Déjà leur quatrième album, celui-ci en rupture totale avec le heavy blues très classique des trois premiers : serait-ce l’album de la crise d’identité pour le trio espagnol EL LOBO EN TU PUERTA ? Ajout de claviers, samples et mêmes scratches, ça sent le fourre-tout à plein nez et l’album foutraque cette affaire — voire le racolage de nostalgiques des 90’s dont je fais partie bien entendu, vieux con intransigeant quant à l’apparition soudaine d’influences de la meilleure décennie musicale.
Rien qu’avec cette intro, je suis sûr d’avoir perdu la moitié des auditeurs potentiels. Dommage, parce que les Espagnols ne sont pas un énième groupe noise qui ajoute n’importe quoi n’importe où pour faire arty et se la péter en costards dans des galeries. Et heureusement, sinon je ne perdrais pas mon temps à en parler ! Non, ce que les Ibères nous ont concocté est plutôt une fusion des genres qu’ils affectionnent, comme aux plus belles heures des 90’s, qu’ils ont laissé sortir de leurs tripes en guise de gros « fuck you ! » à 2020 et ses merdes à répétition, se lâchant complètement, comme si avec le néant approchant ils n’avaient plus rien à perdre.
Mais loin de sonner désespéré et encore moins abattu, EN LOBO EN TU PUERTA poursuit ses petites bidouilles qui ont participé à son identité, comme en ajoutant des effets sur les voix, et l’intro de « Madre » en ouverture de la galette se rapproche presque d’un Jane’s Addiction des grands soirs, avant de filer vers une bourrade punk à faire trembler les murs et tout ce qui se trouve aux alentours.
Une fois l’ambiance installée, plus de retour en arrière, le loup est entré dans la bergerie et va se régaler : c’est l’heure du carnage ! On se jette les uns sur les autres, cul par-dessus tête, ça slamme du sol au plafond, les amplis dégueulent les décibels et saturent l’air de son, le groupe continue d’appuyer sur l’accélérateur jusqu’à ce que le compte-tours explose et que la machine en ait le capot qui fume. Mais quand est-ce qu’ils vont ralentir ? En fait jamais, on se reposera quand on sera mort ! Et juste après avoir envoyé la bagnole dans le mur, ils montent dans un bulldozer (« La llamaban nadie ») pour finir d’abattre les ruines de nos réticences à se lâcher totalement et définitivement.
Ça pète fort, si fort, que je suis désormais accroc à ces décharges d’adrénaline, distillées non pas en doses homéopathiques inutiles mais enfoncées dans la gueule jusqu’au gosier par un gorille sous acide se prenant pour le DJ de la bande son de l’apocalypse. Allez, monte, j’t’emmène faire un tour, on va s’éclater !
Last modified: 15 décembre 2020