Sold out. Bon sang, que ça fait plaisir de voir une date de ce type complètement sold out. C’est un public de connaisseurs qui est venu remplir le Metronum ce soir, certains ont fait des centaines de bornes pour ce plateau hors normes. Birds in Row, Caspian et surtout les patrons de Cult Of Luna. (PHOTOS : Astaroth987)
C’est une foule déjà bien compacte qui vient demander une petite fessée à l’apéro et Birds in Row est bien trop content de distribuer la sentence. L’énergie primale du combo est absolument dévastatrice. Ça joue avec une insolante arrogance à matraquer les instruments, baignés dans une éclairage rouge sang et le rouge c’est la couleur des indiens, c’est la couleur de la violence! Birds in Row se la joue punk revendicateur le temps d’un message anarcho-optimiste et nous renvoie encore de plus belles dans nos cordes sans aucun temps morts pour les 15 minutes à suivre. La création par l’annihilation, rien de moins.
Un petit message sur les états dépressifs et l’anxiété et voilà que déjà les deux derniers titres du set s’enchaînent en preview du prochain album à paraître très prochainement (le vinyle pink baby… mais quelle bôté !). Après ce set colossal, le public reste groggy quelques longues minutes à se regarder. Visiblement nombreux sont ceux qui n’étaient pas familier avec Birds in Row et cherche à se remettre sur pieds.
Caspian envahit la scène et les textures se superposent pour ce post rock instrumental aux rares excès de violence. Si le tout est parfaitement construit et exécuté, difficile pour le quintet de ne pas souffrir la comparaison avec Cult Of Luna. C’est cela dit un set qui a l’avantage de mettre le public exactement dans le bon état d’esprit pour la tête d’affiche. On notera aussi l’effort de leur guitariste pour manier la langue de Molière entre deux morceaux.
Et déjà, on voit deux sets de batterie occuper la scène, ça y’est, on va prendre une rouste. Cult of Luna c’est un peu le Graal pour Noiser qui depuis des années rêvait de faire jouer les patrons du post hardcore / post métal / post tout au sein de leur programmation.
Dès les premières notes de “Cold Burn”, il se dégage de Cult of Luna une maîtrise, une qualité tant dans la composition que dans l’interprétation qui ne peut que forcer le respect. Il faut dire que COL c’est un peu le porte étendard d’un style maintes fois copié jamais égalé. Une sorte de pont entre Neurosis, Amenra et God is an Astronaut dans un condensé unique et reconnaissable entre mille. Ça sonne et ça impressionne. C’est le « Real deal » comme on dit.
Perdu dans l’éclairage tamisé et les nuages de fumée, c’est une prestation presque invraisemblable que nous livre le groupe, ce soir avec ses deux batteurs. Les ambiances se succèdent sans que le set ne perde en cohérence, avec comme mot d’ordre que toute lueur d’espoir ne doit jamais résider jamais trop longtemps chez l’auditeur. Il m’aura fallu attendre de voir le groupe en live pour prendre la pleine mesure de leur noirceur et leur lourdeur. Et il faut dire que l’ambiance visuelle, dans cette brume permanente, aide forcément à se laisser aller aux pensées les plus sombres, aux cauchemars les plus tangibles.
Alors on se laisse dériver, lentement, on intériorise ce spectacle, on perd pied. Le set est dense et éprouvant mais l’on reste hypnotisé. Après 15 ans d’attente, je savoure de voir enfin « Dim » en live, le titre avec lequel j’ai découvert Cult Of Luna il y’a bien des lunes de cela. C’est ensuite le tour de “Blood Upon Stone” de résonner dans la salle.
Soudain, il n’y a plus grand monde autour de moi, les lumières se sont rallumées, les cris résonnent toujours dans ma tête et doucement je réalise. J’ai vu Cult of Luna en live. J’ai pris une sacrée grosse claque, de celle qui raidit la nuque pour quelques jours. J’ai bien mérité un peu de repos!
Last modified: 25 octobre 2022