Atterrissage en France pour Slift après un passage par le Roadburn et le Desertfest londonien. C’est donc le retour de l’enfant prodigue, le trio par qui la France brille en ce moment dans les sphères heavy rock (je fais large), et bien ma foi, on est bien contents ! Car Slift c’est pas Space X : pour une somme modique, ça embarque tout le monde et ça part bien au-delà du système solaire, et pas sur d’en revenir (tant mieux). Allez, préparez vos bagages.
En attendant, petit encas sur le tarmac avec les Normands de You Said Strange. Eux aussi ont percé au-delà des frontières, notamment via un passage chez KEXP et un album produit par Peter G. Holmstrom des Dandy Warhols. Le son du quatuor les situe entre les hymnes réverbérés de Jesus & Mary Chain ou de Spiritualized et les escapades tendues de Squid. Et pendant ces 45 minutes de set, on sent le quintet aventureux et bosseur, mais un poil déférent et aussi un poil sage, derrière leur joli matos tout propre. Le résultat est tout de même plus fougueux et intense que sur disque, avec une alternance au chant et une variété de composition appréciable. Ce qui a pour effet immédiat de faire remuer nos petits corps.
Allez, fini de s’échauffer, passons aux choses sérieuses. Le Trabendo n’est pas le Desertfest belge : on croise donc ce soir une faune plus axée rock et psyché. Mais ce public n’est pas moins réceptif à l’évolution de Slift vers plus de lourdeur, et la fosse sera du début à la fin un maelstrom en fusion, renvoyant au groupe autant d’énergie que celui-ci nous balance. Et quelle énergie !
Instruments en bandoulière serrée et baguettes tendues, Slift lance la mise à feu avec « Ummon » (le morceau) pour propulser sa machine à riffs infernaux. 1h30 de voyage turbulent s’ensuit, entre hymnes à hurler et embardées rythmiques hypnotiques, ponctué de plages éthérées pour reprendre notre souffle. Les trois Toulousains commencent à bien maîtriser leur set issu en grande partie d’Ummon (l’album) et son effet est palpable sur un public toujours plus galvanisé.
Mais alors, en constatant une tel succès, on s’interroge tout de même sur l’avenir de Slift ? Ressentent-ils une certaine pression ? Difficile à dire, mais en tout cas ce soir elle ne transparaît pas franchement chez les trois compères, qui déroulent même de nouveaux airs avec une fougue égale, voire redoublée, le temps d’une jam ultra dense où la basse se lance dans des riffs carrément hardcore pour finir sur une résolution ultra lourde. On a hâte d’entendre ça à nouveau. Rendez-vous au Hellfest pour notre part !
Last modified: 5 mai 2022