Attention, ceci n’est pas une chronique sur l’optimimse. Aujourd’hui on repart dans les terres du Nord pour se faire ravager la gueule par KAVRILA. Leur année 2021 aura été particulièrement chargée puisque leur EP « Rituals III » est sorti au printemps, et déjà ils remettent le couvert avec « Mor ». Le schéma reste le même : sur EP, on étire un peu les titres et on tire vers la dépression; sur album on fait dans l’expéditif et la rage. C’est donc un album de noise hardcore avec quelques touches de sludge et post-hardcore qui nous attend. Un opus concis de 10 titres pour 28 minutes au compteur. Croyez-moi, il n’en faut pas plus pour que la mandale laisse des marques !
Tu t’es bien étiré ? T’as fait craquer tes doigts et ta nuque? Alors on peut y aller. On commence par se prendre une bonne dose de riffs acérés, de tempos relevés et d’une voix plus crasseuse que jamais (mais parfaitement mixée) sur les 5 premiers titres. C’est homogène, on lorgne vers le hardcore le plus violent, sale et délicieusement dissonant même si déjà “Nebula” arbore des influences presque grungy et “The Facts” s’amuse avec des éléments plus sludge metal moderne. Une première partie d’album parfaitement exécutée, un défouloir qui laisse cela dit peu de place à la nuance ou la créativité.
C’est via l’excellent titre éponyme avec sa ligne de basse tendue et sa guitare presque sautillante qu’on évitera de tomber dans l’album unidirectionnel. Ne vous inquiétez pas ça ne durera pas car le côté coreux reprend vite ses droits avec des chœurs typiques du genre. Étrangement, le titre se permet pourtant aussi des envolées mélodiques de guitare qui renvoie aux influences plus stoner grunge du groupe.
Et que dire de « Flay » qui démarre comme un titre de punk hardcore décérébré mais se permet aussi bien des excursions black métal que des leads guitares léchées et cachées tout au fond du mix. Ce qui aurait pu tourner vite au joyeux bordel est ici complètement cohérent. Une vraie pépite. On notera aussi l’influence Infectious Grooves plus qu’ inattendue sur « RIP ». Enfin, « Retribution » vient clore l’album en nous rappelant que Kavrila n’est pas un groupe de coreux bas du front. De la mélodie et la construction pour une ambiance prenante et subtilement malsaine et une lourdeur que l’album ne nous avait pas encore offert.
« Mor » poursuit l’œuvre de Kavrila avec un album plus subtil et riche que la première écoute ne le suggère. Avec un son et un style affirmé, coincé quelque part entre hardcore, sludge, post-hardcore, grunge, black et doom pour un mélange finalement pas si commun, Kavrila nous offre un excellent album pour finir l’année et affronter l’hiver mais pensez à mettre un shot dans le chocolat chaud quand même.
Last modified: 14 décembre 2021