Quatuor, trio puis de nouveau quatuor, All Them Witches change mais reste ce même groupe creusant son sillon dans toutes les incarnations du blues possible, du plus heavy au plus folk, insaisissable, et évitant systématiquement de sonner ringard. Une gageure. En tout cas, ATW ramène dans sa besace une dizaine de nouveaux morceaux plutôt jammy révélés au compte goutte tout au long de l’année, devant un Trabendo archi complet.
En introduction, voilà Rich Ruth. Rich c’est le genre de pote qu’un groupe adore prendre avec lui en tournée. Il a l’air sympathique, calme, sait probablement faire de supers plats et SURTOUT il ne prend pas beaucoup de place dans le camion vu qu’il joue seul avec une guitare et une flycase avec quelques machines (synthé, pédales, bon, ça commence à faire pas mal, Rich, là).
Enfin, au-delà de la blague, on sent dans la musique du gus une connexion avec le quatuor de Nashville, dont il vient aussi (il est signé chez Third Man). Lui est également un explorateur du blues et de l’improvisation, en version plus ambiant. Pour peu qu’on arrive à s’y connecter, son set, qui évoque certaines plages expérimentales de Pink Floyd, provoque une sorte de vague de sérénité et évoque des espaces bien éloignés du trajet que l’on vient d’effectuer pour accéder au Trabendo. Une bonne manière de rentrer dans une soirée de live sans pression.
Pourtant bien attendus, All Them Witches eux aussi semblent entrer sur scène sans pression. En quatuor, ATW a tendance à sonner plus rond mais moins puissant, à l’opposé de son précédent set parisien de 2019. Et effectivement, ce soir chacun fond son instrument dans celui des autres, prenant le lead de manière fluide et dosée. Bonne nouvelle, Allan Van Cleave est aux claviers mais aussi au violon, agrémentant le set d’une touche cajun très appréciable. Résultat dans la salle : le public est captivé et concentré, et au diapason du groupe, moins enclin à la bagarre.
Pas d’inquiétude, « Charles Williams », « 3-5-7 », « Bulls », les occasions de remuer la tête sont bien là, voire même de remuer son derrière sur le dansant et explosif « Alabaster », imparable sommet du set. À l’inverse, en configuration réduite, « The Children of Coyote Woman » devient une ballade hantée par le violon de Cleave. Puis le quatuor peut revenir sur ses premiers pas avec les classiques « Elk. Blood. Heart. » ou « Blood and Sand / Milk and Endless Waters » donnant son plein écrin au talent de soliste de Ben McLeod à la guitare.
Qu’une salle plus grande comme le Trabendo fasse à All Them Witches un triomphe, consacre qu’il est bien un groupe de rock qui compte, dans son sens le plus pur du terme, aussi traditionnel qu’inventif. Et prouve que leur carrière est encore sur une phase ascendante.
Last modified: 2 novembre 2022