Deux mois sans soirée Make It Sabbathy, ça paraît très long ! Je commence donc ce début d’année avec un plateau d’apparence assez modeste (et j’insiste bien sur « d’apparence », car on est désormais habitués à ressortir du Void avec des étoiles plein la tête et de l’amour plein le coeur et les oreilles…). Ce soir, les quatre suédoises de MAIDAVALE semblent avoir ramené le froid depuis leur beau pays, mais c’est aux montpellierains de DENIZEN qu’incombe la difficile tâche de chauffer une salle déjà bien remplie de curieux (et pour une fois pas que des habitués, alors que nous sommes en pleine semaine, ce qui est une bonne chose !). (ILLUSTRATION : Razort)
Les quatre gaillards à l’accent chantant de DENIZEN n’attendent pas un instant pour commencer à asséner de grosses notes en pagaille, à la chaîne, quitte à la jouer assez classique. C’est efficace, sans pour autant être d’une originalité incroyable, mais ça suffit à échauffer un peu la nuque. Plus les titres défilent, plus je trouve leur son… « pâteux ». Ca grésille d’une façon très satisfaisante, les basses nous enveloppent peu à peu, et des notes lointaines se détachent bientôt de ce corps lourd et testostéroné plein de fuzz. Le chanteur vient dans la fosse hurler au visage de quelques malheureux, mais ces derniers semblent réjouis. Le calme s’installe parfois entre deux réaccordages, mais c’est probablement parce que nous sommes de plus en plus sonnés devant cette machine à riffs, et impatients d’en entendre d’avantage. Vers la fin de leur prestation, je note un chant totalement noyé dans la reverb qui me fait méchamment penser à Black Rainbows, en moins astral et plus agressif. Une très bonne mise en bouche et une chaleur dégagée plus que bienvenue vu la température de la salle !
Place aux quatre suédoises MAIDAVALE, qui semblaient bien timides avant de monter sur scène. Après avoir survolé leur discographie, je m’attendais – comme probablement beaucoup de gens ce soir – à me retrouver face à un groupe de rock 70’s assez gentil et classique, inspiré par Blues Pills ou Graveyard… Mais dès les premières notes je comprends qu’il n’en est rien ! De grosses basses envoûtantes, des rythmiques tribales, des solos ésotériques, et la voix d’une chanteuse possédée donnent plus l’impression d’être devant un Coven nordique dans leurs belles années. La timidité s’efface, mais le sérieux demeure : c’est carré, extrêmement bien exécuté, une ambiance à la fois inquiétante et charmante se dégage peu à peu comme la fumée d’un bâton d’encens qu’on vient d’allumer.
Ces Amazones scandinaves officient cependant aussi dans des thématiques plus légères et bluesy, nous réveillant efficacement entre deux titres plus stoner, lents et ensorcelés. Je ne suis pas un expert, alors si quelqu’un peut m’éclairer sur le style de danse de la chanteuse je suis preneur… Je n’ai jamais rien vu de tel, ses gestuelles semblent invoquer des esprits de toute part, et le timbre de sa voix (que je rapprocherais presque de celui de Grace Slick de Jefferson Airplane) se mêle parfaitement à la pénombre et l’atmosphère du Void… Le public est sous le charme, peut-être d’autant plus que les formations 100% féminines se font trop rares (à part Girlschool je n’en connais pas d’autre dans le milieu…). C’est à la fois rafraichissant et chaleureux, tout le monde réclame instantanément un rappel lorsqu’elles quittent la scène, pour revenir aussitôt avec un ultime titre qui sonne comme un bon coup de pied dans la scène stoner actuelle (ainsi que les parties intimes de certains lourdeaux qui n’auraient semble-t-il pas tenu leur langue ce soir-là !).
Pour ma part je n’ai rien entendu d’autre qu’une ode au psychédélisme dans un registre wicca. Terriblement efficace, un voyage dans le temps et dans les forêts de Suède durant une heure. A ne louper sous aucun prétexte si vous les voyez passer près de chez vous ! Je n’ai d’autre mots pour exprimer mon amour pour ce genre de soirée et de groupes, qui vous font repartir une fois encore avec des papillons dans le ventre et des bourdons dans les oreilles… alors je m’exprimerai juste avec une illustration en guise de conclusion.
Last modified: 16 avril 2018