KAVRILA, c’est le ciel gris et lourd d’Hambourg par un soir d’automne. C’est cette impression que rien ne va, c’est cette rage nihiliste empruntant autant au grunge, au sludge qu’au post-punk, et à tout ce qui a pu un jour être étiqueté hardcore. C’est aussi une honnêteté sans faille. Une production rudimentaire et efficace, sans grands artifices, sans grandes envolées, sans concessions.
Kavrila nous revient avec la dernière partie du triptyque « Rituals ». Si le premier posait un décor gras et violent, le second augmentait en intensité jusqu’à frôler le too much, ce troisième volet a le dur devoir de conclure l’histoire. Et, spoiler : c’est toujours aussi bon. Ici encore, le groupe nous prouve qu’il n’est nul besoin de formules alambiquées pour sortir une œuvre puissante et personnelle.
Dans la lignée des précédents EP, celui-ci semble toutefois plus maîtrisé. Moins fouillisc, moins brut, mais toujours aussi authentique. Ne vous inquiétez pas, le dépressif qui sommeille en chacun de vous aura le droit à un panel de noirceur. L’EP propose aussi, ici ou là, une petite pointe d’espoir faussement optimiste. Distillée sobrement par des progressions harmoniques moins dissonantes ou par une rage salvatrice et défouloir, cette positivité toute en nuance ne semble jamais exagérée. On pense à « Equality » et son hardcore presque enjoué, mais aussi aux alternances d’ambiances savamment orchestrées de « Elysium ». En usant astucieusement de ses lead guitares tantôt harmonisées à la Baroness, tantôt noisy et brumeuses comme une fin de soirée arrosée à l’Astra, le morceau conclut parfaitement l’EP avec ce cri du cœur viscéral résonnant dans nos âmes : Elysium.
Du haut de ces seize minutes, « Rituals III » est l’EP le plus long de la trilogie sans souffrir d’aucun temps mort, et concluant ainsi le triptyque brillamment. Cette formule de l’EP réussit particulièrement bien à Kavrila, qui peut ainsi proposer des sorties régulières sans jamais devoir remplir avec des pièces de moins bonne qualité (même si leur unique album était aussi une jolie claque). On en ressort toujours en demandant une autre tournée de tartes dans la gueule et croyez moi, c’est un gage de qualité.
Attention: ceci n’est pas la bande son d’un printemps et d’un été qui chante. Si vous n’êtes pas familier avec le combo nord-allemand, attendez le prochain orage pour lancer l’écoute !
Last modified: 15 avril 2021