Pour ce 33ème épisode, les Stoned Orgies ont poursuivi dans l’éclectisme et l’inédit, en faisant venir deux groupes italiens : les énervés DISCOMFORT et surtout, la sensation doom MESSA. (PHOTOS : Meo)
Malgré le beau temps, le public ne tarde pas à investir les lieux et profite de la première tournée de bières artisanales de Headbang Brewery. Petit étonnement : le fait d’avoir deux groupes aux styles très différents attire aussi deux publics distincts, ce qui fera le succès de la soirée.
Ce soir c’est DISCOMFORT qui ouvre les hostilités, avec une sorte de crust bien acéré. Face à un public compact, le groupe démarre pied au plancher et enchaîne ses brûlots, mélange de hardcore sale, de blast beat, de grind, comme si converge et Napalm Death avaient décidé de faire un split. Il y a des fans dans la salle et ça bouge gentiment alors que l’ultra violence dégagée par la musique du groupe aurait dû lancer un méchant circle pit.
Ces réactions polissées ne découragent pas le groupe qui se donne à fond jusqu’au bout du set. Une raclée en bonne et due forme qui aura surpris les habitués des Stoned Orgies mais ne les a pas fait fuir non plus, ce qui est un bon signe de la qualité des groupes et de la capacité d’ouverture de l’auditoire.
Mais ce soir, les adeptes de la bûche sont venus pour MESSA, jeune groupe de scarlet doom, qui fait la promotion de son superbe deuxième album Feast For Water, sorti récemment. Qu’est-ce donc du scarlet doom ? C’est l’étiquette auto-définie par le groupe, mélange de tellement de styles et d’influences qu’il serait fastidieux de les lister. Ce qui m’a d’abord surpris, c’est la puissance de la voix de Sara : dès les balances, entendre ses vocalises a interloqué toutes les personnes présentes en bas, croyant que la porte était ouverte, mais il n’en était rien.
Alors quand débute le set, tout le monde se presse pour assister à cette première nantaise. Le son, toujours nickel à Michelet, permet au groupe de retranscrire fidèlement leurs enregistrements et c’est exceptionnel vu la complexité de leurs morceaux. Ces gars sont des virtuoses (vu leur jeune âge, je soupçonne un background classique) mais ce qui crée toute l’alchimie et rend l’ensemble original, c’est la voix. Sara, telle une sirène chantant pour attirer les navigateurs à ses pieds, est capable de modulations au fil des chansons et au sein même de certaines, qu’aucun autre groupe n’en a montré jusqu’à aujourd’hui.
Cette voix, en se posant de manière inattendue sur des passages énervés ou ambients, est le plus beau des instruments dont Messa dispose, un peu comme Chelsea Wolfe, mais dans un registre beaucoup moins déprimant ! Sara nous envoute, nous tient en haleine, on reste suspendu à ses lèvres, pendant que le reste des musiciens continuent d’envoyer les riffs.
C’est un spectacle magnifique qui nous est donné de voir ce soir et le temps file sans que l’on s’en aperçoive, le set s’achevant tel un rêve s’évanouissant au réveil. Mais ça n’était pas un rêve. Nous avons bel et bien assisté à un concert exceptionnel et si le groupe continue de faire sa propre musique sans se soucier des effets de mode, il se pourrait bien que Messa devienne vite un groupe incontournable et qu’on les revoit prochainement. Merci à Stoned Orgies, Dead Pig Ent., Headbang Brewery et la Scène Michelet pour ce concert qui va rester dans les mémoires.
Last modified: 29 mai 2018