ainsi que quelques morceaux supplémentaires exclusivement issus des premiers opus. Et vu comment Spencer avait l’air heureux de jouer avec ses camarades cet été avec Human Impact (soit le Unsane 2022 + Jim Coleman, en tout cas dans sa version scénique actuelle), nul doute qu’il sera galvanisé ce soir aussi. En tout cas on l’espère.
Présentement, c’est le moment de gloire d’Asbest, trio mixte qui vient de Suisse mais qui n’a pas choisi la neutralité. Et notre première constatation, c’est l’écart entre la gentillesse et la bienveillance qui émane de ses membres et la musique produite par ces mêmes individus. Cette musique, elle est indéniablement noise, hurlée avec conviction et désespoir, brassant des thèmes sociaux, politiques, de genre… Un cocktail gagnant qui amène petit à petit le public de Petit Bain à applaudir chaque fois plus fort à la fin des morceaux. Et ce n’est pas un petit souci d’ampli qui les empêcherait de nous asséner leurs brûlots.
Unsane prend possession de la scène et c’est un constat autant sonore que physique. Sonore car le son en sortie d’ampli est puissant et direct, sans concession pour nos tympans. Physique car l’espace est parcouru en long et en large par Chris Spencer (guitare/chant) et Cooper (basse/chant), les deux passant leur temps à se chercher du regard comme des épaules. Une grande camaraderie semble se jouer entre les deux et on les sent en phase pour prendre le maximum de plaisir sur scène, avec Jon Syverson à la batterie en solide arbitre et métronome.
C’est donc parti pour l’Unsane early years, celui le plus abrasif, le moins groovy mais plus punk, parfois répétitif mais aussi complètement roboratif. Bref, c’est ce qu’on appelle vulgairement une bonne branlée. Quelle démonstration de Chris Spencer, à la voix hurlée toujours d’aplomb et au jeu de guitare faussement simple, exécuté avec une aisance qui force toujours autant le respect. D’Organ Donor à Body Bomb en passant par Broke et Empty Cartridge, ça s’enchaîne sans temps morts, sans effusion dans la fosse non plus car la violence de l’ambiance à tendance à annihiler nos velléités festives. Force est de constater qu’un musique composée dans le New York mal famé du début des 90’s a encore quelques résonances avec nos vies urbaines du début des années 2020. Et l’acouphène du retour se fondera parfaitement avec notre trajet en métro.
Last modified: 17 novembre 2022