L’automne est là et avec lui le marathon de groupes voulant boucler leur tournée avant la morne saison. C’est ainsi qu’en ce 26 septembre, se pointait dans la Ville Rose, Colour Haze et Karkara. Si l’on pouvait s’inquiéter pour cette date de début de semaine pour un plateau qui promettait de planer plus que de se motiver pour la semaine à venir, le public toulousain a bien répondu présent en masse au Connexion.
Il est 19h45 quand les premières notes de Didgeridoo se font entendre. Le set psyché mais particulièrement sauvage de Karkara attaque tout en énergie et en bonnes ondes. La basse est ronde, la guitare claque mais pourtant le combo sait faire dans la lourdeur quand cela sert son propos.
Les compos sont complètement structurées et l’on n’assiste pas à un set de jam comme l’on aurait pu s’y attendre. Ici on a plutôt affaire à un trip illuminé et vertigineux qui s’accélère sans cesse jusqu’au point de rupture, quelques 50 minutes plus tard. Si sur le papier ce n’est pas forcément ma came (sans mauvais jeu de mots) force est de constater qu’en live Karkara se veut fédérateur et son énergie des plus communicatives.
Si Colour Haze prend son temps pour installer ses 38 amplis, 15 synthés et huit guitares sur scène, cela a le mérite de rameuter tout le public à l’intérieur et lorsqu’enfin les 4 allemands se lancent, c’est pour nous cueillir directement dans la lourdeur. Ils nous ont habitués à plus de finesse mais on ne s’en plaindra pas. Comme toujours la basse est lourde, les leads guitares cristallines et articulées, la batterie et les synthés savamment en avant ou en retrait selon ce qu’impose le moment.
Après cette entamée rugueuse, le groupe nous gratifie, évidemment, de ces longues ambiances planantes dont il a le secret. La fluidité des notes et des nappes qui se forment pour ravir nos oreilles n’ont d’égal que la maestria avec lesquelles elles sont présentées à nous. La grâce, la volupté, l’onctuosité même, seulement dérangée à intervalles réguliers par des actes de bravoure. Quand la fuzz se fait plus rageuse, quand le bassiste commence à plaquer plus méchamment ses accords, quand le batteur violente ses crashs, alors la magie opère et on touche au point culminant de ce que groupe peut offrir. On s’abandonne, on oublie le temps un instant bercé dans ce tourbillon confortable de mélodies douces et de fuzz moelleuse.
De “Aquamaria” à “We Are”, le groupe navigue dans sa discographie mais bien vite, on est bien trop perdu dans nos propres rêves intérieurs pour reconnaître les titres.
Un final triomphant et presque prog / kraut vient nous achever après plus d’1h30 de show. Colour Haze a conquis un public éclectique qui prouve que depuis l’avènement de Slift, Toulouse (et surtout sa jeunesse) s’est découvert une passion pour le psychédélisme et c’est de bon augure pour la scène. À nous de convertir ces masses à des sonorités plus lourdes et plus sales encore!
Last modified: 27 septembre 2022