Il y a des concerts qui se méritent. Et après deux ans de reports (au pluriel !), la venue de Russian Circles à Paris, interrompue pour cause de pandémie le 13 mars 2020, a bien lieu ce soir, et c’est limite si on y croyait encore. Alors oui, Torche a disparu de l’affiche, mais Helms Alee les remplace au pied levé pour reconduire la même affiche qu’à la Maroquinerie en avril 2015 (putain, sept ans !)
Alors, 7 ans plus tard, qu’est-ce qui a changé ? La taille de la salle déjà, et de voir un Bataclan bien rempli malgré les aléas des déprogrammations fait forcément plaisir. Et concernant les groupes ? Et bien pas tant de choses en fait. Restés tous deux attachés à l’écurie Sargent House, ils ont développé leur discographie avec des opus fidèles à leur style, sans révolution mais avec un attachement à leur formule qui a fait leur succès sans céder à des sirènes peut être plus vendeuses.
Helms Alee vient tout de même défendre ici un nouvel opus à paraître le 29 avril, à priori assez aventureux. Et c’est sur le single See Sights Smell Smells tout en tambours que le trio commence son set envoûtant. Toujours adepte des ruptures et du mélange des genres (sludge, post-metal, noise…) Helms Alee impressionne toujours par un son bien distribué : la basse ronde et puissante de Dana James, la guitare versatile et expressive de Ben Verellen, le tout maintenu par l’impressionnante colonne vertébrale de la batterie de Hozoji Matheson. Un trio multi-talent dont la cohésion se fait au chant, souvent alterné par chacun, parfois partagé à plusieurs, et c’est là que la magie opère. Visiblement heureux d’être sur scène, les trois compères nous comblent aussi.
Russian Circles sortira aussi un album en 2022, mais pour l’heure, s’étant mis en pause de live pendant 2 ans, il revient avec une setlist de l’époque dédiée à la défense de Blood Year, mais piochant aussi allègrement dans la disco du trio. Et celui-ci n’est pas venu nous ménager, avec cet ÉNORME son qui est le sien, et a décidé de marteler nos corps sans concessions en mettant de côté sa veine plus mélodieuse. Batterie en avant (et quelle batterie ! avec cette caisse claire à la puissance invaincue), les chicagoans empilent les nappes de plomb et embarquent toute la fosse dans leur temple sonique et mettent tout le monde en résonance. Rarement metal instrumental n’a sonné aussi clair, construit et impitoyable.
Issu d’Empros, Guidance, Station ou Memorial, chaque morceau déploie sa narration propre, accentué par un jeu de lumière expressif faisant la part belle aux ambiances sobres mais explosives. Peut-être peut-on regretter une setlist un peu monolithique, laissant peu de place au répit sur la longueur. Toujours est-il que les cavalcade de Youngblood achèvent parfaitement nos résistances pour un final en apothéose.
Last modified: 25 avril 2022