De retour à Paris deux ans après leur passage à la Maroquinerie, RUSSIAN CIRCLES se délocalise cette fois au Trabendo, et le fait bien par ailleurs, vu comment la salle est plein à craquer. Le groupe débarque pour défendre Guidance, un album de qualité qui signe un retour vers un son plus lourd, mais pas moins fin pour autant. Accompagnés de CLOAKROOM sur cette tournée et par DIRGE pour ce concert parisien, les maîtres du post-metal instrumental sont prêts à nous retourner la tête.
Mais d’abord, place à DIRGE. Formé en 94, le groupe a évidemment du métier et ça se sent. Une classe non forcée se dégage du quatuor, qui est clairement là pour créer et incarner ses ambiances plombées. Chaque morceau propose son petit monde sonore, qui est développé grâce à quatre musiciens talentueux creusant un tapis sonore à la fois langoureux et froid, et chassant clairement sur les terres de Neurosis. Il n’y a plus qu’à se laisser transporter. Clairement, de la première partie haute qualité.
Changement d’ambiance pour CLOAKROOM : on parcourt ici des terres indie rock très 90’s, boostées au gras lors d’éruptions de fuzz. Cela dit, cette ambiance emo shoegaze se révèle assez fatigante sur la longueur, notamment à cause d’un projet mélodique assez flou (« Ça sonne faux là ? Oui ça sonne faux. Et là aussi tiens. ») ainsi que d’un mid-tempo très répétitif tout du long. Néanmoins, belle surprise finale que cette reprise façon quiet/loud du « Farewell Transmition » de Song:Ohia, ça fait plaisir.
C’est dans la pénombre et la fumée que RUSSIAN CIRCLES arrive sur scène, comme à son habitude. L’idée, c’est de tout miser sur le son et son développement – pas de chant, jamais vraiment de solos ou d’instrument mis en avant chez eux. Le set comme leur musique se veulent avant tout narratifs. La délicate intro d’ »Asa » laisse vite place à cet incroyable mélange de styles pourtant cohérents, qui s’enchaînent au gré du lien rythmique avec ce batteur exceptionnel qui cimente le tout. La suite se concentre sur les trois derniers opus avec quelques incartades piochées dans Station (2008). On se laisse porter et de fait, on ne soupçonne pas l’incroyable technique que demande cette musique exécutée à trois, mais qui nécessiterait presque le double d’effectif, demandant une grosse discipline à base de pédales, de boucles, de clavier de pieds. Un travail d’orfèvre par des storytellers hors-norme.
Last modified: 8 novembre 2017