PSYCHED GATHERINGS : Karma To Burn + Bang! + Ecstatic Vision + Goatess + Domadora (Paris, 24.04.16)

Written by Live

Une salle, six groupes, six ambiances, c’est le plateau proposé ce soir par les Stoned Gatherings pour une soirée axée sur le psychédélisme sous toutes ses formes : les PSYCHED GATHERINGS. Préparez les buvards, sortez les chemises à fleur : ça va voyager dans vos têtes, avec des performances hautes en couleur de Karma To Burn, Bang!, Goatess, Ecstatic Vision et Domadora.

Bon, l’inconvénient avec les plateaux fournis c’est que ça commence tôt, je rate donc Sons of Morpheus, désolé pour eux. On commence ainsi ce Psyched Gatherings avec DOMADORA. Après une prestation sympathique mais un peu timide en première partie de Baroness début mars, j’avais hâte de revoir le trio parisien défendre son nouvel album. Et cette fois-ci en terrain connu, on les sent plus maîtres de leur son. Un son assez énorme d’ailleurs, qui lance à merveille les hostilités et qui prendra encore de l’ampleur au fil du set grâce à leur sens du rythme et de la narration. On passe donc de purs moments de fuzz à des accalmies classieuses pour finir encore plus fort dans un déluge de notes hallucinées. L’un des meilleurs représentant de l’école du jam prouve encore une fois la maîtrise instrumentale de ses membres.

Mené par Christus Linderson au chant, personnalité du doom ayant oeuvré chez Saint Vitus ou Lord Vicar, GOATESS vient présenter ce soir son deuxième album d’occult doom. Mais de l’occult doom à leur sauce. Une sauce plus longue et fine en bouche qui n’hésite pas à parcourir des horizons plus stoner, plus langoureux voire plus expérimentaux. Rien de quoi décontenancer les fans non plus et les vieux réflexes ont la vie dure, comme ceux du fan n°1 du groupe collé à la scène, qui aura levé le poing pendant 45 minutes, comme s’il s’agissait du concert de sa vie. Ce n’était probablement pas le cas pour nous car la prestation était un peu ternie par un volume de voix un peu faible pour un groupe qui en fait un de ses atouts majeurs. Mais peu importe, on parle là du 3ème groupe sur une programmation de 6 et la qualité est bien là, ce qui donne un indice de la qualité du plateau.

Alors là, si l’on peut encore avoir un certain doute sur le caractère psyché pour un groupe comme Karma To Burn en tête d’affiche ce soir, ce n’est pas DU TOUT le cas pour ECSTATIC VISION qui en poussent les potards à 11. Chemises bariolées, saxophones, chapeaux qui volent : tout est là ! Et c’est tant mieux parce que niveau oreilles aussi les potards ont été poussés et un déferlement de rythmes lysergiques s’abat sur nous. (Petit regret tout de même : une tendance au guitariste à régler son ampli beaucoup trop fort et à piquer de l’espace sonore à ses petits camarades. Pas très sport tout ça.) Allez, pourquoi pas une petite intro de flûte aussi ? Ca ne fait pas peut aux petits gars de Philadelphie qui lâchent tout sur Astral Plane, leur morceau de bravoure qui puise dans le krautrock le plus aussi robotique mais aussi dans l’afro beat bien dansant via un batteur très efficace dans ses petites touches de percussions chaloupées qui agrémentent son groove. Et puis qui dit rock chauffé à blanc et saxophone dit Steve MacKay ! Et banco : le final sera donc un hommage bruitiste aux musicien décédé 6 mois plus tôt avec une reprise de TV Eye tout à fait à propos.

Concert évènement ! BANG!, groupe mythique de la scène heavy 70’s est bien là ce soir, sur la scène du Glazart. Mais pas de pression, pas de comportement de divas, c’est bien dans une ambiance à la cool que les deux Frank de Philadelphie arrivent pour régaler le public. Sourire aux lèvres et groove au manche, c’est parti pour 45 minutes de force tranquille. Pas de mur de son ni d’effets dans tous les sens mais un rythme simple mais riche et plein d’espace mâtiné de riffs heavy et d’arpèges bluesy. Mine de rien, un petit charme anglais se dégage des américains, à l’image de la coupe de douille et du col roulé du guitariste. Car derrière le heavy sabbathien (ça reste assez flagrant) se cache quelques envies de prog folk et d’harmonies vocales surprenantes mais jamais incongrues comme sur le mythique Questions. Groupe ravi, public aux anges : come back réussi !

KARMA TO BURN est l’un des groupes du circuit parmi les plus présents sur les scènes françaises. Depuis 2009 j’ai dû les voir 6 ou 7 fois et encore, j’en ai raté. On peut ajouter à ça une production discographique en perte de qualité et un line-up à roulement régulier depuis quelques temps (hors William Mecum et sa casquette vissée à la tête). Bref, que peut-on vraiment attendre d’un set de KtB en 2016 ? Pas grand chose en vérité. Et pourtant… Oui, le trio a bien décidé de nous remettre à notre place avec quelques mandales bien placées. Les numéros s’enchaînent et les premiers rangs sont comme fous. Slams, pogos et bras en l’air : c’est la grande récré. Le line-up actuel est certes moins fun à contempler que l’historique mais leur niveau n’a pas à l’envier. Il y a évidemment quelques petites baisses de régime sur les nouveaux morceaux, dont la structure et les riffs rappellent trop souvent les hymnes mythiques du groupe. Et puis le matériel fait aussi des siennes avec une guitare hors service au 2/3 du set, ce qui à priori  écourtera un peu le show vu l’énervement de Mecum. Mais peu importe, ce final, certes peu psychédélique, possédait l’énergie terre à terre qui nous a bien remis les idées en place.

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Last modified: 1 septembre 2016