Après avoir supporté la chaleur de la veille et un rythme endiablé de concerts, nous pensions que ce deuxième jour au Hellfest allait bien se passer, surtout que notre programme était plus léger. Nous n’étions juste pas prêts à trois degrés supplémentaires affichés au mercure… (PHOTOS : Sylvain Golvet – TEXTE : Yannick K. et Lord Pierro)
On attaque fort la journée avec Point Mort, l’ovni musical du week-end qui ouvre sous la Valley. Impossible de qualifier la musique du groupe tant les genres se télescopent, s’entremêlent et nous explose aux oreilles, telles les éructations de sa chanteuse. Une découverte en forme de coup de pied au cul que nous ne sommes pas prêt d’oublier. Comment revenir d’entre les morts après un tel set ? Facile, il suffit de filer voir Grade 2 où c’est la fête punk qui redonne le sourire et nous ramène à l’insouciance. Un bon set entraînant et débridé duquel on repart en sautillant.
On reste dans la bonne humeur communicative avec les texans de Duel et leur rock 70’s qui enflamme la Valley. Plus proto tu meurs. Des riffs qui vont bien avec le soleil de plomb déjà bien haut et qui font chavirer un public heureux d’être là. Un petit set parfait en ce samedi matin ! On quitte le groupe en gardant désormais à l’esprit que c’est de cette manière que doit sonner le revival 70’s !
Avec cette patate, on se dit qu’un petit aller/retour à la Warzone et sa sélection punk/HxC ne ferait pas de mal. Défenseurs de la culture oï, les parisiens de Lion’s Law ont le cœur à défendre un punk de rue à la française (certains titres sont fièrement scandés en français) que le public venu en masse, reprendra avec ferveur. Un dévouement et une intégrité exemplaire.
Mais pourquoi il manque la moitié de la batterie ? Et il n’y a qu’un pied de micro ? Ils se sont fait braquer leur van ou quoi ? Et non, The Picturebooks est un duo minimaliste qui prouve qu’il n’y a pas besoin de cinq semi-remorques de matos pour être efficace et se mettre le public dans la poche avec leur rock bluesy sympathique. Ça groove peinard, c’est sexy et preuve que même avec une mandoline, on peut moucher un parterre de stonerheads.
Alors qu’est-ce qui peut faire quitter l’ombre de la Valley pour aller sous le cagnard devant Knocked Loose ? Peut-être la promesse de voir les nouveaux darons du beatdown nous mettre une branlée sur une énorme scène. Mais entre la température qui avoisine les 40°C et l’agression sonore de la bande du Kentucky, j’abdique avant la fin et laisse les plus braves s’entrechoquer dans le pit. Après une ultime tentative de résistance en plein cagnard et malgré les canons à eau de la Warzone, c’est finalement un K.O. technique de vos serviteurs et une pause fraîcheur au camp pour retrouver des forces.
Deux heures après, nous reprenons le chemin de la maison Valley pour assister à LA raclée du jour. Le post-metal instrumental de Pelican est d’une telle force et joué avec une précision chirurgicale que nous en sommes totalement ébahis! Le son est sublime, massif ; la musique des Chicagoans nous pulvérise et éparpille nos esprits aux quatre coins de l’univers comme rarement un groupe instrumental n’en est capable! Pour une première venue, c’est un coup de maître et on espère vivement les revoir au plus vite!
Non content de cette branlée, impossible de faire l’impasse sur les patrons du NYHC Agnostic Front. 40 ans d’existence et un cancer pour le frontman Roger Miret n’ont aucune emprise sur le cinquième passage au Hellfest des New-Yorkais, pour ce qui sera un condensé d’énergie brute sans concession.
Alors que nous devions planer au son de OM, c’est finalement avec une joie immense que nous assistons au retour de Messa au Hellfest. Le souvenir de leur passage en 2019 est encore dans les esprits, tellement la performance avait été forte en émotions. Sauf que trois ans plus tard, les italiens ont engrangé de l’expérience et n’en sont plus à découvrir de telles scènes. Et la progression de leur jeu est aujourd’hui remarquable. Le set construit en piochant dans leurs trois albums (dont le petit dernier Close) est juste parfait et Sara est plus que jamais une frontwoman exceptionnelle, accompagnée par des musiciens d’un niveau technique dignes de virtuoses. Il nous faudra un bon moment pour redescendre de ce set magistral et réaliser à quel point nous avons assisté à une performance digne des plus grands.
Pourtant, après déjà deux grosses claques successives, et alors que la chaleur commence à retomber et nous laisser respirer, nous ne nous attendions pas à en prendre une troisième d’affilée, en prenant la direction de l’Altar et de Sepultura. Les icônes du metal sont de retour à Clisson pour leur (seulement) troisième venue, mais dès l’entrée en scène, on sait que c’est un set de patrons qui nous attend. Le son est plus dense que jamais, à la fois monstrueux et clair, et dès que retentissent les notes de Arise, l’Altar n’est plus qu’une fosse géante s’étendant jusqu’au stand de merch en face ! Après une première moitié de set variée, place au best-of et aux hymnes qui lanceront la furie totale : Propaganda, Chaos AD, Ratamahatta et bien sûr Roots, point d’orgue d’un concert magistral.
Complètement ahuri par cette performance 3XL, l’idée d’allerjusqu’à la Warzone où viennent pour la première fois les vétérans de la scène punk Social Distortion n’est pas sans nous déplaire, mais exténués par cette journée où les températures nous auront fait vivre l’enfer et des sets incroyables plein la tête, nous rendons les armes pour aujourd’hui.
Last modified: 13 juillet 2022